Si l’édition 2023 du Festival Perelada est marquée par l’absence de productions scéniques – un nouvel auditorium étant en construction dans le parc –, le format « récital » reste un médium de premier plan pour célébrer l’art lyrique. Et il est bien question de célébration puisqu’en 2023, Victoria de Los Ángeles, grande soprano catalane décédée en 2005, aurait eu 100 ans. Le Festival ne pouvait manquer de rendre hommage à une chanteuse qui, en plus d’être une enfant du pays, s’est produite aux débuts du Festival, en l’église du Carmen, là où le concert hommage du 2 août dernier a précisément eu lieu.
C’est Núria Rial, autre soprano catalane, qui fit revivre un peu de l’âme de Victoria de Los Ángeles à travers un répertoire éclectique – convoquant musique ancienne, romantique, contemporaine, catalane, espagnole, allemande, française… – mais exclusivement composé de chansons et autres lied, laissant ainsi de côté l’opéra dont la place ne fut pourtant pas anodine dans la carrière de la Los Ángeles.
© Miquel González - Shooting
Núria Rial offre une voix bien accrochée, claire et bien projetée. Son timbre rond et son volume maîtrisé conviennent particulièrement à la musique ancienne dont elle est d’ailleurs familière. Le phrasé est généralement élégant et les moments vocalisant bien menés, même si on sent parfois un certain essoufflement, par exemple dans le « Charmant papillon » de Campra. Elle fait preuve d’une intelligence musicale particulièrement remarquable dans le début du programme, chez Campra, Cesti et Scarlatti, où les directions sont toujours irréprochables. Chez Schubert, Mendelssohn et Brahms, on aurait aimé davantage d’engagement. Certaines notes longues ne sont pas exploitées et elle aurait certainement gagné à profiter davantage de ces valeurs pour nourrir le son et chercher à révéler toute l’expressivité que ces pièces recèlent. Elle offrira un magnifique « Kaddish » de Ravel et une seconde partie jubilatoire, convoquant Vivancos, Granados, Montsalvatge ou encore Toldrà.
© Miquel González - Shooting
L’accompagnement de Rubén Fernández Aguirre au piano est toujours très sensible. Il suit la chanteuse dans ses phrasés et nuances, quitte à lui voler la vedette pour un instant, par exemple dans l’accompagnement pour piano arrangé de Vivancos où Núria Rial participe à la performance en chantant mais aussi en agissant sur les cordes de l’instrument.