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MASSENET, Cendrillon — Paris (Opéra Comique)

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Spectacle
5 mars 2011
Un oubli réparé

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Jules MASSENET (1842-1912)

Cendrillon

Conte de fées en quatre actes

Livret d’Henri Cain, d’après le conte de Charles Perrault

Créé le 24 mai 1899 à l’Opéra Comique

Mise en scène, Benjamin Lazar

Collaboration à la mise en scène, Louise Moaty

Chorégraphie, Cécile Roussat et Julien Lubeck

Scénographie, Adeline Caron

Costumes, Alain Blanchot

Lumières, Christophe Naillet

Maquillage, Mathilde Benmoussa

Effets spéciaux, Thierry Collet

Assistant musical et chef de chœur, Nicholas Jenkins

Assistante scénographie, Malanda Loumouamou

Cendrillon, Judith Gauthier

Le Prince charmant, Michèle Losier

La Fée, Église Gutiérrez

Mme de La Haltière, Ewa Podleś

Pandolfe, Laurent Alvaro

Noémie, Aurélia Legay

Dorothée, Salomé Haller

Le Roi, Laurent Herbaut

Le Doyen de la Faculté, Vincent de Rooster

Le Surintendant des plaisirs, Julien Neyer

Le Premier Ministre, Paul-Henri Vila

Danseurs, Luciana Dariano, Alex Sander Dos Santos, Ana Mariolani, Danila Massara, Gudrun Skamletz

Orchestre et chœur des Musiciens du Louvre – Grenoble

Direction musicale, Marc Minkowski

Paris, Opéra Comique, le 5 mars 2011

La création de Cendrillon en 1899, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle salle de l’Opéra Comique (éclairée grâce à la fée électricité !), avait pourtant été acclamée, et l’ouvrage repris régulièrement in loco jusqu’en 1909. Mais depuis, la douce Cendrillon s’était faite bien discrète à Paris, les dernières représentations datant des années 801.

Est-ce le côté féérique qui explique le moindre succès de cette œuvre, que ce soit face à la Cenerentola ou au sein même de la production de Jules Massenet ? Tandis que sa consœur transalpine mise sur la comédie de caractère et l’absence totale de merveilleux (les ficelles sont tirées par le philosophe Alidoro), la Cendrillon imaginée par Jules Massenet est en effet davantage fidèle au conte de fées de Perrault2. Les raisons ne sont en tout cas pas à trouver dans une quelconque faiblesse de l’opéra lui-même. A la tête de son Orchestre des Musiciens du Louvre, Marc Minkowski défend d’ailleurs avec flamme la partition, dont il sait mettre en valeur, par sa direction tour à tour rêveuse ou brillante, les multiples facettes. Le rideau s’ouvre ainsi sur une musique grand-siècle qui ne déparerait pas Cour-la-Reine, puis l’instrumentation se fait méditative dès que Lucette / Cendrillon apparaît. L’on retrouve ensuite, au fil de l’œuvre, des mélodies éthérées lors des scènes féériques, des ensembles burlesques qui ne dépareraient chez Rossini, des mélopées liquides quasi debussystes à la fin du troisième acte… Loin de rendre l’œuvre disparate, ces mélanges et pastiches en varient sans fin les climats, maintenant le charme jusqu’au final enlevé au son d’une marche.

Cette variété se retrouve également au niveau des profils vocaux, qui se conjuguent presque exclusivement au féminin (seul le baryton de Pandolfe venant briser cette hégémonie), de la colorature stratosphérique de la Marraine au contralto de Madame de la Haltière. Église Gutiérrez sonne bien exotique dans les airs de la Fée, purs produits du répertoire de soprano léger à la française. Certes la rondeur et le fruité du timbre séduisent, mais la diction incompréhensible et un chant constamment sur le fil empêchent l’enchantement d’agir tout à fait. A l’opposé, l’on ne peut que partager la jubilation évidente d’Ewa Podleś en Madame de la Haltière, virago hautaine et pathétique, accompagnée de ses deux filles (Salomé Haller et Aurélia Legay) parfaites de ridicule. Le contralto polonais, si rare à Paris, assume pleinement ce rôle de caractère, loin de ses terres belcantistes originelles, jouant de ses graves rageurs pour crucifier mari et domesticité.

Les deux tourtereaux sont plutôt bien assortis. Au beau mezzo de Michèle Losier (le Prince) répond le soprano diaphane de Judith Gauthier (Cendrillon). Si le souverain semble proche de l’idéal (convaincant aussi bien dans la douceur du jeune homme dépressif que dans le tranchant de l’homme de pouvoir), l’on aurait pu rêver plus d’abandon et de moelleux chez sa partenaire : le « vous êtes mon Prince charmant » manque quelque peu de frissons.

Enfin, n’oublions pas Laurent Alvaro (Pandolfe), remplaçant au pied levé Franck Leguérinel souffrant, qui fait mieux que défendre la minorité masculine de la distribution : la diction est exemplaire, la puissance et la projection impressionnantes et l’interprète est nuancé. Que demander de plus ?

Mais la magie n’aurait pu être complète sans la mise en scène inspirée de Benjamin Lazar (voir l’interview vidéo réalisée par Edouard Brane). Pourtant, dans un décor élégamment éclairé et sobrement composé d’une pergola agrémentée de divers accessoires (cheminée et guéridon chez Madame de la Haltière, lustres chez le prince…) le metteur en scène ne tente ni actualisation forcenée ni concept novateur, restant fidèle à l’esprit du conte. Pour autant il fait preuve d’une sensibilité sans mièvrerie dans les duos des amoureux et d’un sens comique ravageur dans les scènes de Madame de la Haltière. Et quoi de plus risqué que l’illustration du surnaturel ? Là encore le pari est relevé, haut la main. L’apparition de la Marraine au premier acte est magnifiée par les étoiles qui s’illuminent et les sylphes et follets dansants qui apparaissent de toutes parts (certains descendant même du ciel), et folâtrent autour de Lucette endormie. La scène au pied du Chêne des fées est peut-être encore plus réussie avec ses deux silhouettes drapées qui tournoient dans la lumière. L’effet est magique.

Cendrillon est enfin de retour chez elle, et de quelle manière !

______

1 On notera cependant une production récente à Massy, en 2009.

2 Pandolfe est un homme faible (« vouloir n’est pas pouvoir » répète-t-il à l’envi) qui se laisse mener par le bout du nez par sa nouvelle épouse, la noble Madame de la Haltière et les deux filles de cette dernière, Noémie et Dorothée. Il délaisse sa fille Lucette (surnommée Cendrillon), condamnée à assurer les tâches ménagères pendant que le reste de la famille va au bal organisé par le roi en l’honneur de son fils. Heureusement la belle Fée, marraine de Cendrillon, veille au grain et d’un coup de baguette magique transforme la pauvre souillon en princesse de conte de fée. Une fois au bal, Cendrillon a juste le temps de séduire le Prince charmant, avant de devoir fuir aux douze coups de minuit. Heureusement, elle a perdu dans sa course une pantoufle de verre (sic !) qui permettra au Prince de retrouver sa belle.

 

 

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Cendrillon

Conte de fées en quatre actes

Livret d’Henri Cain, d’après le conte de Charles Perrault

Créé le 24 mai 1899 à l’Opéra Comique

Mise en scène, Benjamin Lazar

Collaboration à la mise en scène, Louise Moaty

Chorégraphie, Cécile Roussat et Julien Lubeck

Scénographie, Adeline Caron

Costumes, Alain Blanchot

Lumières, Christophe Naillet

Maquillage, Mathilde Benmoussa

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Paris, Opéra Comique, le 5 mars 2011

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