Rien de bien nouveau dans le récital de Felicity Lott et Isabelle Moretti, qui a été souvent donné depuis la fin des années 2000, et fait l’objet d’un CD chez Naïve sous le tire Cantare. Mais alors qu’il avait pu être reproché aux deux artistes un côté un peu amateur dans leur présentation (voir le compte rendu de François Lesueur en 2009 [Duo sur canapé] ), ce soir point de longs discours, et seule Dame Felicity Lott, en longue robe rouge et cape de tulle noir, explique d’un ton enjoué le contenu des mélodies qu’elle chante en italien. Reste qu’une petite heure de concert, comme le soulignait une spectatrice en sortant, c’est quand même peu quand on a fait l’effort de venir de très loin. Et que l’on aurait aimé découvrir quelques « nouveautés ».
Grâce à la perfection de sa technique vocale, Felicity Lott (qui chante sans partition, vieille école oblige) arrive à gommer des ans l’irréparable outrage, et nous offre des sons filés, des pianissimi impalpables, des aigus rayonnants. L’articulation et la projection font que l’on ne perd pas un mot, et beaucoup de jeunes chanteurs français auraient intérêt à suivre ses master classes. Fauré (prudent et couvert pour commencer) et Debussy bénéficient ce soir de l’investissement à la fois rayonnant et apaisé de l’artiste.
André Messager et Reynaldo Hahn se partagent les plus grands succès de la soirée. La cantatrice arrive même à rendre audible et intéressant – grâce également à une gestuelle adaptée et à un humour au second degré – un texte aussi rabâché que celui du Frou-Frou de Chatau et Delormel. Quant à Parlez-moi d’amour, elle susurre le « je vous aime » d’une façon si inimitable que chacun peut l’entendre à son profit. Entre marshmallows et After Eight, un agréable moment musical plein de fantaisie et d’émotion, baigné d’un parfum délicieusement suranné. Subjugué par la musicalité et le charisme de la diva, le public est sous le charme et lui fait un triomphe.
Isabelle Moretti l’accompagne avec art, et joue deux morceaux en soliste dont l’insipide sérénade d’Elias Parish-Alvars, avec une technique également parfaite, trop peut-être au point d’être parfois un peu froide. Mais en tout état de cause plus proche en termes d’intérêt de Lily Laskine, que de Marielle Nordmann.