Lundi soir, au Théâtre de l’Athénée à Paris, le Pass était obligatoire. Non, pas le pass sanitaire : le… Damien Pass – chanteur franco-australien habitué des scènes lyriques françaises !
Pass passait à l’Athénée dans un récital de mélodies et Lieder.
Son style est davantage « comédie musicale » que « mélodie française ».
Même si sa voix caverneuse au timbre inégal n’a pas la pureté stylistique qu’on attend dans le répertoire mélodique, il nous a quand même séduits. Car son propos n’était pas de donner un récital « classique » mais de transformer ses mélodies en petites scènes dans lesquelles il faisait vivre des personnages. Et, sous cet aspect-là, il nous a convaincus. Bon, nous oublierons une Invitation au voyage de Duparc au style torturé. Mais, à part cela, il nous convainquit en donnant vie aux personnages du père, du fils et du roi des aulnes dans le célèbre Lied de Schubert. Il nous fit entendre le dialogue entre un meurtrier et sa mère dans une mélodie de Carl Loewe, il dégaina « l’Homme à la carabine » de Liszt (Gastibelza, sur un poème de Hugo que reprendra Brassens). ll fit vrombir l’ Homme à la moto (oui, celui d’Edith Piaf !), il fit sortir de leurs gongs le vagabond ou l’assassin contenus dans les songs américaines de Bolcom ou Sondheim. Belle galerie de bad boys !
Pour donner du relief à tous ces personnages, Damien Pass puisait dans les intonations sombres de sa voix caverneuse ou dans les suaves douceurs de sa voix de tête.
Luxe rare dans un récital de mélodies, on eut droit à des surtitrages.
En bouquet final, une série de chansons traditionnelles australiennes, excellemment harmonisées par Arthur Lavandier.
Le pianiste Alphonse Cemin accompagna tout cela d’un jeu fin, aiguisé, précis.
Au final, ce fut une bonne soirée qu’on passa avec Pass !