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Concert Nathalie Stutzmann – Bayreuth

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Spectacle
31 juillet 2024
Bayreuth furieusement hors de ses bases

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Jean-Sébastien Bach
Prélude de la suite pour violoncelle n°1
Richard Wagner
Ouverture pour Faust en ré mineur
Richard Wagner
Tannhaüser : « Dich, teure Halle »
Catherine Foster
Richard Wagner
Rienzi : ouverture
Richard Wagner
Der Fliegende Holländer : « Wie aus der Ferne »
Catherine Foster & Michael Kupfer-Radecky
François-Adrien Boïeldieu
La Dame blanche : ouverture
Piotr Ilitch Tchaïkovski
La Dame de Pique : « Ya vas lyublyu »
Birger Radde
Georges Bizet
Carmen : ouverture
Andrew Lloyd Webber
The Phantom of the Opera : «  The Music of the Night »
Tilmann Unger
Anton Bruckner
Symphonie n°7 : scherzo
Giuseppe Verdi
Don Carlo : « Dio, che nell’alma »
Tilmann Unger & Birger Radde
Richard Wagner
 Tristan und Isolde : Liebestod
Catherine Foster
Franz Liszt
Von der Wiege bis zum Grabe
Richard Wagner :
Götterdämmerung : « Blühenden Lebens labendes Blut »
Tilmann Unger & Michael Kupfer-Radecky
Richard Wagner
Parsifal : prélude
Bayreuther Festspielorchester
Direction musicale
Nathalie Stutzmann
Modération
Axel Brüggemann
Bayreuth, parc du Festspielhaus, mercredi 24 juillet 2024, 20h

Pour la troisième saison consécutive, le Festival de Bayreuth offrait un concert gratuit en plein air dans les jardins du Festspielhaus. Confié à la baguette de Nathalie Stutzmann, le programme nous convie à suivre les voyages de Richard Wagner et les compositions associées, qu’il s’agisse des siennes ou de celles d’autres compositeurs. Quatre chanteurs se partagent le programme vocal : Catherine Foster, qui sera Brünnhilde cette saison, le ténor Tilmann Unger (qui assure les doublures de sa tessiture), le baryton Michael Kupfer-Radecky (Gunther dans le Götterdämmerung) et le baryton Birger Radde (Melot dans la nouvelle production de Tristan und Isolde).

Le concert est très correctement sonorisé et l’espace public divisé en deux zones : une première, réduite, devant la scène (qui dispose d’un écran), délimitée par une rangée d’arbres ; une seconde, derrière cette rangée d’arbres, plus étendue, d’où l’on ne peut suivre le concert que sur un autre écran. Toutes les générations sont représentées, ce qui atteste du succès populaire de l’opération. Malheureusement, certains spectateurs ne sont pas foncièrement disciplinés (ce qui peut énerver l’habitué des concerts) : ils se lèvent à tout moment, tiennent de longues conversation à voix haute au téléphone, parfois en mettant le haut-parleur parce que la musique les empêche d’avoir une conversation tranquille. Des retardataires errent avec leur chaise au milieu de spectateurs installés avec leur pique-nique depuis deux heures… C’est la loi de ce genre d’événement. Sinon, la majorité des spectateurs est attentive et fait un excellent accueil aux artistes : Bizet, Boieldieu et Lloyd Webber triomphent de Wagner à l’applaudimètre ! Cerise sur le gâteau, il fait beau et le sol est sec. La captation vidéo est d’excellente qualité, alternant des plans de la chef, des chanteurs, des instrumentistes, et un drone filme le tout, donnant l’image impressionnante d’un long ruban étalé sur tout un côté de la «Colline sacrée » : quel dommage que tout ce travail ne soit pas disponible en retransmission ou en streaming.

La soirée débute par le célébrissime prélude de la Suite pour violoncelle n°1 de Jean-Sébastien Bach (excellent soliste non crédité), ce dernier compositeur étant mort à Leipzig, ville où est né Richard Wagner (c’est un peu tiré par les cheveux). L’orchestre offre ensuite l’Ouverture pour Faust en ré mineur, rare œuvre de jeunesse de Richard Wagner, composée entre 1839 et 1840, c’est-à-dire quand il avait moins de 30 ans. Catherine Foster s’essaie au «  Dich, teure Halle » de Tannhaüser, mais la chanteuse est prise un peu à froid et son vibrato n’est pas très régulier. Nathalie Stuzmann offre ensuite une interprétation absolument passionnée de l’ouverture de Rienzi, un ouvrage qui devrait faire ses débuts au Festspielhaus en 2026 à l’occasion du 150e anniversaire du festival. Rappelons en effet que Richard Wagner avait jugé ses trois premiers opéras (Das Liebesverbot, Die Feen et Rienzi) indignes du festival : néanmoins, pour le bicentenaire du compositeur, en 2013, les trois ouvrages y furent donnés (Die Feen en version concertante seulement), mais à l’Oberfrankenhalle (qui accueille habituellement l’équipe de basket locale) et avec les forces de l’Opéra de Leipzig. Catherine Foster et Michael Kupfer-Radecky chantent ensuite le duo du Fliegende Holländer, « Wie aus der Ferne ». La voix du baryton est superbe (avec toutes les réserves que l’on peut faire en raison de la sonorisation : nous n’y reviendront pas) et laisse présager d’un Gunther bien corsé. En revanche, Senta n’est pas Brünnhilde, et Catherine Foster n’en a pas vraiment la souplesse ni l’aigu. Entendre l’orchestre du Festspielhaus, à Bayreuth, jouer les ouvertures de La Dame blanche (un ouvrage que Wagner appréciait toutefois vivement) et de Carmen (que Nietzsche présentait comme un antidote aux langueurs wagnériennes) a un côté savoureux et quelque peu surréaliste : il ne manque plus que La Muette de Portici d’Auber. Sous la baguette vivace de Stutzmann, la formation y est absolument impeccable, démontrant une légèreté, une  souplesse et une vivacité qui ne sont pas souvent sollicitées dans son répertoire habituel. Birger Radde offre entre ces deux pages un « Ya vas lyublyu » de La Dame de Pique d’une suprême élégance. Tilmann Unger chante ensuite un extrait du Phantom of the Opera, « The Music of the Night ». Le choix peut paraître étrange, mais il s’agit ici de rendre hommage à Stephen Gould, mort l’année dernière, qui commença sa carrière dans la comédie musicale avant de s’orienter vers les rôles wagnériens, devenant l’un des meilleurs Heldentenors bayeureuthiens de sa génération. La musique est accompagnées d’émouvantes photos du ténor, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à ses dernières années. C’est à ce type d’hommages qu’on reconnait les grandes maisons. Le scherzo de la Symphonie n°7 d’Anton Bruckner offre une montée en tension impressionnante, nouveau témoignage de la versatilité de Stutzmann. Tilmann Unger et Birger Radde sont ensuite plus enthousiasmants dans leur duo de  Don Carlo, « Dio, che nell’alma ». Catherine Foster retrouve la plénitude de ses moyens avec le Liebestod de Tristan und Isolde qui lui sied parfaitement. Franz Liszt, le beau-père de Richard Wagner et père de Cosima, a droit à une belle exécution du rare Von der Wiege bis zum Grabe (Du berceau à la tombe) page assez sombre avant que Tilmann Unger et Michael Kupfer-Radecky n’offrent un « Blühenden Lebens labendes Blut » impressionnant. Enfin, la soirée se termine avec le prélude de Parsifal : là encore, on sent que Stutzmann aura des choses à nous dire dans cet ouvrage et la chef impressionne par la diversité des répertoires qu’elle défend avec talent (il parait que l’Opéra de Paris cherche un directeur musical).

La soirée de plus de deux heures est animée par Axel Brüggemann. Très à l’aise avec le public, Brüggemann descend parmi les spectateurs s’offrant, de ci de là, une bouchée ou une gorgée auprès des pique-niqueurs. Il expliquera les relations entre les pages choisies et le thème du voyage, les liens n’étant pas toujours évidents. Il interviewera également les artistes, ce qui permettra à Nathalie Stutzmann d’expliquer avec humour qu’elle venait à Bayreuth pour tenter d’effacer la honte du traitement subi par Wagner à Paris en 1861 à l’occasion de la création locale de son Tannhaüser. Il comptera également quelques anecdotes, rappelant par exemple les souvenirs de Tchaikovski qui assista au premier festival en 1876 : « La petite ville n’est pas capable de nourrir ses visiteurs. C’est ainsi que j’ai appris, dès les premiers jours de mon séjour le sens des mots lutte pour sa survie. On ne peut trouver un petit bout de pain ou une bière qu’avec d’immenses difficultés, au prix d’une lutte terrible, d’un rusé stratagème ou grâce à une patience de fer. Pendant toute la durée du festival, la nourriture constitue le principal centre d’intérêt du public, l’aspect artistique passant au second plan. Côtelettes, pommes de terre rôties, omelettes… sont des sujets de conversations plus vifs que ceux concernant la musique de Wagner ». Si la quantité est aujourd’hui heureusement au rendez-vous, la qualité gastronomique n’a pas beaucoup évolué depuis cette époque, et force est de constater que la saucisse reste le plat incontournable des entractes.

Le programme est redonné le 30 juillet.

[AJOUT] Le 30 Juillet, Catherine Foster ayant renoncé à sa participation au concert, elle a été remplacée par Christina Nilsson pour Elisabeth de Tannhaüser et pour le reste par Brit-Tone Müllertz (actuellement Orlinde dans Die Walküre). Christina Nilsson est annoncée en Eva des Meistersinger la saison prochaine.

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Tannhaüser : « Dich, teure Halle »
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Richard Wagner
Rienzi : ouverture
Richard Wagner
Der Fliegende Holländer : « Wie aus der Ferne »
Catherine Foster & Michael Kupfer-Radecky
François-Adrien Boïeldieu
La Dame blanche : ouverture
Piotr Ilitch Tchaïkovski
La Dame de Pique : « Ya vas lyublyu »
Birger Radde
Georges Bizet
Carmen : ouverture
Andrew Lloyd Webber
The Phantom of the Opera : «  The Music of the Night »
Tilmann Unger
Anton Bruckner
Symphonie n°7 : scherzo
Giuseppe Verdi
Don Carlo : « Dio, che nell’alma »
Tilmann Unger & Birger Radde
Richard Wagner
 Tristan und Isolde : Liebestod
Catherine Foster
Franz Liszt
Von der Wiege bis zum Grabe
Richard Wagner :
Götterdämmerung : « Blühenden Lebens labendes Blut »
Tilmann Unger & Michael Kupfer-Radecky
Richard Wagner
Parsifal : prélude
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