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VERDI, Macbeth — Leipzig

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Spectacle
11 novembre 2012
Cuisine de sorcières

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI

Macbeth
Opéra en quatre actes
Livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei,
d’après la tragédie de Shakespeare.
Créé en 1847, puis en 1865 (seconde version)

Mise en scène
Peter Konwitschny
Décors
Jörg Kossdorff
Costumes
Michaela Mayer-Michnay
Lumières
Jörg Kossdorff, Michael Röger

Macbeth
Anooshah Golesorkhi
Lady Macbeth
Amarilli Nizza
Banco
James Moellenhoff
Macduff
Gustavo Porta
La dame de compagnie
Jean Broekhulzen
Malcolm
Keith Boldt
Le médecin / Un sicaire / Un valet
Milcho Borovinov
Trois apparitions
Hye Young Kim
Haike Hauptmann
Cordula Albrecht
Fléance
Vincent Kling
Gardes du corps
Steffen Domke
Sebastian Gosch

Chœurs de l’Opéra de Leipzig
Gewandhausorchester

Chef de chœur
Alessandro Zuppardo

Direction musicale
Matthias Foremny

Opéra de Leipzig, dimanche 11 novembre 2012, 18h00

 

Cette représentation de Macbeth commence et se termine dans une cuisine de sorcières, référence bien connue, outre-Rhin, à une célèbre scène (Hexenküche) du Faust de Goethe. Les sorcières de Shakespeare deviennent ici de facétieuses créatures multicolores dotées d’un long nez, qui s’amusent beaucoup à berner Macbeth et Banco et qui interviennent tout au long de l’action. À la fin, elles écoutent même les dernières mesures de l’opéra diffusées par le haut-parleur d’une radio tout en se livrant à leurs occupations de sorcières au foyer dans leur cuisine antique et moderne, où le réfrigérateur américain géant et le lave-linge à hublot voisinent avec le poêle en fonte et les marmites de cuivre. Il s’agit de la reprise d’une mise en scène de Peter Konwitschny – directeur de l’Opéra de Leipzig d’août 2008 à janvier 2012 – créée à Graz en 1999. Le parti pris d’insertion de la tragédie de Macbeth dans un cadre burlesque ne trahit pas l’esprit shakespearien, même s’il paraît plus éloigné de la représentation habituelle de l’opéra de Verdi. Les aspects plus sombres sont présents aussi, grâce à une utilisation très inventive, due à Jörg Kossdorff, de l’espace scénique. Le décor de la cuisine de sorcières est constitué de blocs rapidement amovibles, dont la disparition soudaine donne le sentiment d’être transporté en un claquement de doigts dans l’Écosse éternelle, au sein de l’immense chambre où trône le lit conjugal de Lady Macbeth, tandis que la baie vitrée de la salle en rotonde donne à voir les Highlands. Ce lieu sera ensuite la salle de banquet puis, sous la forme d’un plateau tournant sur lequel les soldats déposent des arbres (avec l’aide des sorcières), la forêt de Birnam qui se déplace.

Sonore et précis, remarquablement homogène et d’une grande puissance expressive, l’orchestre du Gewandhaus, dont on ne se lasse pas d’admirer la beauté des timbres et des couleurs instrumentales, notamment des vents, permet de suivre, sous la baguette magistrale de Matthias Foremny, toutes les nuances et la complexité de l’écriture musicale. Tout au plus eût-on souhaité davantage de délicatesse pour la présentation du thème du somnambulisme dans le Prélude. Les chœurs, dirigés par Alessandro Zuppardo, sont tout simplement excellents : il est rarement donné d’entendre des ensembles aussi parfaits, aussi bien réglés et qui suscitent autant d’émotion (remarquable « Patria oppressa » de l’acte IV). Sans apporter de révélation particulière, les chanteurs sont de bon niveau. Le baryton californien Anooshah Golesorkhi campe un Macbeth plutôt agile en dépit de son embonpoint, et malgré une faiblesse passagère dans le registre aigu lors de la scène du banquet, donne à ses interventions beaucoup de présence vocale, avec un timbre clair, une émission puissante et un sens dramatique très sûr. La Lady Macbeth d’Amarilli Nizza, soprano italienne originaire de Milan, possède une voix souple et agile, mais qui a tendance à détimbrer dans le grave. Elle est plus convaincante dans la scène de somnambulisme que dans les airs du premier acte, où la cavatine et surtout la cabalette manquent un peu de violence et de sonorité. Mais toutes les notes sont là – tandis que dans « La luce langue », certaines syllabes sont escamotées. Cependant, la qualité du sotto voce dans l’acte III nous en console, de même que le contre-ré bémol émis avec aisance. James Moellenhof, moins éblouissant dans le premier acte que l’avant-veille en Sparafucile dans Rigoletto, se révèle sous son meilleur jour dans le grand air de l’acte II, « Come dal ciel precipita », où se déploie toute la richesse du timbre de sa voix de basse. La dame de compagnie est incarnée par Jean Broekhuizen, mezzosoprano américaine à la voix claire, au timbre limpide et flatteur. Le ténor argentin Gustavo Porta est un Macduff aux aigus puissants, à l’émission solide et bien assurée, doté toutefois d’un vibrato assez large. La voix de basse bien calibrée du Bulgare Milcho Boronov emporte l’adhésion dans les rôles du valet et du médecin, tandis que le ténor canadien Keith Boldt se tire honorablement du petit rôle qui revient à Malcolm. Il faut ajouter que tous font preuve de grands talents d’actrices et d’acteurs dans cet univers régi par les sorcières, où le pouvoir n’est qu’un leurre, une ombre chinoise sur un drap tendu dans une cuisine, et les humains de fragiles marionnettes, sinistres ou émouvantes dans leur ambition ou leur naïveté.

 

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Macbeth
Opéra en quatre actes
Livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei,
d’après la tragédie de Shakespeare.
Créé en 1847, puis en 1865 (seconde version)

Mise en scène
Peter Konwitschny
Décors
Jörg Kossdorff
Costumes
Michaela Mayer-Michnay
Lumières
Jörg Kossdorff, Michael Röger

Macbeth
Anooshah Golesorkhi
Lady Macbeth
Amarilli Nizza
Banco
James Moellenhoff
Macduff
Gustavo Porta
La dame de compagnie
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Malcolm
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Alessandro Zuppardo

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Opéra de Leipzig, dimanche 11 novembre 2012, 18h00

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