Deux ans après une deuxième symphonie de Mahler diversement accueillie, Semyon Bychkov retrouve la tête de l’Orchestre de Paris le temps d’une troisième donnée deux soirs de suite à la Philharmonie de Paris. Cette fois, peu de réserves à émettre – hormis un cor de postillon déstabilisé – tant la lecture convainc. L’ensemble de la symphonie se déroule dans une lenteur majestueuse où le chef développe un arc narratif très personnel : moins ascensionnel que dans d’autres interprétations, il dépeint des tableaux bigarrés selon les atmosphères des mouvements. Sans chercher aucun effet, le chef organise la matière organique de la plus longue symphonie de Mahler en faisant confiance à sa structure. L’orchestre y gagne en transparence et ménage des espaces pour les interventions des instrumentistes.
Semyon Bychkov peut compter sur un Orchestre de Paris solide et surtout sur des solistes inspirés : un premier violon suave et guilleret et un tromboniste dont chaque intervention trouve le juste ton. Familiers de l’œuvre qu’ils interprétaient en janvier dernier dans cette même salle, les chœurs de femmes et d’enfants réitèrent leur prestation, toute en rondeur et en lumière.
Enfin, Christa Mayer, pilier du Semperoper de Dresde, déploie un contralto cuivré tout à fait idoine dans le quatrième mouvement. Sans ostentation, elle épouse le texte du Zarathoustra et son mystère en s’appuyant sur une technique irréprochable, une projection et un souffle généreux.