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VERDI, Attila — Rome

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Spectacle
5 juin 2012
Là où Muti passe, l’herbe ne repousse pas

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI

Attila
Drame lyrique en un prologue et trois actes
Livret de Temistocle Solera

Mise en scène
Pier Luigi Pizzi
Décors
Pier Luigi Pizzi
Costumes
Pier Luigi Pizzi
Lumières
Vincenzo Raponi
Mouvements chorégraphiques
Roberto Maria Pizzuto

Attila
Ildar Abdrazakov
Ezio
Nicola Alaimo
Odabella
Tatiana Serjan
Foresto
Giuseppe Gipali
Uldino
Antonello Ceron
Pape Léon
Luca dall’Amico

Orchestre et choeur de l’Opéra de Rome
avec la participation des élèves du corps de ballet de l’Opéra de Rome

Direction musicale
Riccardo Muti

Teatro dell’opera, mardi 5 juin 2012, 20 h 30

 

 

40 ans après leur première collaboration au Mai musical florentin avec ce même opéra, Attila réunit à nouveau les vieux complices Pier Luigi Pizzi et Riccardo Muti, dans une nouvelle mise en scène, qui sera reprise avec une autre direction musicale (D. Renzetti) lors du festival des Thermes de Caracalla cet été. Il s’agit de la 4ème lecture du metteur en scène de cette œuvre de jeunesse de Verdi, qui n’est certes pas la plus subtile ni la plus raffinée du maître qui avait 33 ans à sa création en 1846. Mais elle reste d’une redoutable efficacité musicale, l’une des plus électrisante des opéras des « années de galère ».
 

 

Pizzi a choisi de situer l’action dans un site quasi-unique, qui reproduit une voute de la grande basilique de Maxence, et qui laisse de temps à autres place à un long mur de briques fines caractéristiques des constructions de la Rome antique, offrant un contraste en taupe/noir (les briques) et blanc (la voute). Noir et blanc que l’on retrouve d’ailleurs dans les costumes, nonobstant la robe d’Odabella au dernier acte et le manteau d’Attila, rouges sang. Visuellement, tout ceci est donc assez sombre, un peu engoncé, sans parler des costumes assez disgracieux (les Huns ne feraient même pas frémir le plus émotif des froussards). Les mouvements du chœur sont réduits à leur plus simple expression dans cet espace confiné, qui néanmoins déçoit davantage par son manque d’audace que par son manque d’idées. En effet, certaines sont très belles et même saisissantes, comme l’apparition trois larrons demi-nus, portant une croix et la dressant au-dessus du chœur des ermites à la fin du prologue, dans une gestuelle et une attitude presque digne du Caravage. Ou encore celle, en fond de scène, dans une lumière très blanche, de la silhouette hiératique et émaciée du vieux pape Léon le Grand, venu barrer la route de Rome à un Attila terrifié.

 

Dans le très riche programme de la soirée, Pizzi explique avoir surtout voulu affiner son approche de la psychologie des personnages. Il considère ainsi qu’Attila, bien loin du tyran sanguinaire, est un « idéaliste qui sait montrer sa loyauté durant toute l’œuvre » alors qu’il est trahi par tous. D’abord par Ezio, un « arriviste » assoiffé de pouvoir, mais aussi par Foresto, l’ingrat qu’il a pourtant gracié et bien sûr par Odabella, qu’il aime et qui feint d’être séduite mais qui attend le meilleur moment pour venger d’un coup de poignard la mort de son père, provoquée par Attila. En somme la trahison et les jeux de pouvoir dominent tout l’opéra. 

 

Retrouve-t-on ces intentions chez les interprètes ?
 

 

Passons d’emblée sur les deux comprimari : Luca Dall’Amico (Pape Léon) donne l’autorité qu’il faut au spectre livide dans sa déclamation sépulcrale, même si une basse plus profonde aurait sans doute mieux convenu. Antonello Ceron campe un Uldino peu subtil mais sonore, presque barytonant.
 

 

Habitué des scènes françaises et spécialiste des œuvres de Verdi, Giuseppe Gipali a certainement la voix plus appropriée pour Foresto que pour Puccini ou Cilea chez qui il s’aventure pourtant régulièrement. Son timbre est agréable quoiqu’un peu nasillard, sa technique irréprochable en particulier dans le registre haut, mais son émission est assez limitée, juste suffisante pour la salle du Teatro dell’Opera. Ce n’est par ailleurs pas le plus expressif des personnages, se contentant de gestes des plus convenus.

 

Lady Macbeth de grande classe au début de la saison romaine, toujours sous la direction de Riccardo Muti, Tatiana Serjan est une Odabella dont on comprend aisément le pouvoir qu’elle peut exercer sur Foresto et sur Attila. D’une grande présence scénique, elle déploie des moyens vocaux très significatifs, sans jamais perdre en nuances. Son air du début du premier acte (« Liberamente or piangi / Oh nel fuggente nuvolo »), comme suspendu, plein d’émotion, l’illustre parfaitement. Ovation méritée ! 
 

Nicola Alaimo, que l’on commence à voir en France, est un baryton aux moyens imposants qui, lui, ne fait pas toujours dans la nuance ni même dans la dentelle. Son Ezio, comme le souhaite Pizzi, est dévoré d’ambition, mais il est aussi un peu empoté. On a du mal à croire à ce « dernier des Romains » qui ne doit donc pas se départir d’une certaine noblesse. Néanmoins, en particulier dans ses deux grands airs (« Dagli immortali vertici » et le fameux « È gettata la mia sorte »), sa voix et sa diction parfaites conquièrent sans peine une salle subjuguée par sa puissance et son engagement.
 

Jeune basse déjà couvert de prix, le Russe Ildar Abdrazakov a quelque chose de Samuel Ramey, immense Attila s’il en fut. La gestuelle, sans aucun doute; l’autorité, également. Sa voix, moins caractéristique et moins souple que celle de son prestigieux aîné, n’en manque pas pour autant de subtilité, tour à tour caressante et menaçante, impétueuse puis soudain pétrifiée, presque chuchotée devant le pape Léon et pourtant bien audible du fond du parterre. Il faudra suivre ce jeune chanteur, dont Attila pourrait vite devenir le rôle fétiche.
 

Les chœurs, parfaitement préparés, comme toujours, par le vieux complice de Muti à Milan Roberto Gabbiani, se montrent encore parfaits dans les tutti et les fortissimi, mais moins à l’aise – plus désuni- en petits groupes et dans les piani.
 
Mais le souverain, le vrai conquérant, en ce soir de dernière, était dans la fosse. Ovationné par son propre orchestre aux saluts, d’une énergie peu commune malgré ses presque 71 ans, Riccardo Muti galvanise ses troupes, déchaine les éléments, la foudre et le tonnerre (la brève tempête du prologue est extraordinaire), quitte à débrider un peu trop cuivres et cymbales, comme il l’affectionne bien souvent ; appliquant par ailleurs le précepte de Verdi lui-même selon lequel il vaut mieux pêcher par empressement que par lenteur. Et dans le même temps, il façonne  presque amoureusement les mélodies les plus subtiles, telle la belle introduction du premier tableau de l’acte I, aux cordes superlatives. C’est peu dire que Muti a reçu un triomphe mérité aux saluts, de la part d’un public romain certes acquis d’avance mais qui peut vraiment lui être reconnaissant d’avoir, en un an, tiré l’opéra de Rome et son orchestre, réputés « provinciaux » face à Milan, Venise ou Naples, vers le haut. Pourvu que, de cavalcades en instants de grâce, ceci dure encore très très longtemps !

Version recommandée
Verdi – Attila | Compositeurs Divers par Riccardo Muti

 

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Costumes
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Lumières
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