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BIZET, Carmen – Strasbourg

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Spectacle
6 avril 2023
Tous parfaits sauf une…

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en quatre actes de Georges Bizet

Livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée

Création le 3 mars 1875 à Paris (Opéra-Comique)

Détails

Carmen

Elena Maximova

Don José

Michael Spyres

Micaëla

Elsa Dreisig

Escamillo

Alexandre Duhamel

Frasquita

Florie Valiquette

Mercedes

Adèle Charvet

Moralès

Thomas Dolié

Zuniga

Nicolas Courjal

Le Dancaïre

Philippe Estèphe

Le Remendado

Cyrille Dubois

 

Chœurs de l’Opéra national du Rhin

Chef de chœurs

Hendrik Haas

Maîtrise de l’Opéra national du Rhin

Chef de chœurs

Luciano Bibiloni

Orchestre Philharmonique de Strasbourg

Direction musicale

Aziz Shokhakimov

 

Strasbourg, Palais de la Musique et des Congrès, Salle Érasme, mardi 4 avril 2023, 20h

On attendait avec impatience le retour de Joyce Didonato et du chef John Nelson dans la capitale alsacienne pour une nouvelle expérience conjointe avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, pour un opéra en version de concert aboutissant à la sortie d’un disque. Après Les Troyens, La Damnation de Faust et Roméo et Juliette de Berlioz, John Nelson souhaitait aborder Carmen et avait réussi à convaincre la belle mezzo américaine de s’atteler à la prise de rôle. Las, des raisons de santé ont obligé John Nelson à renoncer au projet et sans son compagnon de route, Joyce DiDonato a elle aussi jeté l’éponge. Si le projet de disque est pour le moment ajourné, les deux concerts initialement prévus ont été maintenus, avec le reste de la distribution intact. Pour remplacer le chef, il était assez naturel de faire appel au directeur musical et artistique du Philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov, d’autant que ce dernier a commencé sa carrière avec Carmen, à l’âge de 19 ans à peine… Et pour le rôle principal, c’est Elena Maximova qui a accepté de reprendre le flambeau, en routinière d’un rôle qu’elle a interprété à Vienne, Florence, Palerme, Munich, Covent Garden, etc.

Et c’est une belle réussite à laquelle on a droit avec des moments exceptionnels de beauté et d’émotion, avec toutefois un bémol plus ou moins de taille : si les interprètes sont tous parfaits, il en est une qui n’emporte pas unanimement l’adhésion et c’est précisément… Carmen. Il faut croire que la magie, ce soir, a du mal à opérer. Que reprocher à la mezzo russe ? Son phrasé et sa diction ? Certainement pas. Ses aigus ou intonations ? Non plus, la caractérisation du rôle est là, pleine de morgue et de superbe, voire de mépris. Et c’est peut-être là où le bât blesse. Difficile d’être séduit par cette distance et cette absence de séduction qu’on ressent, comme un vague manque de ce je-ne-sais-quoi qui empêche de tomber amoureux. On s’en console néanmoins avec les épanchements généreux et expressifs des autres interprètes, Elsa Dreisig en tête, en magnifique et noble Micaëla. Son grand air du 3e acte lui vaut une longue salve d’applaudissements, tant la jeune femme affiche une santé juvénile doublée d’un courage et d’une détermination auréolée de pureté qui transfigure son rôle. Difficile de ne pas entrer en totale empathie avec la jeune héroïne, tant le timbre est lumineux et les accents sincères. Le très attendu Michael Spyres est impeccable en Don José, chez qui il réussit à apporter nuances et subtilité, tant dans la passion aux débordements contenus que dans les affres de la jalousie dont il parvient à rendre palpables la souffrance aigüe. Le ténor américain est cependant à la limite de l’apoplexie lorsqu’il vocifère son « Démon » à l’encontre de Carmen ; l’auditeur, lui, est collé à son siège, plus du tout impressionné par la performance vocale, tant elle paraît évidente de facilité, mais à l’unisson d’un pauvre soldat qui nous entraîne dans sa chute. Alexandre Duhamel nous offre en beau contrepoint un Escamillo noble et intensément présent, tout en nuances, avec un phrasé superbe.

 

© Nicolas Roses

Quant au reste de la distribution, il est de la meilleure eau, avec des rôles secondaires tenus par des interprètes de premier plan, formidable plateau de luxe dont on se délecte avec gourmandise. Ce qui nous vaut des numéros percutants où chacun sait tirer son épingle du jeu en magnifiant la moindre intervention et nous offrant des duos, trios, quatuors ou ensembles de toute beauté. Florie Valiquette et Adèle Charvet, respectivement Frasquita et Mercedes, rivalisent d’effets brillants avec autorité, gitanes expertes en flamenco plus vraies que nature. Chez ces messieurs, on est charmés par tout ce battage, avec deux brigands imposants de fripouillerie assumée avec brio chez le Dancaïre et le Remendado, alias Philippe Estèphe et Cyrille Dubois, excusez du peu. Pour les représentants de l’ordre, en respectant la hiérarchie, Thomas Dolié est un brigadier aussi zélé que possible à qui l’on ne saurait blâmer sa diction impeccable et son jeu idoine, nous gratifiant au passage de récitatifs rarement donnés au début du premier acte. Son supérieur, la basse Nicolas Courjal, dans le rôle du lieutenant, rivalise avec les stars de cette histoire dans sa facilité dans tous les registres, son pouvoir de persuasion et ses coups de gueule. Chacune de ses apparitions est un pur régal.

 

Venus amplifier et sublimer encore ces voix, les chœurs de l’Opéra national du Rhin répondent systématiquement à l’appel, magnifiques tant dans la diction que dans l’ampleur de leurs interventions, même si descendre les escaliers périlleux du fond de scène du Palais de la Musique et des Congrès relève de la performance, heureusement sans casse. Ils sont opportunément épaulés par la Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, merveilleusement entraînés et angéliquement présents.

 

Enfin, il faut saluer l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg où les pupitres se mettent mutuellement en valeur, parfois menés tambour battant dans un rythme alerte, voire haletant, par leur chef, décidément très à l’aise avec cette partition. Toujours au service des chanteurs mais en équilibre admirable, l’orchestre est à son meilleur. Tout cela a bien failli être totalement parfait…

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Opéra en quatre actes de Georges Bizet

Livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée

Création le 3 mars 1875 à Paris (Opéra-Comique)

Détails

Carmen

Elena Maximova

Don José

Michael Spyres

Micaëla

Elsa Dreisig

Escamillo

Alexandre Duhamel

Frasquita

Florie Valiquette

Mercedes

Adèle Charvet

Moralès

Thomas Dolié

Zuniga

Nicolas Courjal

Le Dancaïre

Philippe Estèphe

Le Remendado

Cyrille Dubois

 

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Chef de chœurs

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Luciano Bibiloni

Orchestre Philharmonique de Strasbourg

Direction musicale

Aziz Shokhakimov

 

Strasbourg, Palais de la Musique et des Congrès, Salle Érasme, mardi 4 avril 2023, 20h

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