La soprano française, Ninon Vallin, naquit en 1886, dans une bourgade du Dauphiné, au sein d’une famille modeste et décéda, après une carrière impressionnante, dans une grande solitude, à Lyon, le 22 novembre 1961. L’association des Amis de Ninon Vallin entreprend depuis des années de garder vive la mémoire de la cantatrice française. Pour commémorer le soixantième anniversaire de sa mort, la présidente, Christine-Marie Rogelle, et le directeur artistique, Patrick Baruel-Brussin, ont eu l’heureuse idée de fédérer plusieurs associations de la région pour organiser ce festival Ninon Vallin 21, une suite de concerts autour de la personnalité de la soprano, du 4 juillet au 22 novembre. Ainsi l’Association du Domaine de Milliassière , très impliquée dans ce projet, a invité à son festival de juillet, la soprano Sophie Marin-Degor qui a interprété des mélodies et des airs d’opéra et d‘opérette. Puis de ville en ville les concerts se sont succédés jusqu’à ce week-end du 20 au 22 novembre à la Côte St André où Patrick Baruel Brussin a donné, en préambule, une conférence passionnante sur Ninon Vallin. Il nous a fait découvrir, avec érudition et un grand talent de narrateur, des aspects méconnus de sa vie personnelle et professionnelle. Il nous a conté des tournées étonnantes en Russie, en Nouvelle-Zélande et en Australie et nous a surpris par ces récentes découvertes d’un séjour de Ninon Vallin à New York et de tournées en Amérique du nord, notamment au Québec où elle est très connue encore aujourd’hui. Espérons que la vingtaine d’enregistrements qui existent là-bas seront bientôt disponibles et diffusés en Europe. On sait que la plus grande partie de la carrière de Ninon Vallin a eu lieu au Rio de la Plata (Argentine et Uruguay). Ainsi, quand on parcourt les foyers du théâtre Colón on découvre au détour d’une colonnade un buste de Ninon Vallin, qui atteste de sa popularité là-bas. Patrick Baruel-Brussin a évoqué aussi la vie militante de la cantatrice, en particulier ses contacts avec la résistance durant l’occupation. Elle avait fait de son vaste domaine de la Sauvagère à Millery un refuge pour les amis qui fuyaient les nazis.
Jocelyne Lucas, Adrien Maza et Franck Masquelier © DR
Après la conférence, le Trio Granada (soprano, flûte et guitare) a donné un concert consacré à l’Espagne, un pays auquel Ninon Vallin était très attachée. Au programme, des œuvres de Granados, Manuel de Falla, Fernando Obradors, Federico García Lorca et Reynaldo Hahn (grand ami de Ninon Vallin), ainsi que des airs de zarzuelas interprétés par la soprano Jocelyne Lucas. Elle était accompagnée par le flûtiste Franck Masquelier et le magnifique guitariste Adrien Maza qui se taillait la part du lion dans ce concert. Son interprétation de Granada d’Albéniz et des Recuerdos de la Alhambra de Tarrega, avec une technique impeccable, était d’une poésie rare. Le dimanche 21, une cérémonie a eu lieu au cimetière de Millery à deux pas du domaine de la Sauvagère où Ninon organisait régulièrement des spectacles d’opéras dans son théâtre de verdure, qui accueillait jusqu’à mille spectateurs. Les journées Ninon Vallin 21 s’achèvent le lundi 22 novembre au Centre Culturel Jean-Moulin de Mions par un concert de Catherine Deprecq (soprano) et Florence Lecocq (mezzo-soprano) accompagnées par la pianiste Brigitte Gonin Chanut dans un programme de mélodies où Reynaldo Hahn côtoie Messager et Berlioz.