Erik tel un grain de sable. Voici l’interprétation que Christian Spuck propose dans cette nouvelle production du Vaisseau Fantôme au Deutsche Oper de Berlin. Omniprésent sur scène depuis l’ouverture orchestrale jusqu’au tombé du rideau, Erik passe par tous les stades de la maladie d’amour – et de la jalousie – qui le conduiront à être, malgré lui, l’instigateur de l’issue dramatique de l’opéra.
Thomas Blondelle incarne ce fiancé délaissé par un jeu tantôt hystérique tantôt dépressif et par un chant tendu et nerveux qui donne à ses interventions un caractère vitupérant et tempétueux propre à le rendre inquiétant. Il est aidé en cela par une scénographie des plus ténébreuses et insignifiantes que les costumes sombres d’Emma Ryott viennent accentuer.
Brimberg (Senta) © Thomas Jauk
Face à lui le hollandais de Samuel Youn fait plutôt pâle figure. Son émission sans grand relief ni réel impact ne lui permet pas de s’imposer au milieu d’un plateau par ailleurs honorable. Tobias Kehrer campe un Daland crédible aux accents rieurs parfaitement adaptés à la bonhommie du personnage. La Senta d’Ingela Brimberg est vaillante et dispose d’une réserve suffisante pour lancer quelques aigus acérés tant lors de sa ballade qu’au dénouement de l’intrigue. L’excellente Ronnita Miller est certainement surdimensionnée pour le rôle de Mary dont les interventions limitées ne permettent pas d’apprécier l’étendue de ses talents vocaux. Gideon Poppe en timonier manque d’assurance dans quelques notes élevées qu’il préfère escamoter.
Les chœurs qui composent un volet important de l’œuvre s’équilibrent parfaitement en dépit de quelques infimes décalages.
Notons l’excellent travail de Donald Runnicles tant dans la recherche d’un équilibre permanent avec le plateau que par la clarté et le souci des détails qu’il observe dans la conduite de l’orchestre du Deutsche Oper permettant de révéler des subtilités musicales souvent écrasées par la tempête orchestrale de la partition.