Représentation des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach dans la version récente de Michael Kaye qui contient de nombreux changements par rapport à la partition que l’on a l’habitude d’entendre. Le rôle de Giulietta, par exemple, souvent confié à des mezzo-sopranos, comporte des notes aigues qui ne peuvent être chantées que par un soprano. La production imaginative de Christopher Alden, combinée à la scénographie d’Allen Moyer et aux costumes séduisants de Constance Hoffmann, souligne la dimension onirique des contes originaux d’E.T.A Hoffmann.
Hoffmann est interprété par Paul Groves, une valeur sûre qui n’accuse aucun signe de fatigue dans un rôle pourtant éprouvant. Solide, son chant sait aussi se colorer en fonction des situations. Erin Wall, qui relève le défi de chanter Olympia, Antonia, Giulietta et Stella, fait preuve d’une belle aisance scénique. Vocalement, elle semble plus à l’aise dans les passages lyriques que dans les coloratures, qui demeurent un de ses points faibles. Kate Lyndsey offre à La Muse/Nicklause son timbre clair et opulent de mezzo. Les attitudes que lui impose la mise en scène (elle est souvent perchée sur un piano ou une table) ne perturbent en rien un legato onctueux. Son air « Vois sur l’archet frémissant » s’avère particulièrement émouvant. Wayne Tigges est diabolique à souhait : présence menaçante, chant incisif à la tonalité sombre. La version choisie le prive du fameux « Scintille diamant » mais sa partition comporte suffisamment de nouvelle musique pour que l’on ne s’en sente pas trop frustré. David Cangelosi, acrobate autant que ténor sonore et policé,fascine dans les rôles des 4 serviteurs – Andres, Cochenille, Franz et Pitichinaccio. Jill Groves sirote dans un coin un verre d’absinthe scène après scène, avant de se métamorphoser de manière surprenante en mère d’Antonia. La basse Harold Wilson, qui interprète Crespel et Luther, expose une voix prometteuse. Enfin, Mark Schowalter, en Spalanzani, est un excellent ténor comprimario.
Conduit bon train par Stephen Lord, le Santa Fe Opera Orchestra met en valeur les raffinements de la musique d’Offenbach. Une soirée vraiment intéressante.