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OFFENBACH, Les Contes d’Hoffmann – New-York (streaming)

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Spectacle
7 octobre 2024
Benjamin Bernheim, sans conteste le meilleur Hoffmann actuel

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra fantastique en cinq actes
Musique de Jacques Offenbach
Livret de Jules Barbier d’après le Drame fantastique éponyme de Jules Barbier et Michel Carré, inspiré de E.T.A. Hoffmann
Création à Paris, à l’Opéra-Comique le 10 février 1881

Détails

Mise en scène
Bartlett Sher
Reconstituée par Gina Lapinski
Décors
Michael Yeargan
Costumes
Catherine Zuber
Lumières
James F. Ingalls
Chorégraphie
Dou Dou Huang
Caméraman pour le cinéma
Gary Halvorson

Hoffmann
Benjamin Bernheim
Olympia
Erin Morley
Antonia / Stella
Pretty Yende
Giuletta
Clémentine Margaine
Lindorf / Coppélius / Dr. Miracle / Dapertutto
Christian Van Horn
La Muse / Nicklausse
Vasilisa Berzhhanskaya
Andrès / Cochenille / Frantz / Pitichinaccio
Aaron Blake
La voix de la mère d’Antonia
Eve Gigliotti
Spalanzani /Nathanaël
Tony Stevenson
Crespel / Maître Luther
Bradley Garvin
Hermann / Peter Schlemil
Jeongcheol Cha

Chœurs et Orchestre du Metropolitan Opéra
Chef des chœurs
Tilman Michael
Direction musicale
Marco Armiliato

Retransmission en direct du Metropolitan Opera de New-York
Paris, cinéma Pathé Wepler, samedi 5 octobre 2024 à 18h55

C’est avec Les Contes d’Hoffmann, dans la production de Bartlett Sher remontée par Gina Lapinski, que s’ouvre la nouvelle saison des retransmissions du Met dans les cinémas. Cette production avait déjà fait l’objet d’une diffusion dans les salles obscures lors de sa création en 2009. L’action est transposée dans les années 1920 si l’on en juge par les robes des protagonistes. Dans la taverne de Maître Luther sont disposées de grandes tables, des chaises, des tonneaux avec comme toile de fond ce qui semble être le rideau de scène d’une salle d’opéra. Côté cour, un petit bureau avec une machine à écrire sur laquelle travaille Hoffmann. Le cabinet de Spalanzani avec son bric-à-brac de fioles et de mannequins mutilés évoque le laboratoire d’un savant fou comme on peut en voir dans les films fantastiques du cinéma muet allemand, avant de se transformer en une sorte de music-hall éclairé par des guirlandes d’ampoules blanches, lorsque les invités entrent en scène, suivis par des danseuses qui semblent tout droit sorties du Lido, et des clowns qui exécutent un ballet pendant le chœur « Non aucun hôte vraiment ». Au cours du bal surgissent une demi-douzaine de clones d’Olympia qui valsent avec les invités. On se croirait soudain sur une des scènes de Broadway où Sher avait fait ses premières armes. Changement de climat avec l’acte de Munich. Sur le plateau nu se trouvent un guéridon, un fauteuil et un piano à queue qui se détachent sur une toile de fond bleue derrière laquelle on devine des arbres sans feuilles. Enfin le tableau vénitien nous transporte dans un palais richement décoré. Giulietta est vêtue d’une robe à paniers rouge grenat et porte une perruque poudrée. Elle est assise, entourée de danseuses à demi-nues allongées autour d’elle dans des poses lascives, une scène qui aurait sa place dans le Casanova de Fellini. Hoffmann fait son entrée sur une gondole rouge qui traverse le plateau. Les invités portent des tenues du dix-huitième siècle. Il s’agit sans doute d’une fête costumée, ce que semble confirmer la présence d’un clown blanc. La direction d’acteurs est parfaitement maîtrisée. Le fil conducteur du spectacle et la complicité qui unit les personnages diaboliques et Nicklausse, omniprésent sur le plateau, chacun ayant ses propres raisons pour faire échouer les entreprises amoureuses d’Hoffmann qui, de fait, retourne à sa machine à écrire à la fin de l’opéra sous le regard protecteur de la Muse.
D’après le programme, la partition proposée est celle de l’édition critique de Fritz Oeser. Ainsi Nicklausse chante « Voyez là sous son éventail » dans l’acte d’Olympia et « Vois sous l’archer frémissant » dans celui d’Antonia, l’ouvrage s’achève avec la magnifique apothéose finale « des cendres de ton cœur ». En revanche, l’acte de Giulietta est conforme à la version Choudens. Dapertutto y chante « Scintille diamant ». Si la musique est bien d’Offenbach, elle n’était pas destinée aux Contes. Cela dit cette page est restée célèbre et une partie du public serait déçue de ne pas l’entendre. En revanche le septuor composé par Raoul Gunsbourg pour la création à Monte-Carlo est totalement apocryphe et ne devrait plus être joué désormais au cours d’une représentation de l’ouvrage.

Les Contes d’Hoffmann  (©) Karen Almond / Met Opera

Comme toujours au Met la distribution ne souffre d’aucun point faible. Bradley Garvin est tout à fait convaincant en Maître Luther et se montre particulièrement émouvant dans le rôle de Crespel. Tony Stevenson possède une voix claire et bien projetée, son Spalanzani est malicieux à souhait et son Nathanaël domine le groupe d’étudiants. Jeongcheol Cha ne passe pas inaperçu dans le rôle de Schlemil grâce à sa voix particulièrement sonore. Aaron Blake est impeccable dans les quatre rôles de valets qu’il parvient à diversifier avec bonheur. Il fait de son air « Jour et nuit, je me mets en quatre » un irrésistible numéro de comédie qui lui vaut une ovation méritée. Eve Gigliotti fait une apparition inquiétante en mère d’Antonia qu’elle incarne avec un timbre brumeux. Dans le double rôle de La Muse et Nicklausse, Vasilisa Berzhhanskaya effectue des débuts prometteurs sur la scène du Met. La mezzo-soprano russe possède un timbre cuivré de toute beauté et un registre grave opulent. Elle exprime avec subtilité l’ambiguïté de son personnage présenté ici comme l’assistant muet du diable. Dans une robe à paniers qui la met particulièrement en valeur, Clémentine Margaine incarne Giulietta avec une voix sensuelle et enveloppante qui convient idéalement à ce personnage de courtisane. Depuis sa Fille du régiment in loco en 2019, la voix de Pretty Yende s’est étoffée sans rien perdre de son brillant. Le legato est toujours souverain et l’aigu triomphant. Son art de la demi-teinte permet à la soprano d’incarner une Antonia particulièrement émouvante chez qui l’on aurait souhaité cependant davantage de fragilité. Vêtue comme une poupée dans sa boîte, d’une robe rose de princesse et coiffée d’une couronne dorée posée sur sa perruque rousse, Erin Morley campe une Olympia éblouissante. Elle maîtrise comme personne l’art de la colorature, ses vocalises sont d’une redoutable précision et son trille impeccable. Durant l’entracte elle dit toute son admiration pour Natalie Dessay, la première Olympia qu’elle a entendue et comme elle, propose dans le second couplet des « Oiseaux dans la charmille » des variations spectaculaires qui montent jusqu’au contre-sol. Grand habitué des quatre rôles diaboliques, qu’il a déjà incarnés par deux fois aux côtés de Benjamin Bernheim, Christian van Horn a paru en net progrès tant sur le plan vocal qu’en ce qui concerne la diction. S’il en fait un peu trop dans le rôle de Coppélius, son docteur Miracle est particulièrement inquiétant. Il affronte avec brio le trio avec Antonia et sa mère, mené à vive allure par le chef. Son Dapertutto est finement nuancé, notamment dans l’air « Scintille diamant » qu’il interprète avec un impeccable legato jusqu’au sol dièse tenu sans effort.   Le grand triomphateur de la soirée est sans conteste Benjamin Bernheim qui, grâce à ces représentations, consolide sa réputation outre-Atlantique. Depuis sa prise de rôle à Hambourg en 2021, il a fait du personnage d’Hoffmann son rôle de prédilection. Paris, en décembre 2023 et le Festival de Salzbourg en août dernier ont acclamé son incarnation saluée par des critiques dithyrambiques. On ne sait qu’admirer le plus, son aigu glorieux, l’élégance de sa ligne de chant, son art de la nuance ou son impeccable diction. Tendre et lyrique, désespéré ou résigné, aucun affect du personnage ne lui échappe. Le ténor franco-suisse possède une technique remarquable qui lui permet d’aller jusqu’au bout de ce rôle écrasant sans que la voix ne trahisse la moindre fatigue.

A la tête d’un Orchestre du Metropolitan Opera en grande forme, on admirera notamment le pupitre des cordes, en particulier le somptueux solo de violon dans l’acte d’Antonia, Marco Armiliato propose une direction ferme et énergique avec un sens infaillible du rythme, sachant respecter l’équilibre entre voix et orchestre.       

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Opéra fantastique en cinq actes
Musique de Jacques Offenbach
Livret de Jules Barbier d’après le Drame fantastique éponyme de Jules Barbier et Michel Carré, inspiré de E.T.A. Hoffmann
Création à Paris, à l’Opéra-Comique le 10 février 1881

Détails

Mise en scène
Bartlett Sher
Reconstituée par Gina Lapinski
Décors
Michael Yeargan
Costumes
Catherine Zuber
Lumières
James F. Ingalls
Chorégraphie
Dou Dou Huang
Caméraman pour le cinéma
Gary Halvorson

Hoffmann
Benjamin Bernheim
Olympia
Erin Morley
Antonia / Stella
Pretty Yende
Giuletta
Clémentine Margaine
Lindorf / Coppélius / Dr. Miracle / Dapertutto
Christian Van Horn
La Muse / Nicklausse
Vasilisa Berzhhanskaya
Andrès / Cochenille / Frantz / Pitichinaccio
Aaron Blake
La voix de la mère d’Antonia
Eve Gigliotti
Spalanzani /Nathanaël
Tony Stevenson
Crespel / Maître Luther
Bradley Garvin
Hermann / Peter Schlemil
Jeongcheol Cha

Chœurs et Orchestre du Metropolitan Opéra
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Marco Armiliato

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Paris, cinéma Pathé Wepler, samedi 5 octobre 2024 à 18h55

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