Monaco garde le moral. La Principauté demeure l’un des rares endroits d’Europe où les concerts ont lieu en public.
En plus, Monaco ne perd aucune occasion de s’amuser. Lors du concert du ténor Javier Camarena, jeudi, on a vu surgir au milieu des musiciens en tenue de soirée… Cecilia Bartoli habillée en Cendrillon, un balai à la main, tablier attaché à la ceinture. Stupéfaction du public ! Elle n’était annoncée nulle part. Elle se mit à chanter en duo avec le ténor. Dans la salle, Ludovic Tézier et Cassandre Berthon qui se trouvaient là (car ils répètent en ce moment Thaïs à Monaco) improvisèrent une réplique chorale. Le public exulta.
Auparavant, le concert avait été plus classique. On était arrivé sur la place de l’Opéra de Monaco, transformée depuis peu en une vaste et belle esplanade piétonne. Un immense arbre de Noël se dressait au centre. Mais, cette fois-ci, les vraies guirlandes et décorations seraient les vocalises et les contre-ut de Camarena.
Et Dieu sait s’il y en eut, des contre-ut, ce soir-là ! Non seulement dans l’air « Ah, mes amis, quel jour de fête » de la « Fille du régiment », mais aussi dans des airs de Rossini, Bellini et autres Zingarelli enchaînés à l’envi. Ils éclatèrent brillamment, ces contre-ut, enveloppés d’un chant au timbre charmeur, au phrasé souple, aux nuances contrastées. Javier Camarena est assurément l’un des meilleurs bel cantistes du moment.
Au cours du programme, il nous proposa quelques raretés : un air héroïque de Ricciardo e Zoraide – dont le titre permet de briller dans les dîners en faisant deviner qui en est l’auteur. (Réponse : Rossini). Egalement, un air sans éclat de La mort du Tasse de Manuel Garcia – ténor et compositeur qui permet de briller dans les mêmes dîners en demandant qui étaient ses filles. (Réponse : la Malibran et Pauline Viardot).
Au détour de la soirée, un air du Roi d’Ys de Lalo fit notre régal. Suprême élégance du chant français, prononciation et musicalité parfaites !
L’orchestre était celui des « Musiciens du Prince ». Ils méritent leur titre autant par leur appartenance à la Principauté que par leur qualité. Ils jouent sur des instruments à vent anciens – sauf quand, en bis, Javier Camarena se met à chanter sur des rythmes cubains. A ce moment, le trompettiste sort un instrument moderne qui lui permet de swinguer. La salle est alors prise de frissons glamour. Un vrai bonheur ! La croisière s’amuse. La prochaine fois Camarena nous fera-t-il la macarena ! A Monaco, on n’a pas fini de faire la fête avec Javier en janvier !