Forum Opéra

ROSSINI, La Cenerentola – Nancy

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
19 décembre 2024
Une audacieuse petite maison des horreurs

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

La Cenerentola, ou La Bontà in trionfo
Dramma giocoso en deux actes
Musique de Gioachino Rossini
Livret de Jacopo Ferretti d’après le conte de Charles Perrault (1697), et les livrets de Charles Guillaume Étienne (opéra Cendrillon de Nicolas Isouard) et de Francesco Fiorini (opéra Agatina de Stefano Pavesi)
Création à Rome (Teatro Valle) le 25 janvier 1817

Nouvelle production
Opéra national de Lorraine
Coproduction
Théâtre de la Ville de Luxembourg, Opéra de Reims, Théâtre de Caen

Détails

Mise en scène
Fabrice Murgia
Scénographie
Vincent Lemaire
Costumes
Clara Peluffo Valentini
Vidéo et Lumières
Emily Brassier, Giacinto Caponio
Assistanat à la mise en scène
Gaëlle Swann
Cadreurs
Violette Martin, Théo Martin

Angelina
Beth Taylor
Don Ramiro
Dave Monaco
Don Magnifico
Gyula Nagy
Dandini
Alessio Arduini
Alidoro
Sam Carl
Clorinda
Héloïse Poulet
Thisbe
Alix Le Saux
Comédienne
Pauline Hurriet

 

Chœur de l’Opéra national de Lorraine
Chef de chœur
Guillaume Fauchère

Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale
Giulio Cilona
Assistanat à la direction musicale
Silvina Peruglia Nogues

 

Nancy, Opéra national de Lorraine

Dimanche 17 décembre 2023, 15h

Fidèle à son habitude, l’Opéra national de Lorraine propose une œuvre tous publics pour les fêtes de fin d’année. Après un Don Pasquale épatant l’année passée, voici le tour de La Cenerentola, qu’on n’avait pas revue dans la ville depuis la production de 2008. La thématique générale de la Saison 2024/2025 étant placée sous le signe de la transgression, c’est à une mise en scène très éloignée de la vision des studios Disney et du conte de fées traditionnel qu’on a droit ici, pour une Cendrillon plutôt punk et déjantée.

Déjà invité à Nancy pour une production du Palais enchanté de Rossi qui a marqué les esprits (donnée également à Dijon), Fabrice Murgia s’est emparé de la mécanique bien huilée et rythmée de Rossini pour en faire ressortir la cruauté des situations et des personnages, en particulier pour Cendrillon, inspirée de l’univers gothique au cinéma, entre Carrie au bal du diable ou l’une des héroïnes de Beetlejuice. L’univers visuel qui en découle est à la fois trash et stylisé, entre Tim Burton et le Tarantino quasi gore qui rend hommage aux séries Z. Fidèle à sa pratique – devenue pour ainsi dire sa marque de fabrique – l’acteur, metteur en scène et réalisateur belge accorde une large place à la vidéo en live dans le spectacle. Deux caméramen traquent ainsi les protagonistes de très près, les images (très belles au demeurant) étant projetées sur une sphère évoquant une pleine lune digne des films de zombies les plus esthétisants. Les amateurs auront de quoi relever les citations visuelles tout au long de l’opéra. Las, l’abondance de références dont on ne comprend pas forcément le rapprochement avec notre histoire a tendance à encombrer l’esprit. Dommage, il y avait de quoi faire. Par ailleurs, le léger décalage entre l’image filmée et sa projection a tendance à fausser et ralentir le rythme de la mécanique, pourtant si bien articulée, de l’œuvre de Rossini. De quoi potentiellement frustrer le spectateur qui ne sait plus où donner de la cervelle. Cela dit, si l’on s’en tient à l’aspect purement visuel, ce bric-à-brac entre petite boutique des horreurs et Frankenstein Junior a de quoi enthousiasmer les amateurs de cinéma d’horreur, toutes époques confondues. Tout a été conçu pour ne pas dégoûter les âmes sensibles (la tronçonneuse ne se fait que menaçante et l’utilisation de l’hémoglobine n’épouvantera pour ainsi dire personne, le sang se matérialisant en perles de couleur essentiellement). À noter qu’au cours de la seconde partie, on s’est complètement habitué au macabre gentiment domestiqué de notre petite famille Addams recomposée et qu’on prend vraiment plaisir à observer nos marginaux à l’œuvre, dont la psychologie un peu sommaire correspond grosso modo à celle d’adulescents rebelles finalement bien sympathiques (on comprend aussi pourquoi les sœurs ne supportent plus d’entendre la scie qu’est « Una volta c’era un re » dans la bouche d’Angelina…).

© Simon Gosselin

Côté distribution, on se délecte des qualités vocales de ce septuor à qui on demande les plus acrobatiques pyrotechnies et qui s’en tire avec maestria. Les voix s’harmonisent agréablement entre elles, ce qui provoque un plaisir jubilatoire d’entendre les prouesses de groupe attendues parfaitement et rondement menées. La mezzo écossaise Beth Taylor impressionne en Angelina punkette qui ne s’en laisse pas conter, coloratures ébouriffées à l’appui et autorité naturelle évidente qui la fait émerger du lot. Elle est à l’aise dans tous les registres et s’impose dans un rôle exigeant qui lui va décidément comme un gant. Le ténor italien Dave Monaco n’est pas en reste. Un timbre suave et chaud à la Juan Diego Flórez, une diction impeccable et une facilité apparente en font un Don Ramiro idéal. Les deux sœurs sont au diapason, voix à l’unisson dans tout le registre qui leur est imposé : la mezzo Alix Le Saux et la soprano Héloïse Poulet sont deux affreuses, bêtes et méchantes du plus bel effet, impeccables, voire souveraines. Sam Carl est un Alidoro qui ne manque pas de coffre ni de caractère, tout comme Alessio Arduini, épatant Dandini, tous deux dotés d’une efficace vis comica. Un peu plus en retrait, mais conforme à son rôle de père pas très glorieux, Gyula Nagy réussit toutefois à tirer avantageusement son épingle du jeu, surtout dans les ensembles.

Les chœurs, est-ce dû à leur maquillage de zombies ou de victimes d’Hannibal Lecter, cervelle à l’air, semblent un peu à la peine dans le premier acte, mais on les retrouve, à l’aise et en forme comme à leur habitude, pour un délectable numéro de monstres en roue libre. L’orchestre de l’Opéra national de Lorraine est à son meilleur, remarquablement guidé par le chef invité belgo-américain Giulio Cilona. Une fois de plus, l’Opéra national de Lorraine nous gâte pour les fêtes.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

La Cenerentola, ou La Bontà in trionfo
Dramma giocoso en deux actes
Musique de Gioachino Rossini
Livret de Jacopo Ferretti d’après le conte de Charles Perrault (1697), et les livrets de Charles Guillaume Étienne (opéra Cendrillon de Nicolas Isouard) et de Francesco Fiorini (opéra Agatina de Stefano Pavesi)
Création à Rome (Teatro Valle) le 25 janvier 1817

Nouvelle production
Opéra national de Lorraine
Coproduction
Théâtre de la Ville de Luxembourg, Opéra de Reims, Théâtre de Caen

Détails

Mise en scène
Fabrice Murgia
Scénographie
Vincent Lemaire
Costumes
Clara Peluffo Valentini
Vidéo et Lumières
Emily Brassier, Giacinto Caponio
Assistanat à la mise en scène
Gaëlle Swann
Cadreurs
Violette Martin, Théo Martin

Angelina
Beth Taylor
Don Ramiro
Dave Monaco
Don Magnifico
Gyula Nagy
Dandini
Alessio Arduini
Alidoro
Sam Carl
Clorinda
Héloïse Poulet
Thisbe
Alix Le Saux
Comédienne
Pauline Hurriet

 

Chœur de l’Opéra national de Lorraine
Chef de chœur
Guillaume Fauchère

Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale
Giulio Cilona
Assistanat à la direction musicale
Silvina Peruglia Nogues

 

Nancy, Opéra national de Lorraine

Dimanche 17 décembre 2023, 15h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

De superbes Vêpres imaginaires, aussi ferventes que jubilatoires
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Le Liceu se lève pour le maestro
Paolo BORTOLAMEOLLI, Saioa HERNÁNDEZ, Teresa IERVOLINO
Spectacle