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JANACEK, Věc Makropulos – Lyon

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Spectacle
18 juin 2024
Clair comme de l’eau de roche

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes de Leoš Janáček

Livret du compositeur d’après la pièce éponyme de Karel Čapek

Créé en 1926 à Brno

Détails

Mise en scène
Richard Brunel

Décors et costumes
Bruno de Lavenère

Lumières
Laurent Castaingt

Dramaturgie
Catherine Ailloud-Nicolas

 

Emilia Marty
Ausrine Stundyte

Albert Gregor
Denys Pivnitskyi

Vitek
Paul Curievici

Kristina
Thandiswa Mpongwana*

Jarosla Prus
Tómas Tómasson

Janek
Robert Lewis

Maître Kolenaty
Károly Szemerédy

Un Machiniste
Paolo Stupenengo

Le Comte Hauk-Sendorf
Marcel Beekman

 

Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon

Chef des Chœurs
Benedict Kearns

Direction musicale
Alexander Joel

 

Lyon, Opéra, vendredi 14 juin 2024, 20h

L’œuvre fait presque office de rareté sur la scène française, n’était-ce la production entre King Kong et Monroe de l’Opéra de Paris. Pourtant Věc Makropulos cumule nombre d’avantages : un livret moderne entre polar et thriller ; un sous-thème philosophique que le transhumanisme de certains mégalomanes contemporains réactive ; une durée réduite à l’heure du refresh permanent de nos smartphones ; un compositeur au sommet de son art ; une musique qui épouse la parole et les affects avec un naturel troublant. Choix judicieux donc pour l’Opéra de Lyon qui nous donne rendez-vous avec Janáček régulièrement.

Aussi vrai que Věc Makropulos dispose de tous les ingrédients pour se tailler une place au répertoire, elle ne souffre pas d’approximation et exige des artistes qui la servent d’exceller. Le chanté-parlé, une scansion rythmée, une instrumentation qui alterne entre ligne simple et opulence… tout cela doit être embrassé par le chef d’orchestre avec maestria. Il doit à la fois dépeindre, colorer et narrer, peut-être encore plus que dans d’autres répertoires. Ce soir, Alexander Joel n’y est pas encore. La narration piétine pendant le duo de dupe avec Berti, on cherche encore à entendre le venin d’Emilia notamment dans sa confrontation avec Prus. Janacek a ménagé des scènes de genre – les pas de deux avec Maxi – que le chef peine à détacher du continuum de l’intrigue principale. Si l’ensemble fonctionne au global, il y manque le frisson induit par l’irruption brutale de la mère originelle venue purger les comptes dans cet interminable procès en succession. 

Le plateau vocal concède quelques difficultés. Paul Curievici (Vitek) s’abime à l’aigu dès les premières mesures, rapidement rejoint Denys Pivnitskyi (Albert) dont le chant presqu’exclusivement en force fatigue vite l’auditeur. On lui saura gré de faire de ces difficultés vocales un élément de sa composition scénique. Ce Berti désespéré et fou amoureux se révèle aussi crédible que pénible. Thandiswa Mpongwana dispose d’un beau métal, dont les aspérités font le charme… peut-être moins d’une diction qui lui permettrait d’insuffler vie et épaisseur à son personnage. Karoly Szemeredy (Maître Kolenaty) et Tomas Tomasson (Prus) endossent avec à-propos leurs rôles. Le premier entre facétie et sérieux croque un portait sans faute de l’avocat blasé et pince sans rire. Le second puise dans un timbre épais et charbonneux pour dessiner un Jaroslav sûr de lui jusqu’à la rencontre fatidique avec Emilia. Le personnage dispose de peu de répliques pour faire entendre la douleur que provoque la mort de son fils en même temps que la fascination entre Eros et Thanatos pour le vampire Marty. Le baryton y parvient avec un grand naturel. Les deux ténors plus légers trouvent en Marcel Beekman (Maxi) et Robert Lewis (Janek) deux interprètes idoines.

© Jean-Louis Fernandez

Malgré toutes ses qualités, Věc Makropulos repose largement sur le rôle principal, Emilia Marty, aka Elina Markopoulos. L’histoire la conduit de l’opérette à la grande scène dramatique finale. Ausrine Stundyte n’a rien perdu de son magnétisme scénique naturel et d’un sens inné de la scène et du théâtre, qui lui font incarner chacun de ses personnages avec justesse. En revanche, l’instrument s’avère de plus en plus instable, même dans le confort de la rythmique du chanté parlé, et laisse des béances dans la ligne vocale. On craint pour la scène finale où le soprano retrouve in extremis chaire et consistance dans le timbre, en même temps que volume et projection.

Pain béni qu’une telle actrice pour Richard Brunel qui mène tout son plateau avec une précision d’horloger. Si le celui-ci empile les machineries parfois gratuitement (les meubles qui vont et viennent, les allers-retours entre le plateau haut et le plateau bas), la proposition jouit d’une lisibilité parfaite notamment dans les premières scènes où il faut bien comprendre quelles sont les pièces du puzzle. La direction d’acteur ne repose pas que sur les talents d’Ausrine Stundyte et chacun se voit confier la juste attitude ou le bon geste. Comme à son habitude, Richard Brunel ne cherche pas la relecture à tout prix, laissant le charme du livret opérer, à l’exception de l’ultime scène qui voit Emilia aller au bout de son geste de renoncement et bruler la formule magique de son père plutôt que de la céder à Krista. Cette proposition prend donc toute sa valeur dans son esthétisme et sa minutie et est accueillie chaleureusement aux saluts.

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Opéra en trois actes de Leoš Janáček

Livret du compositeur d’après la pièce éponyme de Karel Čapek

Créé en 1926 à Brno

Détails

Mise en scène
Richard Brunel

Décors et costumes
Bruno de Lavenère

Lumières
Laurent Castaingt

Dramaturgie
Catherine Ailloud-Nicolas

 

Emilia Marty
Ausrine Stundyte

Albert Gregor
Denys Pivnitskyi

Vitek
Paul Curievici

Kristina
Thandiswa Mpongwana*

Jarosla Prus
Tómas Tómasson

Janek
Robert Lewis

Maître Kolenaty
Károly Szemerédy

Un Machiniste
Paolo Stupenengo

Le Comte Hauk-Sendorf
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Direction musicale
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Lyon, Opéra, vendredi 14 juin 2024, 20h

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