Entre deux représentations de Nabucco, l’avant-scène du théâtre national du Capitole de Toulouse a laissé une petite place à l’orchestre et aux chœurs de l’Opéra Royal de Versailles, ainsi qu’aux huit chanteurs pour une représentation unique de Didon et Enée, donnée dans une version mise en espace. Œuvre multiforme, aux teintes et facettes sans cesse changeantes, qui offre un concentré rare des amours impossibles entre la reine de Carthage et le héros troyen. Une heure de musique qui disent les ambiances festives, amoureuses, champêtres, angoissantes et finalement tragiques qui parcourent les trois actes, donnés ce soir sans interruption. L’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles est solidement arrimé aux larges épaules de Stefan Plewniak qui dirige du violon avec une fougue et un engagement communicatifs. Le chef polonais en impose par sa stature et sa large cape noire qui le ferait vite passer pour un complice de la sorcière. Les tempi sont entièrement cohérents, du plus énergique (la tempête du I) au plus langoureux pour la scène et le chœur conclusifs. Les choristes sont attentifs aux indications du chef et l’idée de les faire glisser vers l’avant-scène pour le « With drooping wings » final est une heureuse initiative.
A part Didon, Enée et Belinda, tous les protagonistes sont issus du chœur. Pauline Gaillard est une sorcière maléfique en diable qui distille son venin sans parcimonie aucune, grâce à une voix bien calibrée et tout en équilibre. Attila Varga-Toth (un marin) est aussi une belle découverte : son ténor est limpide et aisé. Saluons également le superbe contre-ténor de Arnaud Gluck (un Esprit) dont la personnalité réussit à s’imposer malgré la brièveté du rôle. Lili Aymonino en deuxième suivante seconde la Belinda de Sarah Charles ; toutes deux forment un ensemble très harmonieux au I (« Fear no danger to issue »). Parmi les quatre talents issus de l’Académie de l’Opéra Royal, on retrouve en Enée le baryton Halidou Nombre qui doit tenir tête à Didon. Si la prononciation laisse clairement à désirer au I, ce travers se dissipe au III et l’émotion l’emporte. Enée ne peut résister à Didon. Et qui pourrait résister à Sonya Yoncheva dont, s’il le fallait, nous ne retiendrions que l’ultime « When I am laid in earth », temps suspendu, chaconne funèbre dont on voudrait qu’elle ne s’achève jamais. Tout avait commencé au I par un « Ah Belinda ! » d’une langueur sans pareille. Pour cette scène conclusive, il n’y a plus d’approximations dans la voix, il n’y a plus d’artifices, il n’y a plus que la douleur érigée en fierté. La voix nous envoute, on entend le chatoiement des ultimes résistances à l’amour, avec cet indicible souffle chaud qui accompagne les sons longs et filés.
Ce faisant Sonya Yoncheva revient à un répertoire qu’elle a largement exploré depuis sa participation au Jardin des Voix (3e édition) de William Christie. Que de chemin parcouru et qu’il est beau de revenir ainsi à ses premières amours.
L’ensemble, le chef et la soprano n’en sont pas à leur première collaboration. En novembre 2022, ils donnaient un récital Haendel dans la Galerie des glaces du Château de Versailles et l’année dernière, un récital de Noël à la Chapelle Royale qui sera donné de nouveau le 23 décembre prochain. Après ce tour de chauffe toulousain, l’Opéra Royal de Versailles proposera cinq représentations de Didon et Enée avec la même distribution mais dans une version mise en scène par Cécile Roussat et Julien Lubek à partir du 18 octobre. Forumopéra sera présent pour la première. Puis, après Versailles, ce sera l’Espagne le 24 octobre à Madrid (Auditorio Nacional de Musica) et le 26 octobre à Oviedo.
PURCELL, Dido and Æneas – Toulouse
- Œuvre
- Auteur
- Compositeur
- Editeur
- Labels
- Lieu
- Saison
- Orchestre
Note ForumOpera.com
Infos sur l’œuvre
Opéra en trois actes
Musique de Henry Purcell sur un livret de Nahum Tate
Créé en 1687 ou 1688 à la Boarding School for young Ladies de Chelsea, Londres
Détails
Didon
Sonya Yoncheva
Belinda
Sarah Charles
Énée
Halidou Nombre
La Sorcière / Un Marin
Attila Varga-Tóth
Sorcières
Pauline Gaillard, Yara Kasti
Un Esprit
Arnaud Gluck
Deuxième Suivante
Lili Aymonino
Orchestre et Chœur de l’Opéra Royal de Versailles
Direction musicale
Stefan Plewniak
Version de concert mise en espace
Toulouse, théâtre du Capitole
Lundi 7 octobre 2024, 20h
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Créé en 1687 ou 1688 à la Boarding School for young Ladies de Chelsea, Londres
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Didon
Sonya Yoncheva
Belinda
Sarah Charles
Énée
Halidou Nombre
La Sorcière / Un Marin
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