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MOZART, Die Zauberflöte – Nice

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Spectacle
26 janvier 2025
Pour les yeux, déjà

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Wolfgang Amadeus Mozart

Die Zauberflöte

Singspiel en deux actes

Livret d’Emanuel Schikaneder

Dialogues adaptés en français par Cédric Klapitsch

Création à Vienne, Theater an der Wieden, le 30 septembre 1791

Détails

Mise en scène
Cédric Klapisch, réalisée par Laurent Delvert
Décors
Clémence Bezat
Costumes
Stéphane Rolland et Pierre Martinez
Lumières
Alexis Kavyrchine reprises par Valentin Mouligné
Création images numériques
Niccolo Casas
Illustration animaux
Stéphane Blanquet
Collaboratrice artistique aux mouvements
Laura Bachman
Animation vidéo
Atelier de Sèvres

 

Tamino
Joel Prieto
Pamina
Sydney Mancasola
Papageno
Joan Martin-Royo
Papagena
Veronika Seghers
Sarastro
Antonio Di Matteo
Sprecher
Barnaby Rea
Monostatos
Marc Laho
La Reine de la Nuit
Tetiana Zhuravel
Première Dame
Judith Van Wanroij
Deuxième Dame
Valentine Lemercier
Troisième Dame
Ahlima Mhamdi
Premier Homme d’Arme I Deuxième Prêtre
Frédéric Diquero
Deuxième Homme d’Arme I Premier Prêtre
Matthieu Toulouse

Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice
Chœur d’enfants de l’Opéra de Nice

Direction musicale
Jean-Christophe Spinosi

Nice, Opéra de Nice-Côte d’Azur, 24 janvier 2025, 20h

 

 

 

La première mise en scène lyrique de Cédric Klapisch avait été découverte par Yves Jauneau lors de la production de la Flûte enchantée au TCE, en novembre 2023. Tourcoing, puis Compiègne, l’avaient accueillie peu après avec une distribution pratiquement inchangée. L’Opéra de Nice, coproducteur, nous la propose à son tour, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi, tous les chanteurs ayant été renouvelés, à l’exception de Judith Van Wanroij, qui a fait de son emploi de Première dame un de ses rôles préférés. On ne peut que souscrire au pertinent compte-rendu de notre ami, particulièrement pour ce qui est de l’approche visuelle, que l’on ne détaillera pas de nouveau. C’est une incontestable réussite : décors (Clémence Bezat), costumes (Stéphane Rolland et Pierre Martinez), éclairages (d’Alexis Kavyrchine, repris par Valentin Mouligné), direction d’acteurs n’appellent que des éloges. Les animations vidéo (le monstre qu’affronte Tamino, animalières aussi) sont un régal pour l’œil. Les trouvailles (le portrait de Pamina, les maquillages…) participent à notre bonheur. Les bruitages (notamment avant l’ouverture) n’ajoutent rien, et on ne les entend guère lorsqu’on attend le tonnerre et les éclairs qui précèdent l’air de Monostatos.

Les textes parlés, essentiels à la compréhension des personnages, sont adaptés en français : Cédric Klapisch, s’efforce d’actualiser le propos et y réussit, non sans avoir estompé certaines répliques qui nous paraissent essentielles (1). A la fable-parabole de Schikaneder et Mozart, dans sa dimension double, initiatique et bouffe, Cédric Klapisch susbtitue une lecture surprenante, qui renouvelle l’approche de l’ouvrage : ce n’est plus l’affrontement du monde de la raison et de l’ordre émancipateur avec celui des ténèbres qui est peint, mais un univers nuancé où Sarastro serait caractérisé par son goût du pouvoir (2) et ses certitudes dogmatiques, la Reine de la Nuit se muant en incarnation attachante des forces naturelles.  Le propre des chefs-d’œuvre n’est-il pas de susciter de multiples approches, renouvelées ? Là où le bât blesse, c’est que cette lecture dans sa traduction musicale altère fréquemment l’esprit des personnages : la grandeur, l’autorité, la noblesse, la dimension bouffonne, la fureur, le recueillement, la tendresse sont régulièrement amoindris.

© Dominic Jaussein - Opéra Nice/Côte d'Azur

Jean-François Spinosi, à la tête d’un orchestre qu’il connaît bien et dont il est apprécié, nous vaut une réalisation musicale de grande qualité. On connaît son engagement, sa vision dynamique de l’écriture . Mais, ce soir, certains tempi pris avec une surprenante retenue nous étonnent, non sans mettre à mal la longueur de voix de plusieurs solistes. Les équilibres internes à l’orchestre sont ménagés, comme ceux avec le plateau. Les voix y sont conduites avec art, sans que jamais la fosse les couvre. Les bois se montrent remarquables, avec une mention spéciale au basson. Peut-être les trombones (hérités de Gluck) pour tout le début du second acte, au duo des prêtres, puis au chœur suivant, méritaient-ils d’être plus présents ?

Si aucun ne démérite vraiment, rares sont les chanteurs qui toujours nous auront ravi, sinon les trois délicieux enfants (anonymes, car la distribution en est double), dont la fraîcheur d’émission, l’homogénéité parfaite et le jeu exemplaire font de chacune de leurs interventions un moment de pur bonheur. Rares devaient être les germanistes présents dans le public niçois de ce soir. Il n’empêche, les sonorités propres à la langue, les consommes, les accentuations affadies dans la bouche de solistes presque tous étrangers à la langue de Goethe (exceptée Papagena) nous laissent insatisfait. Il en va de même de nombreux dialogues en français, certes compréhensibles mais souvent colorés d’accents exotiques.

Le Tamino de Joel Prieto ne convainc pas. « Dies Bildnis » paraît plus laborieux qu’inspiré. Le tempo met à mal sa longueur de souffle, les aigus sont serrés, comme dans le « Wo Tätigkeit thronet » où Pamina retten manque de conviction.  Celle-ci, Sydney Mancasola, n’a plus la pureté d’émission attendue, lumineuse, quasi juvénile. La maturité un peu blasée que lui impose la réalisation nuit à sa crédibilité. Cependant, l’attendu « Ach, ich fühl’s » nous émeut, avec une fin épuisée. Joan Martin-Royo compose un Papageno dont l’insouciance futile, la couardise sont estompées. Il a tendance à prendre de façon ralentie l’ensemble de ses interventions. Sa fragilité et sa légèreté sympathiques ne nous émeuvent guère durant sa pulsion suicidaire. Pourtant les moyens vocaux sont bien là : l’émission est sonore, bien projetée, le timbre séduisant. Les interventions limitées de Papagena, ne sont pas propres à tout nous dire sur les qualités vocales de Veronika Seghers, dont les ressources doivent être beaucoup plus riches que celles exigées par le rôle. La voix est fruitée, sensuelle, et l’articulation exemplaire. Si la Reine de la nuit de Tetiana Zhuravel séduit par sa parure et son maintien, le premier air, affecté d’un vibrato trop large, aux aigus laborieux, aux traits imprécis, nous laisse sur notre faim. Le second, par contre, s’avère d’une autre qualité, même si la rage, la fureur demeurent en deçà de nos attentes (pour finir par les « Hört » de « Hört der Mutterschwur », sans soutien).

On attendait davantage d’autorité, de grandeur humble, d’humanité chaleureuse de l’athlétique Antonio di Matteo, Sarastro. La voix est solide, d’une large tessiture, homogène, mais le chant paraît prosaïque, du début à son air ultime « Die Strahlen der Sonne ». Marc Laho, Monostatos, n’était pas en voix, même si son jeu en amoindrissait la perception. De la même manière, nous oublierons l’Orateur, quelconque, de Barnaby Rea. Les deux Hommes d’arme /Prêtres font le job, sans plus. Des trois dames, honorables, nous retiendrons Ahlia Mhamdi, la troisième, aux graves solides et à l’émission irréprochable. Les ensembles ont l’avantage de gommer les imperfections individuelles au bénéfice d’une complicité de bon aloi. Tous sont ici de bonne facture.

Les trente sept chanteurs du chœur jamais ne déméritent : Après le sourire du chœur des esclaves « Das klinget so herrlich, das klinget so schön », même si la majesté (« maestoso ») du « Es lebe Sarastro… » et du chœur final du premier acte fait quelque peu défaut, c’est un grand moment que « O Isis und Osiris, welche Wonne », dont la plénitude, la ferveur sont manifestes, avec un respect scrupuleux des contrastes.

Un spectacle dont on sort heureux de la découverte visuelle, ravissante, mais dont le plateau nous laisse perplexe, quelles que soient les qualités de chacune et de chacun. Le public ne ménage pas ses applaudissements et rappels au terme d’une soirée dont on se souviendra.

(1) Ainsi, aussitôt l’air d’entrée de Papageno, son dialogue avec Tamino est-il particulièrement riche, opposant la condition sociale, la filiation, la puissance, la responsabilité et l’insouciance. Tamino se présente comme prince, et Papageno comme « ein Mensch, wie du... » [un homme, comme toi...]. Au second acte, l’Orateur et Sarastro répondent, en écho inversé  (« - Er ist Prinz. - Noch mehr, er ist Mensch ! » [- Il est prince – Bien davantage,  il est homme !) avant l’invocation « O Isis und Osiris ». Autre message, essentiel à la compréhension dramatique et initiatique de la relation entre Sarastro et la Rene de la Nuit, le bref dialogue parlé entre Pamina et sa mère avant le second air de cette dernière.
(2) On se souvient de l’incroyable vision post-cataclysmique que David Lescot avait proposée à Dijon (2017), où Sarastro se muait en chef de gang... Heureusement la réalisation musicale de Christophe Rousset n’en était pas altérée, avec une distribution exemplaire, dont l’inoubliable Jodie Devos en Reine de la nuit.

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Die Zauberflöte

Singspiel en deux actes

Livret d’Emanuel Schikaneder

Dialogues adaptés en français par Cédric Klapitsch

Création à Vienne, Theater an der Wieden, le 30 septembre 1791

Détails

Mise en scène
Cédric Klapisch, réalisée par Laurent Delvert
Décors
Clémence Bezat
Costumes
Stéphane Rolland et Pierre Martinez
Lumières
Alexis Kavyrchine reprises par Valentin Mouligné
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Tamino
Joel Prieto
Pamina
Sydney Mancasola
Papageno
Joan Martin-Royo
Papagena
Veronika Seghers
Sarastro
Antonio Di Matteo
Sprecher
Barnaby Rea
Monostatos
Marc Laho
La Reine de la Nuit
Tetiana Zhuravel
Première Dame
Judith Van Wanroij
Deuxième Dame
Valentine Lemercier
Troisième Dame
Ahlima Mhamdi
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Deuxième Homme d’Arme I Premier Prêtre
Matthieu Toulouse

Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice
Chœur d’enfants de l’Opéra de Nice

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Jean-Christophe Spinosi

Nice, Opéra de Nice-Côte d’Azur, 24 janvier 2025, 20h

 

 

 

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