Une fleur et un Flórez ont resplendi au coeur du printemps du Festival de Pâques à Aix-en-Provence. La fleur était la nouvelle soprano Marina Monzó et le Flórez, bien sûr, notre célèbre Juan Diego péruvien. Sur la scène du Grand Théâtre de Provence, la première apparut le visage rayonnant, comme poussée par le vent du succès. Du second, on vit arriver la svelte silhouette de jeune premier, quasi inchangée depuis vingt-cinq ans.
Juan Diego Flórez attaqua un grand air de la Cenerentola . Quand il chante Rossini, il est parfait. L’éclat du timbre, la clarté de l’aigu, la finesse des vocalises font de lui un interprète idéal du chant rossinien. Mais depuis quelques années, il veut faire davantage. Alors il s’aventure à chanter Roméo et Juliette, la Bohème ou même, en bis, « Nessum Dorma » de Turandot . Là, il n’est plus dans son répertoire, sa voix n’est pas assez large pour cela. Pourtant, cet irréistible séducteur chante avec une telle justesse, une telle musicalité, un tel élan que le public craque.
La révélation de la soirée fut la fleur : Marina Monzó. On ne résista pas au timbre doré de sa voix, à la caresse de son phrasé, à l’éclat de ses aigus, à l’élégance de ses trilles et de ses phrasés. Voici une bel cantiste d’avenir. Comme fut beau son « O luce di guest’anima » de Linda di Chamounix !
Dans les duos de de Roméo et Juliette et de cette même Linda di Chamounix, elle arriva presqu’à faire pâlir Flórez.
L’orchestre de l’Opéra de Lyon, à l’aise dans tout ce répertoire, était dirigé par Christopher Franklin.
Vint le moment des bis. Juan Diego Flórez revint, une guitare à la main. Et le voilà se transformant en latin lover. Ce qui était étonnant ce n’était pas d’entendre un chanteur s’accompagnant d’une guitare mais d’entendre une aussi belle voix au dessus de cet instrument. On avait rarement entendu cela ! Lorsqu’il fit reprendre Guantanamera en chœur par le public ou qu’il prolongea à l’infini une note tenue dans Cururucucu Paloma, toute la salle chavira.
Marina, revint, elle, avec « Mio babbino caro ». Aix était aux anges.
Une fleur, un Flórez, quel beau printemps aixois !