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STRAUSS, Vier letzte Lieder – Grenade

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Spectacle
18 juillet 2024
La Soirée dans Grenade

Note ForumOpera.com

5

Infos sur l’œuvre

Détails

Richard Wagner – Ouverture de Maîtres chanteurs de Nuremberg
Création le 21 juin 1868 au Théâtre de la Cour royale de Munich
Richard StraussVier letzte Lieder
Cycle de lieder pour soprano et orchestre, création le 22 mai 1950 au Royal Albert Hall (Londres)
Anton Bruckner – Symphonie n° 9
Création le 11 février 1903 à Vienne (Orchestre philharmonique)

 

Direction musicale
Tarmo Peltokoski
Soprano
Elsa Dreisig

Orchestre National du Capitole de Toulouse

Concert dans le cadre du Festival de Grenade, le 14 juillet 2024 au Palais de Charles Quint (Grenade)

La France tient une place importante dans la programmation du Festival International de Musique et de Danse de Grenade. L’année dernière, une production du Retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla soulignait cette proximité entre l’Espagne et l’Hexagone. Initialement créée en 1923, l’œuvre avait été une commande de Winnaretta Singer, princesse de Polignac – un nom qui renvoie à toute une époque ainsi qu’à la tradition du mécénat français.

Pour la dernière édition sous sa conduite, le directeur Antonio Moral a encore fait appel à de nombreux artistes français, dont Alexandre Kantorow, ainsi qu’à Bernard Foccroulle et l’Orchestre de Paris avec son chef principal Klaus Mäkelä. Si le monde de la danse était représenté entre autres par Blanca Li, membre de l’Académie des beaux-arts, le public a également pu découvrir un Cendrillon interprété par le Ballet Nice Méditerranée, dont le directeur artistique, Éric Vu-An, est décédé ce 8 juin à l’âge de soixante ans. Éclectique, la version de Thierry Malandain, créée en 2014 à Berlin, prend en compte l’aspect hybride de la partition de Prokofiev, avec ses contrastes parfois dramatiques entre sonorités du XXe siècle et insouciance néo-classique. Une chorégraphie traditionnelle donne lieu à quelques gestes et constellations insoupçonnés très esthétiques, tout cela dans le décor du Théâtre du Généralife aux merveilleux jardins de l’Alhambra.

Le lendemain, au monastère de San Jeronimo, le compositeur José María Sánchez-Verdú, artiste en résidence, consacre un commentaire musical contemporain aux Sept Dernières Paroles du Christ en croix de Joseph Haydn. SHEBA, dont les sept mouvements sont joués en alternance avec l’œuvre de Haydn, fait ressortir des éléments d’écriture de celle-ci. Comme s’il la regardait à travers une loupe, Sánchez-Verdú extrait des sonorités rauques et des timbres scintillants de cette partition classique, en écrivant pour le même effectif orchestral. L’Académie baroque du festival sous la baguette d’Aarón Zapico maîtrise souverainement ce dialogue de styles.

De retour à l’Alhambra, le concert de clôture au palais de Charles Quint était aux prises avec les aléas temporels du championnat d’Europe de football, retransmis en direct sur un écran surplombant la scène. À la tête de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse – autre invité français – le finlandais Tarmo Peltokoski, jeune chef de vingt-quatre ans qui prendra les rênes de l’orchestre au mois de septembre, proposait un programme austro-allemand. L’exubérance de l’ouverture des Maitres chanteurs de Nuremberg de Wagner rencontrait deux chants du cygne : Vier letzte Lieder de Richard Strauss et la Symphonie n° 9 de Bruckner, restée inachevée à la mort du compositeur.

© Festival de Granada | Fermín Rodríguez

Malgré les possibles résonances historiques entre les Maîtres chanteurs et le palais de Charles Quint – l’intrigue de l’un et la construction de l’autre datent du début du XVIe siècle – l’ouverture peine à prendre son envol, les nombreux motifs et structures disparaissant derrière un son trop homogène. Cela change au cours des Vier letzte Lieder. Si la prestation de la soprano Elsa Dreisig est d’abord d’une grande innocence, presque candide, elle évolue vers une attitude plus charnelle. Alors que les sonorités du deuxième lied, Septembre, résonnent étonnamment dans les jardins de l’Alhambra, la voix de la chanteuse s’épanouit. Des graves, faisant preuve de « grain », jusqu’aux aigus d’une grande pureté, elle incarne progressivement la partition sereine et mélancolique de Strauss, qui lui assigne aussi de longs silences. Aux derniers mots, la distance du début a cédé la place à une expression assumée.

Cette assurance se fait aussi sentir dans l’interprétation de la neuvième symphonie de Bruckner, œuvre avec laquelle Tarmo Peltokoski se montre parfaitement à l’aise. Avec des gestes précis et mesurés, et quelques manifestations de fougue, il indique plus qu’il n’ordonne une direction à l’orchestre. L’influence wagnérienne, les différents caractères rythmiques du Scherzo, les larges lignes mélodiques de l’Adagio, et surtout les nombreuses ruptures, lorsque la musique semble se heurter à un obstacle avant de rassembler ses forces – tout cela devient alors cohérent. Cet « expressionnisme féroce avant la lettre », comme le précise le critique musical Luis Suñén dans la note de programme, il dévoile tous ses pouvoirs formels et expressifs. 

Avec une durée inhabituelle (presque six semaines pour l’édition de 2024) et une programmation internationale de très haute qualité, le festival de Grenade figure aujourd’hui parmi les événements musicaux les plus importants d’Europe. À partir de 2025, le philosophe et musicologue Paolo Pinamonti, ancien directeur de la Fenice, de l’opéra de Naples et membre du patronat de la Fondation Manuel de Falla, en prendra la direction. Ses expériences embrassent aussi bien la scène européenne que des enjeux andalous, et ce sont précisément ces deux pôles qui définissent le profil du festival.

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Richard Wagner – Ouverture de Maîtres chanteurs de Nuremberg
Création le 21 juin 1868 au Théâtre de la Cour royale de Munich
Richard StraussVier letzte Lieder
Cycle de lieder pour soprano et orchestre, création le 22 mai 1950 au Royal Albert Hall (Londres)
Anton Bruckner – Symphonie n° 9
Création le 11 février 1903 à Vienne (Orchestre philharmonique)

 

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Orchestre National du Capitole de Toulouse

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