Populaires mais finalement rares à Paris, les Carmina Burana de Carl Orff remplissaient le Théâtre des Champs Elysées deux soirs de suite autour des forces de Radio France, avec Ludovic Tézier en soliste principal. Le baryton français connait l’œuvre qu’il donnait encore récemment à la Cité Interdite à l’occasion de festivités autour du 120e anniversaire de Deutsche Grammophon. Aux côtés d’une Regula Mühlemann lumineuse et au contrôle du souffle impressionnant et d’un Matthias Rexroth très expressionniste dans le court lamento dévolu au contre-ténor, tout semblait réuni pour offrir une exécution de premier ordre. Pourtant, en ce premier concert, c’est arrimé à sa partition que Ludovic Tézier intervient. Quelques menues erreurs rythmiques ou des départs imprécis, dont il n’est pas le seul responsable, nuisent à une bonne exécution. Pour autant, le matériau vocal et la technique hors pair de Ludovic Tézier en font très certainement un interprète de premier ordre de cette partie vocale.
Une grande part de responsabilité incombe à Kazuki Yamada dont la battue métronomique se perd parfois dans une gestuelle chorégraphique qui n’est pas des plus lisibles. Le chef multiplie les ruptures de tempo que l’ensemble des forces en présence a parfois du mal à suivre. Surtout, en dehors de ces variations de forme, la lecture proposée s’avère d’une linéarité morne où chaque reprise n’offre qu’un miroir de l’exécution précédente et où l’on cherche en vain les stations nobles et profanes que dépeint Orff.
Les chœurs de Radio France se trouvent eux aussi disparates tout au long de la soirée. Les sopranos buttent à quelques reprises sur les notes les plus tendues, les hommes bataillent pour suivre le chef dans ses choix. Le positionnement au fond de la scène du Théâtre des Champs Elysées s’avère au désavantage de tous : cela assourdit l’émission dans une œuvre où ce sont pourtant bien les chœurs qui occupent la première place. Pour autant, de belles scènes – à la taverne ou encore dans la cour d’amour – se détachent, laissant présager de ce qui aurait pu être un tout autre concert.