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RAVEL, Daphnis et Chloé, et autres oeuvres – Montpellier (Festival Radio France)

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Spectacle
11 juillet 2024
Ravel et les autres

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Maurice Ravel
Amants qui suivez le chemin, sur un poème d’Armand Silvestre, pour choeur mixte et orchestre (création mondiale)

Charlotte Sohy
Thème varié pour violon et orchestre, op. 15

Gabriel Fauré
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 14

Maurice Ravel
Ma Mère l’Oye, cinq pièces enfantines
Daphnis et Chloé, suite n°2  (Lever du jour, Pantomime, Danse générale)

 

Renaud Capuçon, violon

Fanny Soyer, soprano

Les Siècles
Chœur de Radio France
Chef de chœur

Lionel Sow

Direction musicale
Louis Langrée

Montpellier, Festival Radio France Occitanie Montpellier, Le Corum, 9 juillet 2024, 20h

Concert diffusé en direct sur France Musique


Concert prometteur, équilibré, dont la première partie est à découvrir, la seconde étant l’assurance de retrouver des œuvres familières comme génératrices de bonheur.

Le Festival Radio France Montpellier Occitanie n’aura pas attendu l’année Ravel (2025) pour en révéler une œuvre inédite, acquise fin 2023 par la Bibliothèque nationale de France : une Chanson galante sur un poème d’Armand Silvestre, écrite pour chœur mixte et orchestre (bois et cors par deux, timbales et cordes). Si « Amants qui suivez le chemin » n’ajoute rien à l’art de Ravel, le chœur éclaire d’un jour nouveau sa jeunesse et ses premiers essais, au charme fauréen indéniable (1). Chacun des cinq quatrains fait l’objet d’un traitement choral et orchestral spécifique, renouvelé, et la pâte sonore ne manque jamais de séduction.

Malgré la redécouverte récente de nombre de figures féminines, l’œuvre de Charlotte Sohy reste injustement dans la pénombre et mérite pleinement l’écoute. Son Thème varié, orchestration en 1924 d’une pièce originellement destinée au violon et au piano, est confié à Renaud Capuçon. D’un romantisme abouti, élégant, inventif et clair, la pièce est servie remarquablement par notre soliste comme par un orchestre ductile et chatoyant. Enfin, toujours confié au violon, le premier mouvement d’un concerto, lui aussi en ré mineur, de Gabriel Fauré, dont c’est l’opus 14 (2). Le lyrisme en est constant, l’orchestration savoureuse, et le soliste y trouve une occasion de démontrer son expression virtuose. La construction, bien que traditionnelle, conduit à une animation progressive jusqu’au grandiose, avant le retour du thème lyrique et l’accélération finale. Bien qu’il s’écoute sans déplaisir, on comprend qu’il soit demeuré dans l’ombre. De ces curiosités qui ne bouleversent pas les hiérarchies établies, nous retiendrons essentiellement l’œuvre de Charlotte Sohy, dont la maîtrise est évidente.

Après les découvertes, les retrouvailles, les valeurs sûres : Ma mère l’Oye, puis la deuxième suite de Daphnis et Chloé (3). Il ne manquait aux cinq pièces enfantines, bien connues, qu’un tempo (4) et une expression justes de la Pavane de la Belle au bois dormant, pour que le ravissement soit complet. On souffre pour les bois et les cors tant la longueur de souffle qui leur est imposée est éprouvante, sans que l’expression y trouve son compte. Rien ne réveillera cette Belle au bois dormant. Après ces vingt mesures, qui paraissent très longues, ennuyeuses, le Petit Poucet nous comble par ses modelés, sa précision, ses cordes avec sourdine, les glissandi du violon solo, le solo de cor anglais, ça vit, ça respire. Le bonheur absolu. Laideronnette n’est pas moins admirable, émouvante, onirique. Les Entretiens de la Belle et de la Bête, sensuels, aux modelés superbes, caressants, soupirants, nous ravissent. Malgré la césure écrite, le chef enchaîne Le Jardin féerique, des applaudissements intempestifs ayant rompu le charme des pièces précédentes. Le bonheur est complet, servi par un orchestre exemplaire et par une direction – mains nues – qui sculpte, construit, pour une conclusion euphorique.

Pour la seconde suite de Daphnis et Chloé, nous retrouvons le Chœur de Radio-France, toujours parfaitement préparé par Lionel Sow. Placé sur trois rangs surélevés, en fond de scène, leur équilibre avec les musiciens des Siècles, jouant sur instruments d’époque, dans la plus grande formation, sera idéal. La précision de la notation de Ravel (ainsi « aucun bruit que le murmure des ruisselets amassés par la rosée qui coule des roches », indique-t-il ainsi pour commencer le Lever du jour) trouve ce soir une traduction exemplaire. Louis Langrée, muni de sa baguette cette fois, va insuffler une énergie formidable à ses complices. Les épanchements, le lyrisme sensuel, comme les contrastes, les ponctuations, les progressions paroxystiques, tout est là. Chaque pupitre excelle, de la petite harmonie aux cuivres et percussions, des harpes au célesta, aux cordes, exceptionnelles. La fusion des voix et des instruments est magique, pour culminer dans le finale de la Danse générale, frénétique explosion de joie, aux clameurs polovtsiennes. La salle exulte comme jamais et la reprise en bis de ce dernier volet renouvelle l’enthousiasme du public.

(1) Daté des premières années du XXe S, on y reconnaît aussi l’influence de Debussy, dont Ravel venait de signer la réduction des Trois nocturnes. Le texte de cinq quatrains n’en est pas intelligible, et il faut regretter qu’il n’ait été ni diffusé, ni accessible. Tiré du recueil « Vers pour être chantés » (publié en 1892), il s’achève sur : 

« Amants, gardez-vous de guérir
Le mal charmant qui vous enivre.
Il n’est que d’aimer pour souffrir.
Mais il n’est que d’aimer pour vivre ! ».
(2) Fauré n’était pas vraiment satisfait de ce concerto et il en détruisit le second mouvement. 
(3) Le programme initial nous promettait l’intégrale du ballet, rare au concert. A-t-on gagné au change ?
(4) Ravel indique : Lent, la noire à 58... On est très deçà.

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Maurice Ravel
Amants qui suivez le chemin, sur un poème d’Armand Silvestre, pour choeur mixte et orchestre (création mondiale)

Charlotte Sohy
Thème varié pour violon et orchestre, op. 15

Gabriel Fauré
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 14

Maurice Ravel
Ma Mère l’Oye, cinq pièces enfantines
Daphnis et Chloé, suite n°2  (Lever du jour, Pantomime, Danse générale)

 

Renaud Capuçon, violon

Fanny Soyer, soprano

Les Siècles
Chœur de Radio France
Chef de chœur

Lionel Sow

Direction musicale
Louis Langrée

Montpellier, Festival Radio France Occitanie Montpellier, Le Corum, 9 juillet 2024, 20h

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