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BELLINI, Norma – Toulouse

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Spectacle
27 mars 2025
Deshayes la tragédienne

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en deux actes, sur un livret de Felice Romani, d’après la tragédie d’Alexandre Soumet Norma ou l’Infanticide.
Création le 26 décembre 1831 à Milan (Teatro alla Scala)

 

Détails

Mise en scène
Anne Delbée
Décors
Abel Orain, Hernán Peñuela
Costumes
Mine Vergez
Lumières
Vinicio Cheli
Sculpture
Augustin Frison-Roche, Vincent Lievore

Norma
Karine Deshayes
Adalgisa
Chiara Amarù
Pollione
Luciano Ganci
Oroveso
Roberto Scandiuzzi
Clotilda
Anna Oniani
Flavio
Léo Vermot-Desroches
Le Grand Cerf Blanc
Emmanuel Barrouyer

Chœurs de l’Opéra national du Capitole
Orchestre national du Capitole
Direction musicale
José Miguel Pérez-Sierra

Toulouse, théâtre du Capitole
Mercredi 26 mars 2025, 20h

Prochaines représentations : 28, 29, 30 mars, 1, 2, 4, 5, 6 avril 2025

Reprise au Capitole de Toulouse de la production d’Anne Delbée, créée in loco en 2019. A l’époque c’est Marina Rebeka qui triomphait dans le rôle-titre et Karine Deshayes était son Adalgisa. Cela faisait longtemps toutefois qu’on avait proposé à la mezzo française de tenter le grand saut et de se confronter à l’un des rôles les plus éprouvants du répertoire belcantiste. Finalement Karine Deshayes s’est laissée convaincre et sa prise de rôle s’est faite progressivement ; d’abord en version de concert au Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence en 2022, et puis la scène, Strasbourg en premier dans une mise en scène de Marie-Eve Signeyrole puis Marseille, Bordeaux et maintenant Toulouse, à chaque fois dans la proposition d’Anne Delbée. Nous n’arriverons pas à dire grand-chose d’enthousiasmant de cette mise en scène, dont nous avons eu beaucoup de mal à saisir les tenants et les aboutissants ; c’est tout de même rare qu’on ressorte d’un spectacle avec plus de questions que de réponses. Qui nous dira ce que vient faire ce grand cerf blanc (la très belle – esthétiquement parlant – scène introductive nous fait subrepticement penser à l’univers shakespearien du Songe d’une Nuit d’été !) qui, de plus, plaque ça et là sur la musique des propos aussi abscons qu’irritants ? Qui nous dira l’intérêt de représenter les deux enfants de Norma soit par des projections vidéos, soit par leurs vêtements ou leurs jouets ? Qui nous dira enfin, et nous nous arrêterons là, à quoi peut bien servir ce plan incliné que chacun des personnages monte et descend à l’envi et qui, dans la scène finale, se redresse tel un pont levis pour découvrir une barque, la barque de Charon peut-être, qui, faute de bûcher, conduira Norma et Pollione aux Enfers ?


© Mirco Magliocca

Laissons cela, l’essentiel est ailleurs. Chez Bellini du reste, l’essentiel c’est la musique et en ce soir de première la musique est première servie.
On sait bien qu’il y a trois rôles à tenir dans Norma ; allez, disons qu’il y en a quatre, mais en réalité, il n’y en a qu’un. C’est le rôle des rôles belcantistes, capable de broyer des voix, de consumer les plus folles énergies ; Karine Deshayes s’en empare ce soir et en vient à bout sans coup férir. On se surprend à répéter que Deshayes atteint maintenant la plénitude de sa voix – on le dit depuis si longtemps. Ce soir l’ambitus est sidérant, les suraigus plantés comme des poignards, sans failles ni tremblements. La technique est époustouflante grâce à laquelle elle vient à bout du « Casta Diva » et de sa cabalette à suivre, grâce aussi à un trésor de technique et d’ingéniosité qui lui permet de passer (et non de contourner) tous les obstacles de ce monument qui nous prend tous à froid. La tessiture est celle d’un soprano mais la couleur, dans les graves, est bien celle d’un mezzo. Et c’est ce grave qui confère à Deshayes, outre la gestuelle maîtrisée et le port magistral, tout ce que l’on demande à une tragédienne. Norma est, avec elle, de fait une indicible tragédie, qui nous force à crier au fou quand le couple maudit finit par se sacrifier. Pour rendre tout cela crédible il nous faut une héroïne tragique : Karine Deshayes l’est ce soir. Pleinement tragédienne et tellement héroïque. Le public ne s’y trompe pas et lui réserve une ovation qui n’a surpris personne.
Nous découvrons ce soir le formidable ténor de Luciano Ganci en Pollione qui nous a donné quelques frayeurs dans la première partie de son « Meco all’altar di Venere » un tout petit peu débridée. Tout rentre dans l’ordre avec la reprise et l’on ne peut qu’admirer la force de la projection, la clarté de l’émission et, tout au long de la pièce, le soin particulier porté aux récitatifs. Quel bonheur que ce ténor qui se donne sans compter mais qui devra tout de même faire attention à mesurer ses efforts. Chiara Amarù est une Adalgisa qui se veut dans l’ombre de Norma ; le mezzo est un peu timide au I, beaucoup plus épanoui et autoritaire au II ; il met en valeur un timbre très séduisant avec ce qu’il faut de mystère pour entretenir les doutes quant aux désirs réels de la jeune prêtresse. Les deux duos Norma-Adalgisa des deux actes resteront de beaux moments de la soirée, tout comme le trio avec Pollione à la fin du premier acte. Il revient à Roberto Scandiuzzi (Oroveso) la tâche de débuter le premier acte par le redoutable « Ite sul colle », ce dont il s’acquitte fort bien grâce à une basse chantante, et un cantabile bien maintenu y compris dans le forte. Le chef espagnol José Miguel Pérez-Sierra fait ses débuts dans la fosse du Théâtre du Capitole. La première partie de l’ouverture est prise extrêmement lentement (sans qu’on y ait trouvé plus loin de justification) ; Pérez-Sierra fait corps avec des musiciens (magnifique quatuor de vents : flûte, piccolo, hautbois, clarinette) une fois de plus irréprochables ce soir. Tout aussi irréprochables les chœurs d’hommes et de femmes dont l’enthousiasme et l’énergie les ont poussés parfois à couvrir l’orchestre !

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Opéra en deux actes, sur un livret de Felice Romani, d’après la tragédie d’Alexandre Soumet Norma ou l’Infanticide.
Création le 26 décembre 1831 à Milan (Teatro alla Scala)

 

Détails

Mise en scène
Anne Delbée
Décors
Abel Orain, Hernán Peñuela
Costumes
Mine Vergez
Lumières
Vinicio Cheli
Sculpture
Augustin Frison-Roche, Vincent Lievore

Norma
Karine Deshayes
Adalgisa
Chiara Amarù
Pollione
Luciano Ganci
Oroveso
Roberto Scandiuzzi
Clotilda
Anna Oniani
Flavio
Léo Vermot-Desroches
Le Grand Cerf Blanc
Emmanuel Barrouyer

Chœurs de l’Opéra national du Capitole
Orchestre national du Capitole
Direction musicale
José Miguel Pérez-Sierra

Toulouse, théâtre du Capitole
Mercredi 26 mars 2025, 20h

Prochaines représentations : 28, 29, 30 mars, 1, 2, 4, 5, 6 avril 2025

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