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ROSSINI, La Cenerentola – Toulouse

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Spectacle
30 mars 2024
Jusqu’à l’ivresse

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Cenerentola, ossia La Bontà in trionfo, Dramma giocoso en deux actes
Livret de Jacopo Ferretti
Créé le 25 janvier 1817 à Rome

Détails

Mise en scène, décors, costumes et chorégraphie
Barbe & Doucet
Lumières
Joël Fabing

Angelina
Adèle Charvet
Don Ramiro
Levy Sekgapane
Dandini
Florian Sempey
Don Magnifico
Vincenzo Taormina
Alidoro
Alex Rosen
Tisbe
Julie Pasturaud
Clorinda
Céline Laborie

Chœur de l’Opéra national du Capitole

Orchestre national du Capitole
Direction musicale
Michele Spotti

Toulouse, Théâtre du Capitole
Vendredi 29 mars 2024, 20h

Diffusion sur France Musique, samedi 4 mai 2024, 20h

 

 

C’est une Cenerentola décoiffante qui fait son retour au Théâtre national du Capitole de Toulouse, environ quarante ans après sa dernière apparition dans les lieux. Décoiffante, avec tout ce que cela implique de fougue et de folie, que ce soit dans la fosse ou sur scène. Michele Spotti fait coup double en reprenant pour cette série de représentations la tête de l’ONCT, quelques semaines après avoir ici même dirigé un Idomeno d’excellente facture. Il donne le ton dès l’ouverture en imposant des rythmes très marqués ; on peut dire qu’il ne fait pas dans la dentelle et que les sauts dynamiques font d’évidence, on frise parfois le caricatural. Il s’approprie le crescendo rossinien avec vista, crescendo qu’il double presque systématiquement d’un accelerando à donner le vertige. Vite, vite, plus vite, plus vite encore, l’ouverture est troussée à un rythme vertigineux qui donnerait le tournis à tout musicien qui ne serait pas au fait de son art. Mais c’est sans compter avec ces musiciens-ci qui certes suent à grosses gouttes aux battues frénétiques du chef, mais ne perdent nullement le fil du discours. Ce qui vaut ici pour l’ouverture vaudra pour bon nombre d’occurrences, les ensembles souvent, sans que jamais l’orchestre soit poussé à la faute. En revanche, le rythme imposé aux chanteurs met ceux-ci davantage en péril et quelques décalages sont immanquablement survenus. Pour autant, nous ne parlerons pas d’erreur de tempo. Les accélérations sont foudroyantes, mais elles sont d’autant plus remarquables et donc efficaces (et toujours à propos) qu’elles contrastent avec un rythme d’ensemble certes soutenu, mais jamais rapide à l’excès.
Décoiffante aussi la mise en scène proposée par Barbe & Doucet. Les duettistes nous avaient offert une magnifique Bohème à Toulouse en novembre 2022. On connait l’attention au respect de l’œuvre qui caractérise les propositions d’André Barbe et Renaud Doucet. On connaît aussi leurs décors volontiers kitsch et un brin nostalgiques. C’est un peu cela que l’on retrouve cette fois-ci. La transposition est pertinente ; nous sommes en 1933, aux Etats-Unis, c’est presque la fin de la Prohibition, la Police fédérale américaine elle-même n’a plus trop l’air d’y croire et met peu de zèle à filer le trafic. L’action est située dans l’arrière-scène d’un cabaret, le « Button Club ». Angelina travaille comme costumière pour les revues de cabaret et ses deux sœurs Clorinda et Tisbe apparaissent l’une en réplique de Betty Boop, l’autre comme sortie d’un tableau de Fernando Botero. Les autres décors nous déplaceront soit dans un bar où l’on distillera et consommera jusqu’à l’ivresse sous le manteau, au nez et à la barbe de la police, soit sur la scène du cabaret ; celui-ci sera le lieu du « Naqui all’affano » final transformé en seule-en-scène d’Angelina du plus bel effet. Tout est du meilleur goût dans les décors et aussi les éclairages qui savent mettre en exergue, par un savant jeu d’ombres et de lumières, les scènes intimistes ou les commentaires dont nous gratifie régulièrement le truculent Dandini. La conduite d’acteurs est esthétiquement une réussite parfaite. Chaque geste est chorégraphié et la mise en place des ensembles (quintette puis septuor du I) est pur bonheur.

        
©Mirco Magliocca

Il y a deux distributions pour cette Cenerentola qui sera donnée huit fois au total. Dans ce premier cast, nous assistons à la prise de rôle d’Adèle Charvet pour Angelina ; peu avant cette première, elle nous avait confié le défi que représente cette partie qu’elle qualifiait d’Everest, pour le comparer au rôle de Rosine, qu’elle chante depuis quelque temps. C’est à une belle prestation que nous assistons pour cette première. Il faut d’abord saluer la consistance qu’Adèle Charvet donne à ce personnage. A la différence de ses sœurs, cette Angélina, plus stricte, voire sévère, jusque dans son habit qui tranche avec celui de Clorinda et Tisbe, concentre et incarne les vertus de patience, bonté, et humanité. La voix entre vite dans le rythme et montre d’emblée une belle agilité dès les premières vocalises. La souplesse est là, la chaleur des graves ; seuls les aigus forte sont parfois forcés et perdent en musicalité, mais il est clair que c’est un rôle qu’Adèle Charvet pourra reprendre. Les deux sœurs sont incroyables de drôlerie. Céline Laborie est une Clorinda piquante à souhait et Julie Pasturaud une Tisbe impayable. Toutes les deux jouent aussi bien qu’elles chantent et Dieu sait que la mise en scène est exigeante pour ces deux personnages. Alex Rosen est un Alidoro fougueux et véhément. La voix de Levy Sekgapane en Don Ramiro peut surprendre ; tenorino capable d’aller cueillir à bout de voix les plus hautes notes, il fait montre d’une technique certaine qui lui permet de ne jamais sortir de la route. Don Magnifico est le formidable Vincenzo Taormina, qui a accepté de remplacer Nicola Alaimo ; il chantera donc les huit représentations. Il recueille de bruyantes ovations méritées ; même si son entrée est un peu laborieuse, son « Sia qualunque delle figlie » poussé par un orchestre lancé à toute allure est étourdissant, le reste du II à l’avenant. Florian Sempey enfin est un Dandini superlatif ; on retrouve chez lui tout ce qui fait notre bonheur ; une élégante nonchalance dans le geste et le chant, un sens inné du jeu, une capacité à sans cesse improviser à bon escient sur scène. Et puis quelle voix ! Timbre tantôt léger, tantôt viril, puissance présente à la demande, Sempey est décidément à son meilleur.

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Cenerentola, ossia La Bontà in trionfo, Dramma giocoso en deux actes
Livret de Jacopo Ferretti
Créé le 25 janvier 1817 à Rome

Détails

Mise en scène, décors, costumes et chorégraphie
Barbe & Doucet
Lumières
Joël Fabing

Angelina
Adèle Charvet
Don Ramiro
Levy Sekgapane
Dandini
Florian Sempey
Don Magnifico
Vincenzo Taormina
Alidoro
Alex Rosen
Tisbe
Julie Pasturaud
Clorinda
Céline Laborie

Chœur de l’Opéra national du Capitole

Orchestre national du Capitole
Direction musicale
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Toulouse, Théâtre du Capitole
Vendredi 29 mars 2024, 20h

Diffusion sur France Musique, samedi 4 mai 2024, 20h

 

 

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