En juillet, le festival Rossini de Bad Wildbad a accueilli les participants à son Académie Bel Canto. Sous la houlette de Filippo Morace, le 21 juillet dix d’entre eux ont présenté un état de leur travail au cours d’un concert. Leur professeur avait imaginé une mise en espace destinée à dramatiser les situations, en particulier pour les duos. Quelques accessoires et des éclairages suffisaient pour passer de la chambre où Figaro mesure l’espace disponible pour le lit qu’il va partager avec Susanna à l’obscurité où il se cache et où elle attise malicieusement sa jalousie injustifiée. Leur utilité se confirmera pour les duos Don Giovanni-Zerlina et Ernesto-Norina.
Il serait malvenu d’entrer dans le détail de certaines prestations, qui nous ont semblé banales ou peu réussies. Aussi nous bornerons-nous, après avoir mentionné le rôle impeccable au piano de Gianluca Ascheri, à signaler les noms qui ont recueilli nos suffrages. La soprano Yo Otahara, après Fiordiligi dans un duo de Cosi fan tutte, se lance dans la cavatine « Bel raggio lusinghier » de Semiramide. Elle est si menue qu’on se demande où elle puise le souffle nécessaire à une exécution technique qui n’ignore aucune nuance musicale ou dramatique. Le timbre n’est pas de ceux qui captivent, l’extension n’est pas mirobolante, mais ce souci du détail et cette précision sont d’indéniables atouts. Excellente participation du ténor Luis Magallanes, déjà très remarqué dans le Masaniello, et qui sidère par sa maîtrise tant vocale qu’interprétative dans le récitatif et l’air de Fernando dans La favorita « Favorita del rei – Spirto gentil ». L’autre ténor Massimo Frigato a du soleil dans la voix, et son interprétation de la sérénade d’Ernesto « Come è gentil » dans Don Pasquale séduit sans réserve, comme sa participation au duo Ernesto-Norina de la même œuvre, où l’étendue et les nuances sont bien celles que l’on peut souhaiter. Dans ce duo il a pour partenaire la soprano Sabrina Sanza ; elle y est déjà brillante, mais dans la scène et l’aria d’Amina : « Ah, non credea mirarti…Ah, non giunge… » elle va éblouir l’auditoire, tant par l’exécution technique, dont elle fait oublier la difficulté, que par la justesse interprétative, aussi émouvante que nécessaire, avec une grâce qui exclut toute outrance démonstrative. Elle remporte un triomphe mérité. Tous nos vœux les accompagnent !