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FAURÉ, Requiem — Paris (Pleyel)

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Spectacle
9 février 2011
Requiem Fauré Dream

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Gabriel Fauré (1845-1924)
Pavane, pour orchestre et chœur mixte en fa dièse mineur, op. 50
Elégie, pour violoncelle et orchestre en ut mineur, op. 24
Psaume, Super flumina Babylonis, pour chœur mixte et orchestre
Cantique de Jean Racine, pour chœur mixte à quatre voix et orchestre

Entracte

Messe de Requiem, pour soprano et baryton, chœur mixte, orgue et orchestre en ré mineur, op. 48

Matthias Goerne : baryton
Chen Reiss : soprano
Eric Picard : violoncelle

Choeur de l’Orchestre de Paris
Chef de chœur : Stephen Betteridge
Orchestre de Paris
Violon solo : Philippe Aïche
Direction : Paavo Järvi

Paris, Salle Pleyel, Mercredi 9 février 2011

En prenant la direction de l’Orchestre de Paris en septembre, Paavo Järvi souhaitait accorder une place privilégiée au répertoire français. Le début de sa saison annonçait quelques prometteuses redécouvertes, à commencer par Kullervo de Sibelius ou La Peri de Dukas. Au contraire, le programme de ce soir est extrêmement traditionnel, exception faite du Psaume Super flumina Babylonis, présenté par Fauré en 1863 au concours annuel de composition de l’Ecole Niedermeyer et dont l’Orchestre de Paris donne la première audition publique ce soir. Ce programme monographique fait l’objet d’un enregistrement à paraître chez Virgin à la rentrée prochaine.

Diamétralement opposée aux multiples interprétations fauréennes qui ont cours, souvent suaves, parfois pathétiques et régulièrement écœurantes, le chef estonien préfère ce soir une interprétation épurée, recherchant une certaine forme d’intimité. Pourtant, l’atmosphère musicale qui nait de sa baguette a quelque chose d’analytique, de sec et d’austère. Bien entendu, l’essentiel du programme est religieux, et on ne saurait attendre du chef qu’il nous transporte dans la fièvre d’un boudoir. Mais il manque à cette musique un soupçon de chaleur, un zeste de sensualité pour la savourer pleinement.

Pourtant, l’arrivée de ce nouveau chef fait la joie de l’Orchestre de Paris dont on mesure les progrès incontestables : les musiciens ont trouvé une réelle homogénéité, particulièrement probante chez les cordes. Les timbres sont biens caractérisés, la sonorité est claire. Mais toute forme d’abandon a résolument disparue.

La première partie du concert est un peu décevante. La Pavane s’annonçait prometteuse, introduite par le chant lascif du flutiste Vicens Prats. Mais rapidement, le chœur tardant à s’investir, la danse se raidit et se débarrasse de ses rondeurs. L’interprétation du violoncelle solo Eric Picard, dans Elégie manque un peu de relief et de maturité, notamment dans les phrasés. Le Psaume est « très honorable »1 comme la partition du tout jeune Fauré, manquant un peu de lisibilité dans l’écriture. En revanche, dans le Cantique, la légèreté des cordes, la chaleur des bois, les délicates progressions harmoniques des chœurs cisèlent un chant pieux et séraphique.

En deuxième partie, Paavo Järvi, loin des préoccupations historicistes modernes, a choisi une version tardive du Requiem, avec grand orchestre. Et pourtant, jamais il ne prend le partie du nombre et du spectaculaire. Le chef recherche, fouille, explore tous les recoins de la partition et réattribue à chaque pupitre la parfaite mesure de son chant.
Aussi, l’orchestre est excellent, que ce soit dans le balancement des cordes en rythme pointé de l’Introit, dans les jeux d’ombres et de lumières de l’introduction orchestrale de l’Offertoire, dans les arpèges chauds de la harpe au moment du Sanctus, dans la couleur et la densité du son des cors notamment à la fin de l’Agnus Dei.

Quant au chœur, il a été façonné d’une bien stupéfiante façon par Stephen Betteridge : les pupitres font preuve d’une belle cohérence, particulièrement dans les contrepoints de l’Offertoire. On aurait peut être souhaité un peu plus de vigueur dans un Sanctus très éthéré, mais les jeux de nuances sont prodigieux, savamment dosés, tout en opposition de forces et de douceur comme dans le Libera me.

La voix de soprano de Chen Reiss a la fraîcheur et la simplicité attendue dans le Pie Jesu bien qu’elle ne possède par le timbre si spécifique d’une voix de jeune garçon. On regrette tout de même un vibrato incongru, bien que réduit. En revanche, le chant sans artifice de Matthias Goerne s’accorde parfaitement à cette musique et l’interprétation qu’il fait de Hostia et de Libera me traduit une belle profondeur.

Et pourtant, en dépit de cette lecture du Requiem parfaitement maîtrisée polyphoniquement, les enchaînements sont si abrupts, le jeu si raide et cérébral, que sous la battue précise et exigeante du chef, la douceur onirique de Fauré se mue en discours de la méthode.

 

1. Fauré reçoit la mention « très honorable » pour son Psaume au concours de 1863.

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Gabriel Fauré (1845-1924)
Pavane, pour orchestre et chœur mixte en fa dièse mineur, op. 50
Elégie, pour violoncelle et orchestre en ut mineur, op. 24
Psaume, Super flumina Babylonis, pour chœur mixte et orchestre
Cantique de Jean Racine, pour chœur mixte à quatre voix et orchestre

Entracte

Messe de Requiem, pour soprano et baryton, chœur mixte, orgue et orchestre en ré mineur, op. 48

Matthias Goerne : baryton
Chen Reiss : soprano
Eric Picard : violoncelle

Choeur de l’Orchestre de Paris
Chef de chœur : Stephen Betteridge
Orchestre de Paris
Violon solo : Philippe Aïche
Direction : Paavo Järvi

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