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PUCCINI, Turandot – Berlin (Staatsoper)

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Spectacle
27 octobre 2024
Cherchez la femme !

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes et cinq tableaux
Musique de Giacomo Puccini sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Carlo Gozzi, créé le 25 avril 1926 à la Scala de Milan

Détails

Mise en scène
Philipp Stölzl
Décors
Philippe Stölzl, Franziska Harm
Costumes
Ursula Kudrna
Eclairages
Philipp Stölzl, Irene Selka

Turandot
Anna Samuil
Altoum
Florian Hoffmann
Timur
Grigory Shkarupa
Calaf
Brian Jagde
Liù
Evelin Novak
Ping
Bernhard Hansky
Pang
Andrés Moreno García
Pong
Florian Panzieri
Ein Mandarin
Friedrich Hamel

Staatsopernchor,Kinderchor der Staatsoper, Staatskapelle Berlin
Direction musicale
Giuseppe Mentuccia

Berlin (Staatsoper unter den Linden), vendredi 25 octobre 2024, 19h30

On a beau voir et revoir ce Turandot signé Philipp Stölzl à l’opéra d’Etat de Berlin, créé en 2022, le plaisir est intact, tant la mise en scène est riche, foisonnante, et on pourrait multiplier les superlatifs. Le Munichois est essentiellement présent sur les scènes germaniques, à Berlin (Staatsoper et Deutsche Oper), Baden-Baden, Munich ou Bregenz (c’est lui qui mettra en scène Der Freischütz pour l’édition 2025 des Bregenzer Festspiele ), et il signe ici une réussite incontestable, en conférant au personnage de Turandot une consistance peu commune. On le sait, la Princesse n’apparaît sur scène qu’au milieu du deuxième des trois actes et pourtant, dans cette proposition, son personnage est omniprésent sur scène (et il le sera, sous différents aspects, jusqu’à la scène finale) au travers d’une gigantesque marionnette qui occupe une bonne partie de la scène, du sol aux cintres et de cour à jardin. En étant ainsi à portée de main, et en subissant de multiples transformations (réalisée par une équipe de machinistes d’une belle dextérité), la princesse pékinoise, alors même qu’elle n’est pas réellement présente sur scène, nous est dépeinte sous tous ses – terribles – aspects.
En réalité c’est toute sa féminité qui est niée : on ne voit jamais son visage (emmitouflé sous un masque). Lorsque le masque de la marionnette tombe, au deuxième acte, c’est un crâne qui apparaît. L’immense robe à panier de la marionnette recèle un vide sidéral ; rien ne s’y trouve si ce n’est la mort qui rôde. Quand la robe est soulevée, on découvre, remplissant le vide, le supplice de tous ceux qui ont cherché à deviner l’identité de Turandot, qui ont échoué, et qui meurent dans d’atroces souffrances. Plus tard, le socle où repose cette robe se révélera être un immense entassement des crânes des malheureux. On se demande bien comment Calaf peut être amoureux de ce monstre !
Turandot est en réalité prisonnière de son propre rôle, de sa propre image. Ainsi, lorsqu’elle finit par apparaître, elle s’extirpe elle-même des dessous de la robe à panier, vêtue à l’identique de sa propre marionnette. Belle idée que Stölzl a ajoutée à sa conception originale. Turandot n’arrive donc jamais à sortir de son propre rôle, elle ne parvient pas à ne pas être une marionnette, elle ne parvient pas à être une femme, sensuelle, sensible, aimante, sexualisée.


© Matthias Baus

Dans la mise en scène de Stölzl, il n’y a pas de happy end, la princesse ne subit pas l’improbable coup du destin qui veut qu’elle finisse par aimer Calaf. Cela lui est impossible ; du début à la fin, elle ne se départira pas d’elle-même, elle ne tombera pas le masque – de fait, on ne verra jamais son visage. Et ainsi, lorsque Calaf, qui a triomphé de toutes les épreuves, pense enfin avoir gagné le cœur de Turandot, celle-ci préfère s’empoisonner, non sans avoir, ultime cruauté, donné au prince un avant-goût de ce qui aurait pu être leur idylle. Stölzl propose ici, en plus de la mise en scène, des décors grandioses centrés exclusivement autour de la marionnette, et des éclairages de toute beauté, qui rendent discrètement l’orientalisme de la situation. C’est une proposition scénique qui continue à conquérir le public berlinois ; salle comble encore et standing ovation de l’orchestre au troisième balcon !
Giuseppe Mentuccia dirige une Staatskapelle moins appliquée que la veille. Quelques décalages malvenus, un équilibre entre fosse et scène qui ne s’est pas fait immédiatement, mais, toujours, un orchestre de luxe pour une partition luxuriante.
Les trois acolytes Ping (Bernhard Hansky), Pang (Andrés Moreno Garcia) et Pong (Florian Panzieri) sont savoureux au II, notamment dans l’évocation nostalgique de leur douce retraite de province. Grygory Shkapura est un vieillard ma foi bien vaillant, son Timur est expressif à souhait. Florian Hoffmann semble bien jeune pour incarner de manière crédible Altoum, le père de Turandot ; mais la voix est bien posée et passe la rampe sans difficulté. Evelin Novak est une Liù émouvante ; la voix est claire, les aigus filés à souhait. On découvre en Brian Jagde, Alvaro performant dans La Forza del destino new-yorkaise, au printemps dernier, un fier Calaf. Il a mené les trois actes avec une parfaite économie de ses moyens, culminant  avec un « Nessun dorma » bien mené : timbre clair, héroïque, puissant, les spectateurs n’ont pas attendu pour manifester bruyamment leur enthousiasme. Anna Samuil enfin est une princesse Turandot aux aigus percutants, incisifs, parfois même stridents. On ne demande certes guère de nuances dans ce rôle mais une diction moins approximative ne nous aurait pas déplu.

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Opéra en trois actes et cinq tableaux
Musique de Giacomo Puccini sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Carlo Gozzi, créé le 25 avril 1926 à la Scala de Milan

Détails

Mise en scène
Philipp Stölzl
Décors
Philippe Stölzl, Franziska Harm
Costumes
Ursula Kudrna
Eclairages
Philipp Stölzl, Irene Selka

Turandot
Anna Samuil
Altoum
Florian Hoffmann
Timur
Grigory Shkarupa
Calaf
Brian Jagde
Liù
Evelin Novak
Ping
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Pang
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Berlin (Staatsoper unter den Linden), vendredi 25 octobre 2024, 19h30

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