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MOZART, l’enfant prodige – Montpellier

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Spectacle
31 octobre 2023
La valeur n’attend point le nombre des années

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Wolfgang Amadeus Mozart

oeuvres de jeunesse

(extraits de Mitridate, Lucio Silla, symphonies K 75 & 96, airs de concert K 77 & 83)

 

Détails

Mitridate, re di Ponto, K. 87

ouverture

Air de concert, K. 77

« Misero me!… Misero pargoletto »

Symphonie en fa majeur, K. 75

Mitridate, re di Ponto, K 87

« Al destin, che la minaccia »

Lucio Silla, K. 135

ouverture

air de concert K. 83

« Se tutti i mali miei »

Symphonie eu do majeur, K. 96

Lucio Silla, K. 135

« Vanne t’affretta! … Ah se il cruel periglioso »

(bis)

Don Giovanni, K. 527

« Non mi dir bell’ idol mio »

 

Marie Lys, soprano

Orchestre national Montpellier Occitanie

Direction musicale

Philippe Jaroussky

 

Montpellier, Opéra-Comédie, 27 octobre 2023, 20h

 

 

 

 

L’orchestre de l’Opéra de Montpellier Occitanie propose un programme original par son contenu, comme par la prise de direction de Philippe Jaroussky : en dehors de Mitridate, de Lucio Silla et des quatuors milanais, on ne donne guère que des oeuvrettes du tout premier Mozart, et ce, rarement. Le programme de ce soir, qui offre les ouvertures et deux airs des opera seria cités, nous propose deux symphonies et deux airs de concert inconnus du grand public. Toutes ces œuvres, écrites par Mozart entre 13 et 15 ans, à un moment clé de sa brève existence, témoignent déjà de son génie. Période d’intense activité, d’apprentissage et de voyages incessants, depuis Salzbourg jusque Milan, Bologne, Rome, avec de fréquents allers-retours. C’est à cette occasion qu’il rencontre le symphoniste le plus réputé de la péninsule, Giovanni Battista Sammartini, mais, surtout, travaille avec l’autre Giovanni Battista, le padre Martini, à Bologne, dont il intègre l’Accademia Filarmonica. Les deux parties du programme, de structure identique, s’articulent autour de chacun des opéras signalés, ouverture et une aria pour soprano, entre lesquelles s’intercalent une symphonie et un air de concert contemporains.

On ne présente plus Philippe Jaroussky dont le parcours, après s’être enrichi de la fondation et de la direction de son ensemble baroque Artaserse, aborde ici, ce soir, celui de la direction d’un orchestre symphonique. Le pari est gagné d’obtenir d’instruments modernes, un jeu directement inspiré de celui du baroque tardif, avec son articulation, ses phrasés, sa clarté et ses contrastes. Il faut saluer la performance réalisée par l’Orchestre national Montpellier Occitanie, totalement impliqué dans cette expérience prometteuse. Orfèvre en la matière, Philippe Jaroussky porte au chant une attention constante, qu’il s’agisse des instruments ou de la voix.

L’unique réserve tient à l’effectif surabondant des cordes (32 , le programme précise 11 « musiciens supplémentaires »), non pas tant par souci historiciste que pour les équilibres requis avec les vents, comme avec le chant (1). De fait, la voix de Marie Lys ne sera jamais couverte, mais – étonnamment – les symphonies, malgré les nuances les plus ténues, souffrent quelque peu de ce poids, sans jamais pêcher par lourdeur. Les deux ouvertures – à l’italienne, évidemment – sont conduites de façon exemplaire. Chacun est invité à faire valoir sa partie. La direction, efficace, contrastée, confère une dynamique constante, assortie de vertus mélodiques et rythmiques indéniables, dès le premier allegro. L’andante chante avant que l’allegro molto rayonne, claque et nous emporte. Il en ira de même de celle de Lucio Silla. Si la symphonie en fa majeur (K. 75, dixième du classement « moderne ») réjouit par sa fraîcheur et sa vivacité, nous lui préférons celle en do majeur (K. 96, la quinzième), d’un élan et d’une tonicité inaccoutumés. L’andante – première œuvre en ut mineur de Mozart – sicilienne sensible, à l’accentuation singulière, justifierait à lui seul que cette symphonie soit donnée plus souvent. Le menuet, comme son trio réservé aux solistes, est plaisant, et l’allegro final chante et jubile.

Le programme de salle, malheureusement, ne reproduit pas les textes des arias et leur traduction, malgré leur brièveté. Quelques lignes auraient suffi pour permettre à l’auditeur de mieux s’en approprier l’illustration de Mozart (2). L’air de Mitridate est une page spectaculaire et magistrale de force et de sensibilité, où la noblesse de l’héroïne s’exprime avec passion : Aspasie est partagée entre son devoir d’épouser le roi et son amour pour son fils Xipharès. De Lucio Silla, Giunnia exprime sa détresse, après un bref accompagnato, dans un air tourmenté d’une incroyable difficulté technique. Les deux airs de concert, Misero me…Misero pargoletto, K. 77 et Se tutti i mali miei, K. 83, empruntent leur texte au Demofoonte de Métastase. Timante, puis Dircea, nous confieront ainsi leurs tourments. S’ils ont en commun une exigence technique constante, les formidables traits de virtuosité appelés par le caractère dramatique et certains mots ou expressions du second emportent l’admiration.

La soprano vaudoise, familière du répertoire baroque le plus exigeant, est une grande voix. Bien timbrée, sonore, d’une agilité démoniaque, la voix gagnera en assurance au fil des pièces. Si les aigus semblaient parfois couverts, douloureusement projetés au premier air de concert, cette réserve tombera bien vite pour un épanouissement auquel nul ne peut rester insensible. Aboutissement, apothéose du concert, l’air de Lucio Silla est admirable d’aisance, avec ses traits de haute voltige, sa longueur de souffle, son accentuation, sa projection. La cadence en est superbe. Il aurait suffi que l’orchestre réduise ses basses et trouve une connivence plus souriante – malgré le sujet – pour que nous tenions la référence.  Toute la panoplie de la technique transcendante du chant y trouve place et c’est un régal que d’écouter Marie Lys, d’un engagement total, nous faire partager ses émotions et son ivresse vocale.

La salle, comble, ne ménage pas ses applaudissements et sera récompensée par un beau bis : de Don Giovanni, le « Non mi dir bell’ idol mio », que chante Donna Anna, d’une totale sincérité et d’une bouleversante beauté.

  • (1) Choix du chef, condition imposée par l’orchestre, ou compromis ? Jamais le clavecin, d’où Mozart dirigeait Mitridate, ne sera audible, écrasé par les quatre contrebasses et cinq violoncelles…
    (2) Le livret de Mitridate, de Métastase, a été souvent porté à la scène lyrique. Ainsi par l’ami tchèque de Mozart, Myslivecek, rencontré à Bologne, et auquel le Salzbourgeois doit tant. Du même Métastase, Demofoonte, auquel emprunte le premier air de concert, que Philippe Jaroussky nous fit découvrir, avec Vaclav Luks.
    (3) Schubert, à 16 ans, mit en musique le texte de Métastase (Misero pargoletto, D.42).

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Wolfgang Amadeus Mozart

oeuvres de jeunesse

(extraits de Mitridate, Lucio Silla, symphonies K 75 & 96, airs de concert K 77 & 83)

 

Détails

Mitridate, re di Ponto, K. 87

ouverture

Air de concert, K. 77

« Misero me!… Misero pargoletto »

Symphonie en fa majeur, K. 75

Mitridate, re di Ponto, K 87

« Al destin, che la minaccia »

Lucio Silla, K. 135

ouverture

air de concert K. 83

« Se tutti i mali miei »

Symphonie eu do majeur, K. 96

Lucio Silla, K. 135

« Vanne t’affretta! … Ah se il cruel periglioso »

(bis)

Don Giovanni, K. 527

« Non mi dir bell’ idol mio »

 

Marie Lys, soprano

Orchestre national Montpellier Occitanie

Direction musicale

Philippe Jaroussky

 

Montpellier, Opéra-Comédie, 27 octobre 2023, 20h

 

 

 

 

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