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DONIZETTI, Lucia di Lammermoor — Londres (ROH)

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Spectacle
11 mai 2024
Touchante Nadine Sierra

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes

Livret de Salvatore Cammarano d’après La Fiancée de Lammemoor de Walter Scott

Créé à Naples au Teatro San Carlo le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Katie Mitchell

Décors et costumes

Vicki Mortimer

Lumières

Jon Clark

 

Lucia Ashton

Nadine Sierra

Edgardo di Ravenswood

Xabier Anduaga

Enrico Ashton

Artur Ruciński

Raimondo

Insung Sim

Arturo Bucklaw

Andrés Presno

Normanno

Michael Gibson

Alisa

Rachael Lloyd

 

Orchestre et Chœurs du Royal Opera

Direction musicale

Giacomo Sagripanti

 

Londres, Royal Opera, mercredi 8 mai 2024, 19h30

Ambiance électrique à Covent Garden pour cette nouvelle reprise de Lucia di Lammermoor affichant une distribution de jeunes chanteurs pour l’essentiel. Dans le droit fil d’une mise en scène qui se veut réaliste, Nadine Sierra offre une Lucia moderne, davantage jeune fille d’aujourd’hui qu’incarnation de l’héroïne romantique de Walter Scott : une Lucia au caractère bien trempée, aux habitudes, tics visuels ou moues du visage qu’on pourrait apprécier dans une série télé contemporaine. Le chant n’est pas pour autant sacrifié à l’approche scénique. La chanteuse séduit toujours par son médium délicieusement pulpé et d’une belle rondeur et, en vraie belcantiste, Sierra sait colorer les sons en fonction de la situation dramatique. Les coloratures sont bien exécutées et la chanteuse en rajoute même par rapport aux variations traditionnelles avec quelques touches personnelles. La scène de folie est abordée une détermination qui force le respect, et les deux contre-mi bémol sont tenus jusqu’au bout des forces du soprano, accentuant ainsi l’impression de désespoir de l’héroïne. Un investissement qui lui vaudra une formidable ovation à la fin sa grande scène, une partie de la salle se levant pour l’applaudir.

Le jeune Xavier Anduaga dispose de beaux moyens. La voix, fraiche et puissante, fait un peu penser à celle du jeune Marcelo Álvarez, moins riche toutefois, mais avec une exceptionnelle extension dans l’aigu. Le ténor offre ainsi le rare contre-mi bémol du duo de l’acte I (écrit), et auquel se joint d’ailleurs sa partenaire, ainsi que le contre-ré à la fin du sextuor. Le chanteur basque maîtrise également très bien le souffle et le mixage des registres de tête et de poitrine, offrant ainsi de superbes diminuendi. Pour une fois, le rôle d’Edgardo est chanté, avec l’ensemble de ses difficultés, par une authentique voix lyrique et non par un tenorino rossinien égaré. Néanmoins, le chanteur n’évite pas une certaine monotonie en raison d’un chant monochrome. Faute de coloration, le texte semble parfois débité sans considération de la musique qui l’accompagne. Peut-être le chanteur serait-il davantage idéal dans le répertoire français, moins sensible à cette problématique de coloration.

Artur Ruciński est un Enrico au style plus proche du jeune Verdi que de Donizetti, ce qui n’est pas non plus incongru dans ce rôle un peu monolithiquement masculiniste. La voix est d’une puissance convenable et offre un aigu brillant et généreux (la plupart des aigus traditionnels sont exécutés mais pas tous, en revanche le baryton offre un splendide la naturel dans la scène de la tour). On appréciera des efforts de colorations, mais en revanche, le chanteur ne fait aucune variations dans la reprise de son duo avec Lucia (dans le ton traditionnel), et celle de son air est tout bonnement coupée. Scéniquement, Ruciński est idéalement apparié à sa partenaire, avec une belle entente théâtrale.

Insung Sim est un Raimondo impeccable, au timbre rond et homogène, et au phrasé remarquable. Tout d’abord inaudible dans sa scène d’entrée avec chœurs, le Normano de Michael Gibson offre un timbre agréable dans des situations moins exposées. Nous avions déjà remarqué Andrés Presno (parfois affiché en tant qu’Andrés Presno de León) à l’occasion d’un Otello londonien. Par ses progrès, ce jeune ténor uruguayen confirme son potentiel. Physiquement, sa stature fait penser au jeune Pavarotti, ainsi d’ailleurs que son type d’émission vocale. La voix est déjà raisonnablement puissante. Sans avoir le timbre unique du tenorissimo, Presno dispose d’une belle voix harmonieuse et claire : un chanteur à suivre, surtout lorsqu’on se souvient que Xavier Anduaga sut lui aussi se faire remarquer en Arturo.

La direction musicale de Giacomo Sagripanti nous a laissé dubitatif. Le choix de la version tout d’abord : coupures de reprises, de codas, absence de variations à de nombreux endroits, rythme exagérément martial et volume excessif, flûte au lieu de l’harmonica de verre pour accompagner la scène de folie… Tout cela fleure bon la province italienne des années 50, quand Richard Bonynge et ses successeurs n’avaient pas encore rétabli les canons de l’exécution belcantiste et quand on jouait Donizetti comme du Verdi. La scène de la tour de Wolferag est en revanche maintenue, le chef laisse une certaine liberté aux chanteurs dans l’interprétation musicale et nous avons particulièrement apprécié une introduction inédite de la harpe pour l’air d’entrée de Lucia, divinement interprétée.

Nous avions déjà largement évoqué la production de Katie Michell à l’occasion de la reprise de 2017. Quoiqu’affadie par le temps, la mise en scène reste toujours autant hors de propos, d’une crudité faussement provocatrice en complet décalage avec le romantisme de Scott et de Donizetti, avec des outrances qui suscitent à l’occasion les rires de la salle. Au positif, un public qui aurait du mal à se concentrer sur le chant seul trouve ici de quoi s’occuper : le plateau est divisé en deux parties et les scènes chantées sont le plus souvent doublées par des scènes muettes qui viennent apporter un semblant de linéarité cinématographique. Le spectacle reçoit un accueil extrêmement chaleureux du public, par ailleurs relativement jeune par rapport à la moyenne européenne comme nous l’avions constaté à l’occasion d’une récente Carmen.

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Opéra en trois actes

Livret de Salvatore Cammarano d’après La Fiancée de Lammemoor de Walter Scott

Créé à Naples au Teatro San Carlo le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Katie Mitchell

Décors et costumes

Vicki Mortimer

Lumières

Jon Clark

 

Lucia Ashton

Nadine Sierra

Edgardo di Ravenswood

Xabier Anduaga

Enrico Ashton

Artur Ruciński

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