En ce début d’année, Angers-Nantes Opéra a proposé à Marie-Bénédicte Souquet – artiste en résidence – de créer un spectacle mozartien destiné au jeune public.
Le voyage de Wolfgang est un conte initiatique autour de la nature, des saisons. La proposition ne manque pas de charme avec un joli texte écrit par la chanteuse elle-même portant des messages de foi dans la beauté du monde et dans la résilience.
Guillaume Gatteau met en espace ce récit d’apprentissage sans accessoires ou presque, usant des indéniables talents de conteuse de la soprano malheureusement assez peu en voix lors de cette séance scolaire. Les aigus sont retenus, cauteleux, les vocalises imprécises. L’interprétation, sensible, demeure toutefois parfaitement honorable. La diction est excellente, l’allemand aussi convaincant que l’italien… Si « Tiger » – extrait de Zaïde – déçoit, en revanche « Ach ich fühl’s » s’avère l’un des plus beaux moments de l’après-midi.
La musicienne est également gambiste – ce qui est l’occasion de moment suspendus avec l’accordéon délicat de Pierre Cussac. Les arrangements, intelligents, raffinés, emploient des lignes musicales tirées du Requiem ou de la marche turque qui, détournées, évoquent superbement la nature en imitation.
Très inspirée par les costumes, Julie Scobeltzine crée une robe d’époque dont les jupons superposés permettent ainsi – par leurs couleurs – de matérialiser le passage des saisons. L’un d’eux se transforme même en cape pour protéger notre héros des frimas de l’hiver.
Egalement en charge de la scénographie, elle la réduit à la portion congrue avec, en fond de scène, un long drap en tie and dye d’assez piètre facture qui aurait avantageusement pu être remplacé par un cyclo, nettement plus élégant. Ceci dit, le spectacle se déplace pour une petite dizaine de représentations dans différents lieux de la région Pays de Loire, ce qui explique peut-être ce choix.
Les lumières de Jessica Hemme participent avec succès à l’immersion dans ces différents moments du jour et de la nuit, de l’hiver ou de l’été.
La fable est émaillée d’extraits d’opéras de Cosi aux Nozze di Figaro en passant par Zauberflöte. Jamais interprétés intégralement, ils rythment la narration avec beaucoup de cohérence : « Tiger » donne vie à un monstre terrifiant, tandis que « l ‘ho perduta » dit la solitude de l’aventurier dont l’ami oiseau – Papageno naturellement – « un nom inventé par la tendresse » a suivi son instinct migrateur. Avec le « Laudamus te », les vocalises font merveilleusement écho aux rafales de vent. Le rire des enfants ajoute alors au charme du moment.