Jean-Sebastien Bach
Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl (BWV 198)
Komm, Jesu, komm (BWV 229)
Soprano : Sandra Collet
Alto/contre-ténor : Antoine Leroux
Ténor: Stanislas Herbin
Basse: Matthieu Semont
Direction :
Ton Koopman / Peter de Groot
Basilique Sainte Clotilde, Paris
10 mai 2009
Le Bach et son passeur
Depuis que Ton Koopman, il y a deux ans, à l’issue du stage annuel qu’il anime pour l’Institut néerlandais de Paris, a convié la jeune soprano Ellen Giacone à chanter à Carnegie Hall sous sa direction, ces rencontres régulières ont pris une autre tournure. L’entreprise est particulièrement séduisante : l’Institut néerlandais de Paris convie, désormais chaque année, les musiciens confirmés de la communauté hollandaise à participer à deux jours de stage avec Ton Koopman, clos par un concert. S’y adjoignent aux pupitres non pourvus d’excellents amateurs ou de jeunes professionnels trop heureux de profiter de l’occasion.
La scansion Koopman y est reconnaissable des les premières mesures : l’accentuation des quatrièmes et premiers temps, l’élégance de la marche droite et souple. On y reconnaît aussi le son chaud et plein qu’il affectionne, auquel le théorbe de Benjamin Narvey imprime une attaque doucement marquée. On retrouve enfin une lecture de Bach incroyablement variée et contrastée, où pour chaque phrase, pour chaque verset, Koopman trouve une couleur, une combinaison de timbres, une dynamique différentes : il fait entendre chez Bach l’incroyable variété de thèmes, d’atmosphères, de moments, et lui donne une direction empreinte d’un grand sens de la surprise — pour ne pas dire du Witz — où sous l’architecture contrapuntique se dévoile une foule de prodigieuses apparitions, d’ondes chatoyantes et d’ombrages sacrés.
Tout au contraire, Peter de Groot a dirigé un Komm, Jesu, komm extrêmement recueilli et dense, mettant avant tout en relief la cohérence de l’ensemble, tripartite, culminant sur un « du bist der rechte Weg » au ternaire d’une légèreté séraphique.
On y aura entendu la voix subtile de Stanislas Herbin et les tenues particulièrement bien menées d’Antoine Leroux. On y aura surtout découvert la diction claire et dynamique de la soprano Sandra Collet, parfaitement à l’aise dans se répertoire, et manifestant une rare souplesse dans la conduite des phrases ainsi qu’une précision particulièrement heureuse dans l’ornementation. Les occasions de l’entendre à nouveau ne manqueront certainement pas : elle tient très régulièrement la partie de soprano solo au sein de l’ensemble de musique ancienne Le Concert latin, dirigé par Julien Dubruque.
A voir, après le concert, Ton Koopman et Peter de Groot danser d’une joie enfantine derrière un pilier de la basilique avant de revenir saluer, l’on comprend qu’une telle réussite, avec des musiciens de niveaux et d’horizons si divers, et un temps de répétition aussi bref, n’est pas à la portée de tout le monde : il faut être doué d’une grande âme.
Hughes Schmitt