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ROSSINI, Il viaggio a Reims (gala) – Pesaro

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Spectacle
27 août 2024
Karine Desyahes en meneuse de revue

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Dramma giocoso en un acte (Paris, Théâtre Italien, juin 1825)
Musique de Gioachino Rossini
Livret de Luigi Balochi
Edition critique de la Fondation Rossini en collaboration avec la Maison Ricordi, établie par Janet Johnson

Version de concert

Détails

Corinna
Vasilisa Berzhanskaya
Marchesa Melibea
Maria Barakova
Contessa di Folleville
Jessica Pratt
Madama Cortese
Karine Deshayes
Cavalier Belfiore
Jack Swanson
Conte di Libenskof
Dmitry Korchak
Lord Sidney
Michael Mofidian
Don Profondo
Erwinn Schrott
Barone di Trombonok
Nicola Alaimo
Don Alvaro
Vito Priante
Don Prudenzio
Alejandro Baliñas
Don Luigino
Tianxuefei Sun
Delia
Paola Leguizamón
Maddalena
Martiana Antonie
Modestina
Vittoriana De Amicis
Zefirino / Gelsomino
Jorge Juan Morata
Antonio
Nicolò Donini

Coro del Teatro Ventidio Basso
Chef des Chœurs
Giovanni Farina
Orchestra Sinfonica nazionale della RAI
Direction musicale
Diego Matheuz

Pesaro, Auditorium Scavolini, vendredi 23 août 2024, 20h30

Le Festival Rossini referme sa 45e édition par un deuxième Viaggio a Reims, en plus de de la traditionnelle production chantée par les élèves de l’Accademia rossiniana. Une version de concert de cette cantate scénique composée à l’occasion du sacre de Charles X célèbre les quarante ans de sa résurrection, le 18 août 1984, sous la direction de Claudio Abbado, avec une distribution superlative (Cuberli, Gasdia, Matteuzzi, Araiza, Nucci…).

L’affiche de cette soirée de gala regroupe quelques-uns des meilleurs spécialistes actuels du chant rossinien, prêts à en découdre avec une œuvre qualifiée par Piotr Kaminski d’« Opéra-cabaret ».

« Opéra-cabaret » car la partition se présente comme une succession de numéros au cours desquels les différents protagonistes rivalisent de prouesses, seuls ou à plusieurs. A la réussite des ensembles, autant que des airs, se mesure la qualité de la distribution, et de la représentation.

Le sextuor (numéro 3), l’un des meilleurs moments de la soirée, est à ce titre révélateur. Au-delà de la précision et de la musicalité des voix réunies, se mettent en exergue les individualités. Ici, le velours somptueux d’Erwin Schrott, là les notes que Karine Deshayes accroche au-dessus de la portée avec une aisance confondante.

Auparavant, dans le cantabile de son air d’entrée, « Di vaghi raggi adorno », notre mezzo-soprano nationale, qui en tant que Madama Cortese, propriétaire de l’hôtel thermal accueillant tous les invités, est omniprésente tout au long de l’œuvre, a rivalisé de technique, délivrant en quelques minutes un véritable précis de canto fiorito, ajoutant des ornements à une écriture déjà fleurie, dans une tessiture tendue qu’elle assume à des hauteurs que l’on pensait réservées aux sopranos les plus aguerries. La cabalette en revanche est couverte par l’Orchestra Sinfonica nazionale della RAI que la direction de Diego Matheuz, par ailleurs pleine de vie, ne bride pas assez. Conséquence probable d’un manque de répétitions, ce problème d’équilibre survient à plusieurs reprises. Le chœur noie par exemple l’intervention de Maddalena – Martiniana Antonie qui nous avait semblé plutôt sonore trois soirs auparavant dans Ermione. On s’interroge en passant sur l’utilité du chœur, irréprochable au demeurant,

Les seconds rôles sont confiés à de jeunes chanteurs, notamment les élèves de l’Accademia ayant participé au Viaggio précité – on retiendra en particulier le Don Prudenzio tout en rondeur d’Alejandro Baliñas. Seule exception à cette règle : Lord Sydney revient à Michael Mofidian. L’écriture tendue et virtuose de sa grande scène met en difficulté la jeune basse, notamment le registre aigu sollicité au-delà de ses capacités actuelles, au péril de la justesse.

Les deux autres grandes clés de fa – Don Profondo et le baron de Trombonok – bénéficient de la maestria de deux interprètes de grande classe. Dans « Medaglie incomparabili », Erwin Schrott contrefait chaque accent avec une verve réjouissante et un sens de la mesure tout personnel (imputable peut-être aussi nombre limité de répétitions). Nicola Alaimo démontre une nouvelle fois sa connaissance remarquable de la parole rossinienne dans chacun des récitatifs qui introduit les toasts en fin d’opéra.

Les ténors sont parfaitement distincts et caractérisés. A Jack Swanson (Belfiore) la séduction de timbre, l’élégance de la ligne et la fluidité des vocalises. A Dmitry Korchak (Libenskof) la morgue, la puissance, le panache, l’audace de variations originales et pertinentes, qui n’empêchent pas quelques mezza voce du meilleur effet, lorsque l’ombrageux comte russe baisse la garde pour laisser parler son cœur. Sa Melibea le vaut bien. Mezzo-soprano d’origine russe, Maria Barakova troque le faux nez d’Ernestina l’avant-veille dans L’equivoco stravagante contre les charmes d’une Polonaise qui sait envoûter sans poitriner, trop modeste presque, y compris dans le registre grave, pour se hisser au même niveau que son partenaire dans le duo qui les oppose avant de les réunir.

Maria Barakova (Melibea) et Karine Deshayes (Madame Cortese) © Amati Bacciardi

Jessica Pratt a sans aucun doute l’ambitus et notamment les suraigus de La Comtesse de Folleville qui lui valent un triomphe, malgré une voix légèrement voilée et une approche relativement sage du personnage. Le trait pourrait être plus appuyé pour mieux donner à comprendre la dimension caricaturale de la Francese (et la parodie hilarante d’opéra séria que constitue son grand air). N’y a-t-il pas « folle » dans Folleville ?

La folie, c’est chez Vasilisa Berzhanskaya qu’elle survient. Corinne n’est pourtant pas le rôle le plus à même de stimuler la fantaisie mais depuis ses sensationnelles Sinaïde dans Moïse et Pharaon à Pesaro, Aix-en-Provence et Lyon, on sait combien la mezzo-soprano russe déborde de tempérament. Sans démordre d’une ligne tracée longue et droite sur le fil de la voix, le chant de la poétesse se dépare peu à peu de sa plastique parnassienne pour mieux contraindre la mélodie à emprunter des chemins inattendus jusqu’à des hauteurs stratosphériques. Inédite, trop dramatique sans doute pour un rôle angélique, la proposition n’en est pas moins grisante.

C’est donc sur une cette note réjouissante que se clôt la cuvée 2024 du Rossini Opera Festival. Rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain avec au programme Zelmira, Il turco in Italia et L’italiana in Algeri.

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Dramma giocoso en un acte (Paris, Théâtre Italien, juin 1825)
Musique de Gioachino Rossini
Livret de Luigi Balochi
Edition critique de la Fondation Rossini en collaboration avec la Maison Ricordi, établie par Janet Johnson

Version de concert

Détails

Corinna
Vasilisa Berzhanskaya
Marchesa Melibea
Maria Barakova
Contessa di Folleville
Jessica Pratt
Madama Cortese
Karine Deshayes
Cavalier Belfiore
Jack Swanson
Conte di Libenskof
Dmitry Korchak
Lord Sidney
Michael Mofidian
Don Profondo
Erwinn Schrott
Barone di Trombonok
Nicola Alaimo
Don Alvaro
Vito Priante
Don Prudenzio
Alejandro Baliñas
Don Luigino
Tianxuefei Sun
Delia
Paola Leguizamón
Maddalena
Martiana Antonie
Modestina
Vittoriana De Amicis
Zefirino / Gelsomino
Jorge Juan Morata
Antonio
Nicolò Donini

Coro del Teatro Ventidio Basso
Chef des Chœurs
Giovanni Farina
Orchestra Sinfonica nazionale della RAI
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Diego Matheuz

Pesaro, Auditorium Scavolini, vendredi 23 août 2024, 20h30

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