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Mystères sacrés – Ambronay

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Spectacle
4 octobre 2023
Petits motets, grands bonheurs

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Mystères sacrés [Petits motets du Grand siècle]

Détails

Henry Du Mont

Symphonie en sol mineur (*)

Credidi, 1652

Louis-Nicolas Blondel

O Mater Christi, extrait de Douze motets

Monsieur Astier, Doyen de Bondesir

Regina coeli laetare, extrait des Motets à I, II, III voix, avec et sans instruments et basse-continue

François Couperin

O misterium ineffabile, extrait de Elévations et motets

Marc-Antoine Charpentier

O altitudo divitarium, motet pour la Trinité (3 voix et b.c.), H 319

Louis-Nicolas Blondel

Laudate dominum, extrait de Douze motets

Henry Du Mont

Allemanda gravis cantica sacra (*)

Est secretum, 1652

Sébastien De Brossard

Silentium dormi, du Recueil de petits motets – Le Maignan

Pierre Robert

Splendor aeternae gloriae

Monsieur Astier, Doyen de Bondesir

Super flamina Babylonis, extrait des Motets à I, II, III voix, avec et sans instruments et basse-continue

Pierre-César Abeille

Globes d’airain, miroirs mobiles, d’après le psaume 148, Laudate Dominum

Pierre Robert

Memorare dulcissime Jesu

 

(*) pièces instrumentales

Marielou Jacquard, dessus

Cyril Auvity, taille

Thierry Cartier, basse taille

 

L’Assemblée

Direction musicale, clavecin et orgue

Marie Van Rhijn

 

Ambronay, Festival, Abbatiale, 30 septembre 2023, 14h 30

 

C’est aujourd’hui le baptême – musical – de L’Assemblée, nouvelle formation dans le monde du baroque, à l’initiative de Marie Van Rhijn*, déjà reconnue comme claveciniste. Elle a réuni autour de ses deux instruments (car elle tient avec un égal brio le positif) quatre de ses amis musiciens dont la carrière est également amorcée avec succès : Josef Zak, violon ; Myriam Rignol, dessus et basse de viole bien connue ; Alice Coquart, remarquable basse de violon ; et Léa Masson, dont on découvre sa maîtrise du théorbe. On le sait, point ne suffit de réunir des instrumentistes, quelles qu’en soient les qualités individuelles, pour réaliser un ensemble. Or, sa cheffe écoute, dirige, chante et fait chanter chacun, équilibre, sculpte les phrasés, avec des articulations et une précision millimétrée des attaques qui laisseraient imaginer que l’ensemble travaille depuis une bonne décennie à parfaire son jeu. On pouvait redouter que la douzaine de pièces vocales para-liturgiques engendre la lassitude, sinon l’ennui. Avec deux pages instrumentales de belle facture, les motets programmés renouvellent les modes d’expression, les couleurs et les effectifs, de sorte qu’à aucun moment l’attention ne faiblit.

Trois solistes, connus et reconnus, ont été invités pour la circonstance : Marielou Jacquard, Cyril Auvity et Thierry Cartier. C’est à la prononciation française du latin du temps qu’ont recours nos chanteurs. La taille, Cyril Auvity est dans une forme extraordinaire, voix ample et libre, la palette dynamique la plus large, d’une rare beauté d’émission et de timbre. Marielou Jacquard, dessus, d’une sûreté technique et stylistique assurée, allie le sens du phrasé à la clarté de la diction. Plus jeune, notre basse-taille semble manquer d’assurance lorsqu’il chante seul, rivé à sa partition, l’émission reste contenue et n’a pas encore la liberté, l’épanouissement attendus.

Inédits pour certains, rares pour la plupart, ces petits motets n’ont de modeste que l’effectif mobilisé. Faut-il rappeler que ces compositions pour le culte romain, presque toujours en latin, font appel à un, deux, trois solistes et à une basse continue. C’est au tournant du Grand siècle que le genre connaît son apogée, avec des centaines de compositions. Après une brève symphonie en sol mineur d’Henry Du Mont, ronde, équilibrée, riche en couleurs, animée, le programme s’ouvre sur le Credidi (psaume 116), du même, où alternent les phrases de plain-chant et celles réservées aux solistes et à la basse continue, avec un Gloria jubilatoire. Une des figures tutélaires de la musique religieuse du grand siècle (qui nous laisse 133 petits motets) impose ainsi le caractère du concert. Plus loin, après une allemande, introduite par le clavecin avant d’être reprise en tutti avec le positif, introduit une antienne pour la Sainte-Cécile, Est secretum, réservée aux voix de soprane et de baryton (dessus et basse-taille). Les deux motets nous parviennent d’une édition de 1662, et portent la marque d’une piété sincère, relativement austère, qui sera parfois démentie par l’évolution du genre.

De Louis-Nicolas Blondel, nous écouterons deux motets : la beauté radieuse des deux voix d’hommes du O Mater Christi (des Douze motets publiés par Ballard en 1671) nous régale. Plus tard, du même recueil, le psaume 117 (Laudate Dominum omnes gentes), pour dessus et taille, qui alternent avant de s’unir. Astier sera représenté par une antienne mariale, Regina coeli laetare, pour basse-taille, avec une basse de violon virtuose. Thierry Cartier paraît quelque peu en retrait et ses vocalises de l’alleluia, appliquées.  Du même Astier, dans le psaume 137 – Super flumina Babylonis – pour dessus, la cheffe se libère du clavier et anime la basse continue de la manière la plus convaincante. Marielou Jacquard s’y montre sous son meilleur jour, avec une joie exultante pour finir. Soli et duos (taille et basse-taille) s’enchaînent avec O misterium ineffabile de François Couperin (Lallouette avait illustré le même texte). Marc-Antoine Charpentier emprunte à la Vulgate (Romains 11/33) pour O altitudo divitiarum, motet pour la Trinité, chanté par nos trois solistes. Leur ensemble sonne fort bien, équilibré, pour une plénitude contemplative. De Pierre Robert, deux motets à trois voix, le Splendor aeternae gloriae, et le Memorare dulcissimus Jesu, sur lequel s’achèvera le concert, dans une plénitude fervente. Auparavant, le Globes d’airain, miroir mobiles, à 4 parties, de Pierre César Abeille, laisse perplexe. L’imitation du psaume 148, dans un français ampoulé (à cent lieues de celui de Marot ou de Baïf), une prosodie maladroite, et une voix de basse-taille dont l’assurance n’est pas la première qualité interrogent. La musique, descriptive à souhait, paraît extérieure.

Nous avons réservé le meilleur pour la fin, bien que la pièce ait été au cœur du programme. Les motets de Sébastien de Brossard méritent vraiment la plus large audience : l’écriture de l’ample Silentium dormi est parfaite, génératrice d’émotion et de ferveur, tout autant que le texte (inspiré du Cantique des cantiques II/3). L’ Assemblée s’y révèle exemplaire. Ajoutez à cela l’interprétation inspirée qu’en donne Cyril Auvity, et vous avez toutes les composantes d’un bonheur partagé. Les auditeurs, qui jusque là avaient scrupuleusement respecté le silence entre les motets, ne peuvent contenir leur enthousiasme et, spontanément acclament les interprètes. Bon vent à toutes et à tous !

* La jeune trentenaire, claveciniste, continuiste, cheffe de chant, a signé un enregistrement superbe, salué par Forumopéra, où « les » Stabat mater de Pergolèse et Vivaldi étaient complétés par d’autres pièces. Elle affiche déjà un riche parcours où elle est associée aux meilleures références. A suivre.

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Henry Du Mont

Symphonie en sol mineur (*)

Credidi, 1652

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Regina coeli laetare, extrait des Motets à I, II, III voix, avec et sans instruments et basse-continue

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(*) pièces instrumentales

Marielou Jacquard, dessus

Cyril Auvity, taille

Thierry Cartier, basse taille

 

L’Assemblée

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Marie Van Rhijn

 

Ambronay, Festival, Abbatiale, 30 septembre 2023, 14h 30

 

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