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CIMAROSA, L’olimpiade – Versailles

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Spectacle
18 mai 2024
Une performance athlétique

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

L’Olimpiade, opéra en deux actes sur un livret de Pietro Metastasio.

Créé à Vicence en 1784.

Détails

Aristea
Rocio Perez

Megacle
Maite Beaumont

Clistene
Josh Lovell

Argene
Marie Lys

Licida
Mathilde Ortscheidt

Aminta
Alex Bantfield

Les Talens lyriques
Christophe Rousset, direction

 

Opéra Royal de Versailles, jeudi 16 mai 2024, 20h

Depuis une dizaine d’années, à chaque Jeux olympiques resurgissent des Olimpiade, et c’est tant mieux pour ce livret semi-serio de Metastase, un de ses plus réussis et populaires, pour lequel nous ne connaissons pour le moment que des mises en musique très réussies : celles de Vivaldi bien sûr (que l’on verra au Théâtre des Champs-Elysées dans un mois), mais aussi de Hasse, Pergolèse, Myslivecek ou Galuppi, parmi la centaine recensée au XVIIIe siècle. C’est aussi le cas de cette version de Cimarosa, au livret certes très remanié : Licida devient un personnage secondaire et un gros tiers des airs disparaissent, laissant la place aux autres qui prennent alors des dimensions vertigineuses. Écrit pour deux stars des années 80, le flamboyant Marchesi en Megacle, et la virtuose du suraigu Danzi-Lebrun (qui exigeait pour tous ses rôles un air avec hautbois concertant, puisqu’elle avait épousé un hautboïste !), la partition survoltée n’a certes presque aucun air alangui ou élégiaque (« Mentre dormi » vite plié, « Se cerca, se dice » transformé en démonstration pathétique), mais regorge de mélodies et de trouvailles orchestrales. C’est peut-être la partition la plus tourbillonnante de ce siècle : chaque nouvelle ritournelle est plus ravissante que la précédente, les récitatifs accompagnés abondent, les vents sont constamment sollicités, plusieurs airs ou ensembles font exploser la forme da capo traditionnelle pour surprendre l’auditeur, la vocalise y est tantôt respiration, tantôt exploit et le lieto fine prend des allures de symphonie chorale.

Face à un tel Everest, les alpinistes manquent hélas et il n’est pas étonnant que l’œuvre ait dû attendre vingt-trois ans avant de retrouver le chemin de la scène (une captation des représentations de Venise en 2001 avec une Patrizia Ciofi époustouflante et une Anna Bonitatibus léonine est facilement accessible en ligne). À l’exception d’un Aminta dépassé (ratant son premier air, transparent dans le second), tous les artistes de ce soir sont dans une forme olympique. On aurait aimé un rôle plus à la mesure de l’éloquence et des graves sonores de Mathilde Ortscheidt, qui n’a qu’un air syllabique pour faire exister Licida, « Torbido il ciel »… qui offre davantage à l’orchestre. Marie Lys aussi est sous-employée en Argene, ce qui ne l’empêche pas de faire virevolter ses récitatifs et vibrer un formidablement angoissé « Spiegar non posso ». Josh Lovell est un roi étonnant, mêlant autorité et souplesse : ses moyens sont impressionnants (avec un registre aigu évoquant même parfois Giuseppe Sabbatini) et le baryténor assume crânement toutes voiles dehors ses interminables vocalises sans staccato sur un large ambitus. Avec plus d’inspiration théâtrale (« Non so donde viene » vaillant et délicat mais peu varié dans l’affect) et plus de précision (beaucoup de notes sont attaquées par en dessous), on tiendra là un formidable interprète de ce répertoire. Maite Beaumont aussi n’a pas peur d’enchainer les épreuves, dès son inchantable et arrogant air d’entrée avec ses notes qui semblent percuter la portée avant d’enchainer sur d’infinies montagnes russes de canto di sbalzo, jusque dans les passages pathétiques où sa musicalité, son éloquence et la ductilité de son timbre font merveille. On regrette simplement son défaut de puissance et de brillant pour exister dans les ensembles. À Rocio Pérez enfin cette partie de soprano stratosphérique. Les suraigus sont raides et le contre-sol tient sur une tête d’épingle mais une telle précision dans le saut d’obstacles en échelle force l’admiration. D’autant qu’on aurait tort d’y réduire le rôle, la chanteuse déployant une émission souple et très élégante depuis un medium solide dans des airs à l’inspiration mélodique éblouissante. Remarquable notamment ce duo de la fin de l’acte I où une virtuosité semblant infinie transfigure le dramatisme des adieux. On ne trouvera guère qu’un manque de pulpe et un timbre peu coloré à lui reprocher, mais amplement compensés par des variations très bien senties et exécutées au da capo.

Le coach de cette équipe de champions, c’est bien sûr Christophe Rousset qui, comme Andrea Marcon en 2001, dirige l’œuvre de façon survitaminée, mais avec un orchestre bien plus à même de répondre à ses intentions. Les Talens lyriques des grands soirs prouvent que la minutie n’interdit pas l’emportement et font rutiler leur Cimarosa avec la puissance vrombissante d’une voiture de course grâce à des virtuoses accomplis, au premier rang desquels le mirifique hautbois de Patrick Beaugirard. Jusque dans les récitatifs, le chef aiguillonne les chanteurs, tant et si bien que les surtitres n’arrivent plus à suivre. Une soirée très excitante et riche en endorphines !

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L’Olimpiade, opéra en deux actes sur un livret de Pietro Metastasio.

Créé à Vicence en 1784.

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Aristea
Rocio Perez

Megacle
Maite Beaumont

Clistene
Josh Lovell

Argene
Marie Lys

Licida
Mathilde Ortscheidt

Aminta
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Les Talens lyriques
Christophe Rousset, direction

 

Opéra Royal de Versailles, jeudi 16 mai 2024, 20h

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