L’ADAMI – société de gestion des droits et défense des intérêts des artistes (pour la faire courte) – présentait avec l’aide du journaliste Tristan Labouret ce lundi 15 janvier au Bal Blomet sa promotion 2023 de jeunes talents : quatre instrumentistes – Anaïde Apelian (Clarinette), Tom Carré (Piano), Léo Ispir (Violoncelle), Sarah Jégou-Sageman (Violon) – et quatre chanteurs – par ordre alphabétique, Alexandre Baldo, Camille Chopin, Marion Vergez-Pascal, Abel Zamora.
Quatre tessitures, respectivement baryton-basse, soprano, mezzo-soprano et ténor. Quatre voix que l’on peut dire belles, indépendamment de toute autre considération, c’est-à-dire dotées d’un timbre d’une qualité évidente et d’une séduction immédiate. Quatre personnalités affirmées, ce que confirme le programme, bien que succinct – un air et un duo pour chaque chanteur.
Alexandre Baldo, auquel le récent album Caldara a valu d’être salué ici-même pour « sa conscience aiguë du texte, son legato et de belles nuances », a mis à profit le confinement pandémique pour renoncer à sa carrière d’altiste et s’essayer au chant. Bien lui en a pris. Vainqueur de plusieurs concours, il multiplie les projets, essentiellement baroques aujourd’hui en attendant d’élargir son répertoire. Mozart se dessine déjà à l’aide d’un « Non piu andrai » qui n’admet pas de réplique, mordu d’une dent féroce et teinté de sarcasme. Prochain rendez-vous : Polifemo dans Acis and Galatea de Haendel, salle Cortot à Paris le 2 février.
Membre de l’Académie de L’Opéra-Comique cette saison, Camille Chopin ambitionne Juliette et Manon. De cette dernière, la soprano offre un aperçu prometteur en s’appropriant « Je marche sur tous les chemins » avec une aisance déconcertante eu égard à sa jeunesse. Aisance scénique autant que vocale, qu’il s’agisse d’occuper l’espace, de se jouer des coloratures ou de veiller à ce que le texte reste toujours intelligible – on sait combien la diction est essentielle au chant lyrique et à l’opéra français plus particulièrement.
Marion Vergez-Pascal revendique un intérêt pour la musique ibérique, attisé par des origines espagnoles. « Al pensar en el dueho de mis amores » extrait de la zarzuela Las hijas del Zabedeo illustre sa quête effrénée d’ardeur – une flamme inextinguible que l’étude du flamenco l’aide à entretenir. Un enregistrement de mélodies espagnoles est dans les tuyaux ; elle est sinon lauréate de plusieurs institutions dont l’Académie de l’Opéra-Comique.
Avec l’air de Cinq-Mars, Abel Zamora n’a pas forcément choisi le répertoire le mieux adapté à son ténor léger. L’Opéra-Comique, dont il est également membre de l’Académie cette saison, semble pour le moment mieux s’inscrire dans ses cordes vocales. Là, il devrait trouver à déployer une élégance dépourvue de mièvrerie, une souplesse que l’on pressent mais que l’air choisi n’aide pas à démontrer et une soif de théâtre que laisse pour le coup transparaître chacune de ses interventions.
Tom Carré et Josquin Otal, respectivement issus de la promotion 2023 et 2015 de l’ADAMI, les accompagnent au piano, témoignant ainsi des synergies artistiques, entre autres vertus, que favorise depuis vingt-cinq ans une telle initiative.