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Récital — Orange

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Spectacle
30 juillet 2012
Mosaïques vocales

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Diana Damrau
soprano
Béatrice Uria-Monzon
mezzo-soprano

Première partie

Giuseppe Verdi
La Forza del Destino, Ouverture
Don Carlo, Air d’Eboli : « O don fatale »

Gaetano Donizetti
Linda di Chamounix, Air de Linda : « Ah, tardai troppo… O luce di quest anima »

Amilcare Ponchielli
La Gioconda, Air de Laura : « Stella del marina »

Vincenzo Bellini
I Puritani, Air d’Elvira : « Qui la voce… Vien diletto »

Gioachino Rossini
Semiramide, Ouverture

Gaetano Donizetti
La Favorita, Air de Leonora : « O, mio Fernando »
Lucia di Lammermoor,Air de Lucia : « Regnava nel silenzio »

Jacques Offenbach
Les Contes d’Hoffmann, Duo Giulietta – Nicklausse : « Barcarolle »

Deuxième partie

Hector Berlioz
La Damnation de Faust
Marche Hongroise
Air de Marguerite : « D’amour l’ardente flamme »

Giuseppe Verdi
Rigoletto, Air de Gilda : « Gualtier maldè… caro nome »

Vincenzo Bellini
La Sonnambula, Air d’Amina : « Ah, non credea mirarti… Ah, non giunge »

Giacomo Puccini
Tosca, Air de Tosca : « Vissi d’arte, vissi d’amore »

Giuseppe Verdi
Le Corsaire, Ouverture

Hector Berlioz
Les Troyens, Air de Didon : « Ah, je vais mourir »

Léo Delibes
Lakmé, Duo Lakmé-Mallika : « Viens Mallika »

Bis

Diana Damrau

Vincenzo Bellini
I Capuleti e i Montecchi, Air de Giulietta : « O quante volte »

Charles Gounod
Roméo et Juliette, Air de Juliette : « Je veux vivre »

Béatrice Uria-Monzon

Jules Massenet
Herodiade, Air de Salomé : « Il est doux, il est bon »

Diana Damrau et Béatrice Uria-Monzon

Jacques Offenbach
Reprise de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann donnée en fin de 1ère partie

Orchestre National de France
Direction musicale
Michel Plasson

Orange, Théâtre antique (dans le cadre des Chorégies), lundi 30 juillet 2012, 21h30

 
 
Pour ce récital de dive donné dans le décor grandiose de l’immense théâtre antique d’Orange, le programme prévoit dans son déroulement et dans le choix des airs une alternance des timbres et des tessitures, des tonalités et des registres, mais aussi leur union sous la forme de quelques duos – tout cela dans un échange constant avec l’orchestre jouant le rôle de troisième grand acteur de cette manifestation. Placée donc sous le double signe du contraste et de la complémentarité, la soirée présente la succession et, à la fin de chacune des deux parties, la réunion des voix d’une diva brune – Béatrice Uria-Monzon – et d’une diva blonde d’autant plus épanouie qu’elle attend sous peu la naissance de son second enfant – Diana Damrau, étonnamment à l’aise dans ces circonstances sur cette scène gigantesque. L’Orchestre National de France, magnifiquement dirigé par Michel Plasson donne aussi des pièces purement instrumentales au début et au milieu de chaque partie, avec une précision et une subtilité marquantes dans l’ouverture de La Force du destin et dans la Marche hongroise de La Damnation de Faust. Au reste, le choix des parties instrumentales vient compléter avec bonheur le programme vocal, ce qu’illustre particulièrement l’exécution virtuose de la brillante ouverture de Semiramide.

 

Jouant de tout ce qui peut opposer les couleurs sombres d’un mezzo-soprano aux envolées aériennes d’un soprano colorature, les deux cantatrices cultivent pour ce projet commun leurs différences, y compris dans ce qui les caractérise profondément. Ainsi de l’aisance sur scène de Diana Damrau et de sa spontanéité, s’opposant à la retenue de Béatrice Uria-Monzon, d’apparence plus calme et posée. La complémentarité des voix va de pair avec celle des personnalités. L’élégance commune aux deux cantatrices fait de leurs duos des moments particulièrement réussis, à tel point d’ailleurs que le dernier bis est la reprise du duo Giulietta-Nicklausse des Contes d’Hoffmann qui clôture la première partie.
 

Si tout est parfaitement réussi, la première partie paraît un peu lisse, certes techniquement impeccable, donnant à entendre un beau son, des vocalises maîtrisées et des nuances travaillées quoique pas toujours parfaitement audibles. La distance est si grande entre la scène et le public qu’elle dessert parfois les notes graves de Béatrice Uria-Monzon. Le récital ne devient véritablement émouvant que vers la fin de cette première partie, avec le superbe « Regnava nel silenzio » de Lucia di Lammermoor et la Barcarolle des Contes d’Hoffmann (que la reprise sous forme de bis rendra plus lyrique encore). Après la pause, en revanche, tandis qu’un léger vent se lève, une passion plus intense se déploie, accompagnant des changements de tenues, les deux cantatrices ayant troqué leurs robes aux couleurs sombres et froides pour de nouveaux vêtements : Béatrice Uria-Monzon, habillée de blanc et de jaune, subjugue le public avec « D’amour l’ardente flamme », chanté avec une rare intensité, tandis que tous les cœurs sont plus tard captifs de la voix de Diana Damrau, sompteusement vêtue de rouge et d’orange, subtile et raffinée dans l’air de La Somnambule « Ah non credea mirarti ». Et l’on ne peut que céder à nouveau aux accents déchirants de « Vissi d’arte, vissi d’amore » interprété par Béatrice Uria-Monzon – que nous avions eu le bonheur d’entendre lors de sa prise de rôle en Avignon pour Tosca en mai dernier (voir recension).
 Dans cette forme de surenchère lyrique qui s’apparente aussi dans l’esprit du public, époque oblige, à des jeux olympiques du chant, l’air de Gilda réserve cependant une surprise au cours d’un spectacle où la simplicité et l’humour (bienvenu quand le vent emporte inopinément une partition) le disputent à l’amour de la musique. Au beau milieu de l’air « Caro nome » (Rigoletto), Diana Damrau ne reprend pas en même temps que l’orchestre, provoquant un instant de flottement vite maîtrisé par Michel Plasson dont la baguette reste en suspens. « Excusez-moi, je me suis trompée », chante Diana Damrau avec un sourire charmant et beaucoup de naturel. Aussitôt applaudie, elle tourne deux ou trois fois sur elle-même, prend sa tête entre ses mains à la suite d’une première reprise qui tourne court. Michel Plasson s’adresse alors à son tour au public : « Elle a une si jolie voix que nous allons recommencer ». Et Diana d’ajouter : « la partition est restée à la maison dans un carton ». Bien entendu, l’air est ensuite parfaitement exécuté, avec une maîtrise, un lyrisme et un impact redoublés par l’incident.
 
Diana Damrau offre deux bis, dont l’un est l’air de Giuletta « O quante volte », initialement annoncé dans le programme et qui en avait disparu (il figurait dans la première partie qui devait se conclure par le duo Giulietta-Romeo : « Odi tu ?… Vieni, ah ! vieni » de I Capuletti et i Montecchi de Bellini). Béatrice Uria-Monzon donne une interprétation sensible de l’air de Salomé (dans Herodiade de Massenet) « Il est doux, il est bon », avant la reprise du duo d’Offenbach.
 

De cette très belle soirée sous les étoiles, on retiendra également qu’une cigale s’efforçant, par moments avec succès, de rivaliser avec l’orchestre lors du morceau d’ouverture, s’est tue subitement dès que la voix de Béatrice Uria-Monzon (« O don fatal ») s’est élevée et ne s’est plus fait entendre par la suite. C’est qu’en tous points et à tout moment les deux immenses cantatrices ont fait preuve d’une virtuosité qui n’exclut jamais la musicalité, de prouesses techniques qui laissent intacte la force du sentiment – le duo de Lakmé, en conclusion de la seconde partie, en est un exemple saisissant. Ces extraits d’opéras assemblés en fonction des couleurs et des figures faisaient penser à des mosaïques vocales ornant la scène du théâtre romain.

 

 

 

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Diana Damrau
soprano
Béatrice Uria-Monzon
mezzo-soprano

Première partie

Giuseppe Verdi
La Forza del Destino, Ouverture
Don Carlo, Air d’Eboli : « O don fatale »

Gaetano Donizetti
Linda di Chamounix, Air de Linda : « Ah, tardai troppo… O luce di quest anima »

Amilcare Ponchielli
La Gioconda, Air de Laura : « Stella del marina »

Vincenzo Bellini
I Puritani, Air d’Elvira : « Qui la voce… Vien diletto »

Gioachino Rossini
Semiramide, Ouverture

Gaetano Donizetti
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Lucia di Lammermoor,Air de Lucia : « Regnava nel silenzio »

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Les Contes d’Hoffmann, Duo Giulietta – Nicklausse : « Barcarolle »

Deuxième partie

Hector Berlioz
La Damnation de Faust
Marche Hongroise
Air de Marguerite : « D’amour l’ardente flamme »

Giuseppe Verdi
Rigoletto, Air de Gilda : « Gualtier maldè… caro nome »

Vincenzo Bellini
La Sonnambula, Air d’Amina : « Ah, non credea mirarti… Ah, non giunge »

Giacomo Puccini
Tosca, Air de Tosca : « Vissi d’arte, vissi d’amore »

Giuseppe Verdi
Le Corsaire, Ouverture

Hector Berlioz
Les Troyens, Air de Didon : « Ah, je vais mourir »

Léo Delibes
Lakmé, Duo Lakmé-Mallika : « Viens Mallika »

Bis

Diana Damrau

Vincenzo Bellini
I Capuleti e i Montecchi, Air de Giulietta : « O quante volte »

Charles Gounod
Roméo et Juliette, Air de Juliette : « Je veux vivre »

Béatrice Uria-Monzon

Jules Massenet
Herodiade, Air de Salomé : « Il est doux, il est bon »

Diana Damrau et Béatrice Uria-Monzon

Jacques Offenbach
Reprise de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann donnée en fin de 1ère partie

Orchestre National de France
Direction musicale
Michel Plasson

Orange, Théâtre antique (dans le cadre des Chorégies), lundi 30 juillet 2012, 21h30

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