Lundi 1er février, au Théâtre des Champs-Élysées, avaient lieu deux représentations en vase clos (circonstances obligent) d’une adaptation en français de L’elisir d’amore de Donizetti.
L’Elisir, opéra participatif jeune public et réduit en conséquence à 1h15, bénéficiait d’une captation afin d’être diffusé sur la plate-forme éducative de France Télévision Lumni. Un DVD sera ensuite réalisé à destination des écoles et commercialisé.
Saluons une démarche éducative régulière au TCE : l’opéra participatif est pensé pour faire découvrir les codes de l’opéra grâce à une participation active de son jeune public. En temps normal, les enfants se préparent donc en amont lors d’ateliers de chant ( instructions de la cheffe de chant Jeanne Dambreville). Il y aurait dû par conséquent avoir six interventions du public – le chef d’orchestre se tournant chaque fois vers la salle pour faire chanter les spectateurs – comme autant d’incursions permettant à la jeunesse de se prêter au jeu.
Louons également l’implication et l’enthousiasme constants de l’Orchestre des Frivolités Parisiennes – créé par Benjamin El Arbi et Mathieu Franot, qui a aussi toujours été très impliqué dans la transmission culturelle auprès des jeunes par un ancrage pédagogique de longue haleine, avec Frivo’Lycée, ou bien surtout « De mômes et d’opérettes », programme d’éducation artistique pour lutter contre le décrochage scolaire.
Pour rappel, cet ensemble créé en 2012 dans le but de promouvoir le répertoire lyrique léger français a toujours fait montre d’exigence et d’excellence sur toutes les productions ainsi que sur tous les enregistrements (Naxos). Cette qualité est précieuse pour le jeune public ici visé, mais conquiert tout aussi facilement un public aguerri par son charme fou.
© Vincent Pontet
La direction engagée de Marc Leroy-Calatayud et la fraîcheur de la mise en scène de Manuel Renga, nous plongeant dans l’atmosphère d’une usine des années 30 ( qui puise son inspiration autant dans Les temps modernes de Charlie Chaplin que dans Charlie et la chocolaterie de Mel Stuart ), servent admirablement une équipe attachante et émouvante de jeunes chanteurs. Dans « une larme furtive », Sahy Ratia en Nemorino bouleverse par sa tendre simplicité, toute en profondeur.
Pour résumer, ce fut un moment de grâce arraché à ces temps incertains et interminables pour l’ensemble de la profession.
Nous terminerons sur ces mots de Manuel Renga, expliquant la notion de travail, qui est essentielle dans sa mise en scène : « c’est par le travail et l’implication de tous, y compris celle de l’enfant, que le monde évoluera de manière positive. » Des mots forts, mettant en lumière la notion de travail en art, et sa dimension essentielle voire essentialiste.