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FLOTOW, L’ombre – Paris (Grévin)

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Spectacle
3 juillet 2024
Glissez, mortels, n’appuyez pas…

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en trois actes
Musique de Friedrich von Flotow sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 à l’Opéra-Comique

Version piano dans la réduction de Friedrich von Flotow

Détails

Jeanne
Flore Royer
Fabrice
Charles Mesrine
Madame Abeille
Clémentine Decouture
Le Docteur
Nicolas Bercet

Piano
Françoise Tillard

Paris (Théâtre Grévin), 24 juin 2024

On connait encore un peu la Martha de Friedrich von Flotow par la romance de Lyonel à l’acte III, « Ach, so fromm », cheval de bataille des ténors en récital, le plus souvent interprétée dans sa version en italien « M’appari, tutt’amor » (1). L’association Parole et Musique fait ici revivre L’Ombre, rarissime opéra-comique français, qui disparut à la suite du déclenchement de la guerre de 1870. Nous renvoyons nos lecteurs à notre entretien avec Mme Françoise Tillard pour en savoir plus sur cet ouvrage.

Le livret est typique de l’opéra-comique de l’époque, c’est-à-dire relativement conventionnel : le but de Flotow n’est pas ici de renouveler le genre mais de développer l’originalité de son art sur un canevas fixé. Compte tenu de l’absence de synopsis sur la toile, un résumé ne sera pas de trop pour les générations futures. L’action se situe en 1707, durant la guerre des Cévennes (1702-1710) laquelle est la conséquence de la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Ces persécutions exercées par les troupes royales sur les protestants, étaient connues sous le nom de dragonnades (enfin… connues jusqu’au XIXe siècle, parce que de nos jours…). Un autre opéra-comique, autrefois très populaire, s’inspire de ces mêmes persécutions : Les Dragons de Villars. Les lieux de l’action sont imprécis (le texte mentionne une frontière, peut-être celle de la Savoie). Nous sommes dans une vallée que le conflit a épargné. Après une ouverture (non jouée ici), nous faisons connaissance avec le docteur Antoine Mirouet, personnage tout en rondeur, qui vante les mérites de sa jument, Cocotte, « qui trotte, qui trotte ». Il est venu rendre visite à Madame Abeille, une riche veuve, et à d’autres personnages truculents, afin de préparer une petite fête pour la Saint-Fabrice. Fabrice est le nom du jeune locataire de Mme Abeille. Le docteur Antoine et la logeuse se lancent des piques, celui-ci la plaisantant sur un éventuel remariage au sujet duquel commère le village. Mme Abeille se récrie, mais ces insinuations ne sont pas dénuées de fondement : quoiqu’elle s’en défende, elle a un faible certain pour son locataire. Le duo initial se transforme en trio avec l’arrivée de Fabrice, qui est également le seul ami du docteur. Le jeune homme est un sculpteur récemment arrivé dans le pays, dont les œuvres sur bois connaissent un grand succès dans le voisinage : chacun veut ainsi la représentation de son saint patron. Mme Abeille et le docteur ont prévu d’inviter Fabrice à un repas pour sa fête qui tombe ce même jour. Dans une délicate ariette, « Pour m’aimer, au lieu d’un cœur, j’en trouve deux », à laquelle se joignent ses amis pour le refrain, Fabrice chante un bonheur nostalgique, évoquant de manière imprécise des malheurs passés pour mieux souligner le bonheur présent. L’air se termine par une strette plus enjouée. Antoine et Mme Abeille partis, une jeune fille apparait, épuisée de fatigue et en proie à de grandes émotions. Elle vient « de l’autre côté de la montagne ». Sa mère est morte, la ferme a brûlé. Elle s’est enfuie à la recherche d’un emploi. A la vue de Fabrice, elle est prise d’une vive émotion : elle a cru reconnaitre quelqu’un d’autre sous les traits de Fabrice, une ombre. Une fois reprise, elle lui demande de rentrer à son service puisqu’il cherche une servante, et lui chante une douce romance, d’une simplicité touchante, expression pudique de ses émotions, avec notamment une émouvante envolée sur « Les biens que l’on fait sur la terre, Dieu toujours vous les rend au Ciel ». Fabrice, un peu troublé, accepte. A son retour, Mme Abeille voit cette nouvelle présence féminine d’un mauvais œil et multiplie les sous-entendus désobligeants, laissant Jeanne au bord des larmes. Antoine revient ensuite et Jeanne le reconnait comme son parrain (quelle coïncidence…) : il a également fuit les Cévennes depuis quelque temps. Le docteur est enchanté de cette rencontre et se voit déjà épousant la jeune fille. La petite compagnie se met alors à table, ce qui nous vaut un ensemble particulièrement réussi dans laquelle la logeuse orne par des coloratures virtuoses le chant plus simple des trois autres protagonistes. Le docteur et Mme Abeille ayant quitté la scène, Fabrice et Jeanne ont un duo doux-amer où le jeune homme cherche à comprendre les angoisses de la jeune femme, mais celle-ci se dérobe à toute explication. Fabrice la mène à sa chambre, se promettant de la laisser en paix. Mais un cri de la jeune femme se fait entendre et, rompant sa promesse, le jeune homme pénètre dans la pièce : celle-ci est vide et une porte donnant vers l’extérieur est ouverte. Mme Abeille, qui veille de loin sur la vertu de son locataire, a vu Fabrice rentrer chez Jeanne et se voit confirmée dans ses a priori envers la moralité de Jeanne.

Nicolas Bercet, Clémentine Decouture et Charles Mesrine © Jean Fleuriot

Acte 2. Mme Abeille évoque le scandale dans une longue aria à coloratures, celles-ci servant à l’expression de sa frustration : « L’amour est un songe… ». Elle a prévenu tout le village de la conduite supposément immorale de Jeanne. Le docteur vient la plaisanter sur la fermeté de ses convictions car elle n’a pas été vue à l’office. Il reconnait au passage que ce n’est pas la meilleure période pour plaisanter sur ces sujets. Mme Abeille lui raconte ce qu’elle croit savoir. Fabrice fait son entrée, à la recherche de Jeanne. Celle-ci apparait, en larmes : elle a été chassée de l’office par les villageois qui l’accusent d’avoir été vue en pleine nuit avec Fabrice. Celui-ci est obligé d’éclairer la situation : à la suite du cri de Jeanne et n’ayant pas trouvé celle-ci, il la recherchée sous l’orage et l’a retrouvée alors qu’elle s’enfuyait dans la nuit conduite au bord d’un précipice. Il l’a sauvée d’une chute. Pragmatique, le docteur saute sur l’occasion : que Jeanne l’épouse et cela fera taire tous les ragots. Mme Abeille exprime ses regrets et demande pardon à Jeanne : elle était jalouse d’elle. Jeanne lui explique qu’elle n’est pas amoureuse de Fabrice, mais d’un autre homme qui lui ressemble. Elle raconte son histoire. Fille d’un fermier de Hollecourt, elle travaille à la lingerie du château et est progressivement tombée amoureuse du jeune comte, qui ne s’en est jamais douté et ne l’a sans doute jamais remarquée. Elle raconte les circonstances de la mort de celui-ci. Durant la guerre, sa troupe s’en est pris à une ferme calviniste. Le comte est intervenu pour désarmer son supérieur et empêcher que les fermiers ne soient brûlés vifs. Cette rébellion lui vaudra d’être condamné au peloton d’exécution et il sera exécuté sous les yeux de Jeanne. Fabrice a tous les traits du comte et même sa voix : sa vue est un supplice pour Jeanne. Le jeune homme a entendu la fin de l’entretien et confirme qu’il était au courant de cette ressemblance qu’il pointe comme une coïncidence. Le docteur, revenant de ses visites médicales équestres, vient inviter son ami à son prochain mariage avec Jeanne. Il lui explique qu’un de ses malades lui a raconté la vraie histoire du Comte de Rollecourt : celui-ci n’est pas mort car son capitaine avait demandé à son sergent d’enlever les balles des fusils. Le comte a pu s’enfuir après cette exécution simulée. Malheureusement, le capitaine a été dénoncé et condamné à mort à la place du comte. Vivement ému, Fabrice lui explique qu’il ne pourra être présent à son mariage car il doit immédiatement partir pour une affaire importante. Rien ne peut le retenir. Les deux amis s’embrassent comme si c’était la dernière fois ce qui ne manque pas de troubler Antoine. Jeanne évoque ses sentiments tandis que Fabrice exprime les siens : il veut se livrer pour sauver le capitaine qui a risqué sa vie pour lui. Dans ce faux duo original, les deux voix s’entremêlent sans se parler directement. Le faux duo en devient un vrai quand, à la lumière de la lune, Jeanne comprend que Fabrice est bien le comte. Le jeune homme s’enfuit.

Flore Royer, Françoise Tillard, Clémentine Decouture, Charles Mesrine et Nicolas Bercet © Jean Fleuriot

Acte 3. Trois jours plus tard. Mme Abeille et Jeanne chantent leur amitié nouvelle. Mme Abeille reste seule avec Antoine qui vient d’entrer. Elle lui explique que le bruit de l’horloge plonge Jeanne dans des angoisses affreuses et la conduit à des délires. Toujours pragmatique, le docteur bloque les aiguilles sur midi ; ou sur minuit, réplique la logeuse. Il s’ensuit un délicieux duo sur le thème, certes convenu, « Midi c’est la vie ! Minuit c’est l’amour… ». Antoine ajoute qu’un mari rendra le bonheur à Jeanne. En semblant rechigner, Mme Abeille lui explique que Jeanne, dans son délire, a clamé son amour pour Fabrice qui ne serait autre que le comte de Rollecourt. Faisant le rapprochement, Antoine comprend pourquoi Fabrice lui a fait des adieux déchirants mais, contre toute attente, celui-ci fait son entrée. Sans plus d’explication, il déclare qu’il veut épouser Jeanne, ce qui ne déçoit Antoine que modérément. Cependant, il faut que le mariage se fasse à l’instant. Comme tout a déjà été préparé pour celui de Jeanne et d’Antoine, cela ne pose aucun problème. Resté seul, Fabrice rédige ses dernières volontés et s’apitoie sur Jeanne dans une délicate aria « Pauvre ange dont la triste vie ne connut pas un seul beau jour ». En réalité, touchés par sa noblesse, les juges lui ont accordé trois jours pour accomplir ses derniers devoirs : il devra ensuite revenir pour son exécution. Avant de mourir, Fabrice veut donc épouser Jeanne : il la laissera veuve et comtesse. Conduite par Mme Abeille, Jeanne rejoint Fabrice qui lui prise le mariage. Le trio qui suit, à la fois enjoué et doux-amer, est particulièrement remarquable par sa mélodie évoquant le bruit des cloches sur la phrase « Le voilà ce bruit argentin qui nous appelle, à la chapelle », sans doute le morceau le plus immédiatement séduisant de l’ouvrage. De son côté, le docteur a tout appris par un sergent : c’est la mort qui attend Fabrice : il pleure sur l’ami qu’il va bientôt perdre. Le mariage a lieu. Jeanne est joyeuse mais avec un triste pressentiment. Resté seul, Fabrice pense qu’il ne lui reste plus que deux heures avant de devoir partir. Trompé par l’horloge bloqué sur midi, il doit partir au plus vite. Mme Abeille, a qui Antoine a tout raconté, expose l’épouvantable situation à Jeanne (on dirait aujourd’hui qu’elle « prend cher »). Précédemment appelé d’urgence a soigner un cavalier blessé, le docteur revient avec le message de celui-ci : c’est la grâce accordé au comte par le Maréchal de Villars pour le récompenser de son acte courageux. Cocote, qui aura galopé pour la première fois de sa vie, aura droit à une double ration de picotin. Finalement, Mme Abeille trouve que l’excellent docteur a décidément des qualités qu’un autre mariage pourrait couronner (reprise du thème des cloches). Tout est bien qui finit bien. Comme on le voit, l’intrigue est compliquée à plaisir, mais la trame générale est sans grande surprise : comme on l’a dit plus haut, c’est un peu la règle de ce type d’oeuvres (règle qu’illustre Bizet avec Les Pêcheurs de Perles et à laquelle il déroge complètement avec Carmen). Sans pourtant fourmiller de mélodies immédiatement mémorables, la partition de Flotow soutient l’intérêt par son charme et sa simplicité. La mélodie exprime les sentiments avec justesse, sans excès dramatique. Comme l’écrivait le critique de la Revue des Deux Mondes, « Les morceaux sont courts et mélodieux. M. de Flotow a du goût et n’insiste pas comme l’a fait souvent Meyerbeer, qui traçait un grand tableau là où il aurait fallu un simple croquis. ». C’est une musique bien élevée, bien de son temps, reflet d’autres temps et d’autres mœurs, bien plus policés.

Les personnages sont dramatiquement et musicalement caractérisés  : deux rôles semi seria, et deux autres plus sombres. Vocalement, Jeanne exige une voix dramatique : le rôle avait été créé par Marie Rôze (24 ans à la création de L’Ombre), célèbre artiste pour qui Bizet avait écrit Carmen, mais qui refusa de créer l’ouvrage jugé « obscène » (elle y triomphera par la suite) . Mme Abeille est plus légère et virtuose. Marguerite Priola (20 ans, disparue à 27) créa de nombreux opéras-comiques et interpréta La Fille du régiment pour la 500e de l’ouvrage. Avec ces deux personnages, on retrouve une opposition classique de l’opéra français : Alice et Isabelle (Robert le Diable), Valentine et Marguerite (Les Huguenots), Rachel et Eudoxie (La Juive), Berthe et Fidès (Le Prophète), Selina et Inès (L’Africaine), voire Chimène et l’Infante (Le Cid) ou Carmen et Micaela. Pour terminer cette évocation de la distribution originale, signalons que Jules-Sébastien Monjauze, le premier Fabrice, fut aussi le créateur du rôle d’Énée dans Les Troyens à Carthage (1883 : actes III à V des Troyens) et celui de la création française de Rienzi. On ne devait pas avoir trop de problème à l’entendre à l’Opéra-comique. Enfin, interprète d’Antoine à la création, Auguste Alphonse Edmond Meillet fut un pilier du Théâtre-Lyrique et de l’Opéra-comique ainsi que de scènes de province. Quoiqu’ayant participé à de nombreuses créations, aucune n’est passée à la postérité à part, à la limite, Le Médecin malgré lui de Charles Gounod que l’on peut voir de temps à autres. Que ne donnerait-on pas pourtant pour entendre des titres aussi baroques que La Poupée de Nuremberg (Adam), Bonsoir Voisin (Poise), La Reine Topaze (Massé), Gil Blas (Semet), Don Quichotte (Boulanger, version qui peut difficilement être pire que celle de Massenet), et surtout la mystérieuse Jaguarita l’Indienne (Halévy). Comme on le voit, l’ouvrage est écrit pour de vraies grandes voix et ne peut se satisfaire de comédiens-chanteurs comme certaines œuvres d’Offenbach.

La distribution réunie par Parole et Musique est d’un niveau très satisfaisant. En Mme Abeille, Clémentine Decouture offre un timbre cristallin et une technique irréprochable dans les nombreuses coloratures qui viennent orner une difficile partie vocale. La caractérisation dramatique, finement mutine, est d’une justesse amusante, sans histrionisme. Le docteur de Nicolas Bercet est dans la même veine, avec un chant naturel et une belle maitrise du souffle, notamment quand la partition exige un aigu en voix mixte, et un grand naturel scénique. Charles Mesrine a pour lui un beau timbre chaud et sait colorer son chant, offrant de belles nuances, notamment des diminuendos bien venus, parfaitement réussis. Flore Royer est une Jeanne au chant expressif, mais toujours sans excès, d’une juste intensité et d’une belle poésie. Armée d’un seul piano, l’infatigable Françoise Tillard, initiatrice de cette reprise, imprime à l’ouvrage l’élan dramatique nécessaire pendant cette heure et demi de musique (sans entracte !). Parfaitement préparés, les chanteurs brillent unanimement par une excellente articulation qui rend inutile la lecture du surtitrage (ça tombe bien : il n’y en a pas). La projection des voix est tout à fait satisfaisante. L’acoustique et la beauté du Théâtre Grévin ajoute au charme de cette délicieuse recréation dont on espère qu’elle donnera l’envie aux directeurs de salle de remonter l’ouvrage en version intégrale avec orchestre. Il le mérite.

*Il subsiste un débat sur l'origine de cette romance. Pour certains musicologues, elle était déjà présente lors de la création viennoise. Pour d'autres, elle aurait été ajoutée au moment de la création parisienne. Il n'en demeure pas moins qu'elle provient d'un opéra fantastique en français de Flotow, L'âme en Peine (1846). C'est dire les passerelles musicales de Flotow entre le style français et le style germanique.

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