Autour de la production de Fra Diavolo, l’Opéra-comique a organisé comme d’habitude un petit festival, intitulé cette fois Sous le charme des bandits, dont les manifestations (concerts, expositions, colloques) exploraient l’art d’Auber et le thème du brigandage en musique. Chanteur-acteur plein de ressources et bien connu en ces lieux depuis son sémillant Arcas de Cadmus et Hermione, le baryton Arnaud Marzorati s’est vu confier la conception d’un récital théâtralisé qui permettait de découvrir le riche répertoire des chansonniers du XIXe siècle – bien oublié aujourd’hui puisque même Béranger, sans doute le plus célèbre des auteurs au programme, n’est plus qu’un nom dans les livres d’histoire.
Pourtant, même si ces textes tour à tour grivois, désabusés ou vibrants d’idéalisme politique sont par essence très liés à leur époque, l’esprit et le talent de leurs auteurs leur confèrent souvent un intérêt qui n’est pas uniquement historique. Arnaud Marzorati nous le démontre dans ce parcours d’une heure où les chansons sont reliées par des textes de Hugo et Balzac, nous promenant dans tous les lieux louches de Paris, du bureau du chef de la police à la cellule en passant par le bordel et le siège d’une société secrète bonapartiste. Le choix et l’enchaînement des œuvres dénotent une vraie recherche de construction dramatique, qu’une trame plus resserrée aurait sans doute rendue plus lisible.
Sobrement éclairé par Vincent Vittoz et accompagné avec musicalité par Daniel Isoir, le chanteur campe ses multiples rôles de malfrats sans compter son énergie et utilise intelligemment sa belle et longue voix de baryton – sans excès de lyrisme, sauf quand le style parodique de la musique le requiert.