The Arts Arena, association créée en France en 2007, organise régulièrement des événements artistiques à Paris, Londres et New York afin d’établir des liens entre les Arts et le monde de l’économie, des sciences, de la technologie et du développement durable. C’est la prestigieuse Yale School of Music, partenaire de l’association, qui présentait à Paris, ce 24 octobre, trois de ses artistes (A Yale tous les musiciens retenus bénéficient d’une bourse qui couvre tous les frais) dans le cadre royal de la Galerie Dorée de la Banque de France. Quel niveau !
La violoniste américano-taïwanaise Sirena Huang a ouvert le feu avec, notamment, un caprice de Paganini distillé avec une finesse, une virtuosité et surtout une expressivité rares. Le pianiste russe Vyacheslav Gryaznov a joué deux de ses nombreux arrangements (Borodine et Glinka) avec un brio époustouflan et un jeu quasi symphonique.
Enfin le ténor mexicain Luis Aguilar Regalado a bouleversé le public par l’intensité et la sensibilité de son chant et par sa musicalité sans faille. Le Mexique est un pays de grands ténors (On songe à Ramón Vargas et Rolando Villazón). Aguilar Regalado ne dépare pas à leur côté. Sa voix de ténor lyrique au timbre lumineux et velouté, admirablement conduite, parvient tout à fait à l’exaltation du Poème d’un Jour de Fauré. Sa « Furtiva Lagrima » a déclenché un enthousiasme impressionnant. C’est du grand bel canto. Sa ligne de chant lui permet de se jouer des difficultés et de nous offrir à la fois de la vaillance et de sublimes piani et messa di voce toujours portés par l’émotion. Il incarne, ensuite, à merveille le personnage de Lenski d’Eugène Onéguine dans un russe impeccable, avec la belle déclamation et les couleurs que requiert cet air si théâtral. Enfin il fait feu de tout bois dans « No puede ser » d’une zarzuela de Sorozábal, air favori de Placido Domingo, qui s’achève, après une phrase déchirante, par un aigu puissant et rayonnant. Pour terminer, les trois artistes ont interprété Masssenet et Xavier Leroux (oublié chez nous mais toujours chanté en Amérique Latine où il a séjourné), et, en bis, un bel arrangement de la « Jota » et la « Nana » de Manuel de Falla.
Luis Aguilar Regalado a 25 ans. Il est né, nous dit-il, au sein d’une famille modeste près de Monterrey. Un professeur de musique, nommé dans sa petite ville de Torreón, décide de monter une chorale et écoute tous les enfants des écoles publiques de la région. C’est là qu’il entend Luis, alors jeune soprano de neuf ans qui ne rêve qu’au football et se découvre une voix qu’il pourra ainsi travailler. Plus tard un professeur de chant canadien l’entend à Mexico et lui propose de venir étudier avec lui dans le Connecticut (USA) où il enseigne près de New Haven. Les progrès sont tels que son maître l’encourage à se présenter aux auditions de la Yale School of Music où il est aussitôt accepté. Regalado (qui veut dire « offert ») a bien compris, à Yale, que le talent appelle le travail et qu’il lui faudra veiller sans cesse à rester dans un répertoire qui est le sien et à refuser les engagements qui pourraient le mettre en danger.