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PURCELL, The Fairy Queen — Beaune

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Spectacle
27 juillet 2019
Vigueur, drôlerie et émotion

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

semi-opera en 5 actes, avec prologue, Z 629

livret anonyme, d’après Shakespeare (Le Songe d’une nuit d’été)

créé à Londres, Dorset Garden Theatre, le 2 mai 1692, version révisée et complétée le 16 février 1693

Détails

sopranos

Gillian Keith

Jessica Cale

Charlotte Shaw

ténors

Jeremy Budd

Charles Daniels

James Way

baryton

Marcus Farnsworth

baryton-basse

Ashley Riches

Gabrieli Choir, Consort & Players

direction musicale

Paul McCreesh

Beaune, Basilique, le 27 juillet 2019, 21 h

Le Gabrieli Consort, dont la naissance correspond à celle du Festival, y offre deux chefs d’œuvres de Purcell, pour les deux derniers soirs du week-end de clôture de sa 37ème édition : The fairy Queen, et King Arthur. The fairy Queen, œuvre la plus longue, la plus riche et la plus variée du compositeur, va tenir le public en haleine pendant deux bonnes heures. « J’étais proprement émerveillée par cette musique toujours si inventive, élégante, de registre si varié…  Ce second acte est une splendeur, parmi d’autres » déclare une auditrice. On ne peut que souscrire à son propos, même si la compréhension de l’intrigue – ici amputée des textes parlés de Dryden – n’est pas évidente sans un minimum de références. Féérie musicale, parée de tous ses attraits, récits, airs, ensembles, chœurs, danses, pièces instrumentales, son esprit est celui du divertissement, du théâtre. Pour la servir, une équipe efficace, avec l’esprit d’une troupe. Bien que tous soient familiers de l’ouvrage, aucune trace de routine n’est décelable. La sûreté, l’engagement de chacun confèrent une vie extraordinaire. Tous les chanteurs et le chef connaissent l’ouvrage par cœur : il en résulte une aisance, une liberté de jeu qui leur permet l’expression la plus épanouie. Même si le programme ne fait pas état d’une mise en espace, les chanteurs sont d’excellents acteurs qui évoluent sur la surface ménagée devant eux. La scène où le Poète pris de boisson se fait pincer à colin-maillard est un premier divertissement. Plus tard, un seul accessoire suffit à pimenter la relation du bouillant Corydon à la jeune Mopsa (ici chantée par Charles Daniels, revêtu d’une monumentale perruque blonde à nattes). Comme la veille, avec les Indes galantes, les conditions météorologiques ont conduit à déplacer le concert de la Cour des Hospice à la Basilique. 

Paul Mc Creesh est l’artisan de ce festin dont on savoure chaque pièce avec délectation. Il dirige tout mains nues, par cœur, sculpte les phrasés, dessinant une vraie chorégraphie, souple comme précise et ferme. Son art de la narration est-il surpassable ? Dans ce cadre, les effectifs, relativement réduits, constituent l’idéal : la lisibilité demeure toujours parfaite, au point que les sur-titrages s’avèreraient presque superflus. Toutes les lignes sont claires, les équilibres les plus subtils parfaitement maîtrisés. Les cordes sont superlatives dans leur texture moelleuse comme dans leur articulation, les pièces allégées renvoient à l’esprit de la sonate en trio.  Les trompettes naturelles, virtuoses sans ostentation, capables de jouer pianissimo (les échos), nous valent une ornementation discrète et admirable. Il en va de même des flûtes à bec, oiseaux ravissants du « Come, all ye songsters », et du hautbois. Les cordes pincées, de la guitare baroque au théorbe, fréquemment sollicités, confiés à trois merveilleux musiciens, participent au régal, tout comme le clavecin de Jan Waterfield. Malgré les déambulations et gesticulations de chacun, liées au jeu dramatique, le chœur de solistes, enrichi de deux ténors, d’un ensemble parfait, articule, projette à souhait et sonne toujours très rond. Le texte gouverne tout, servi autant par le théâtre que par sa traduction musicale.

Gilian Keith, soprano d’origine canadienne, dont la virtuosité se joue de toutes les subtilités de la partition, fait preuve d’une aisance scénique surprenante. La voix, puissante, est extrêmement riche et souple, piquante, entachée rarement d’un vibrato large. Sa Junon, « Thrice happy lovers » est un régal, mais surtout « O let me ever, ever weep », la plainte sur basse obstinée, avec le hautbois solo et les cordes pincées, qui constitue un des sommets de l’ouvrage. Charlotte Shaw, timbre charnu, voix sonore, chante Titania (« If love’s a sweet passion », « Ye gentle sîrits of the air, appear ! » avec un art consommé. Jessica Cale, voix colorée aux phrasés remarquables, chante le Printemps, suivi d’un court et délicieux intermède confié aux vents et aux cordes pincées. Pas de contre-ténor, mais des ténors au registre aigu clair, comme au large médium. Ainsi, le premier air du Chinois (à l’acte V) «  « Thus, thus the gloomy world », confié à Jeremy Budd, et à la trompette surprend par son énergie, son aisance et ses longues vocalises décoratives. James Way, puissant ténor à l’émission claironnante, traduit la rêverie avec la même aisance, ainsi, l’Automne (« See many coloured fields »). Charles Daniels, toujours apprécié, sera Mopsa, hilarant avec sa perruque blonde à nattes, puis l’impérieux Phoebus, introduit en fanfare, pour son hymne à l’amour accompagné par deux violons.  Marcus Farnsworth, remarquable basse, grand corps dégingandé, chante le rôle bouffe du Poète ivre, irrésistible, puis le Sommeil, excellent comédien tout autant que voix saine et riche. Enfin, le baryton-basse Ashley Riches, puissant, somptueux, complète l’équipe de solistes.

La longue scène allégorique du deuxième acte est d’une rare poésie.  La Nuit, où le soprano est accompagné des cordes avec sourdines, sans basses ni basse continue, nous émeut. Les seuls théorbes et le clavecin en soutien du Mystère, que chante Charlotte Shaw, confortent l’atmosphère féérique. « One charming night », bien connu, avec ses flûtes à bec, puis « Hush, no more, be silent all » que chante Titania, soutenue par les cordes les plus ténues, sont autant de réussites. Le lamento « O let me ever, ever weep », sur sa basse obstinée, est miraculeux, superbe d’intériorité, avec un hautbois aussi émouvant que la voix. Les saisons, le divertissement chinois du dernier acte, tout mériterait d’être cité tant le bonheur est au rendez-vous. Malgré l’abondance des versions enregistrées, il faut que Paul McCreesh grave cette production, à nulle autre pareille, tant elle respire la vie et le bonheur.

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semi-opera en 5 actes, avec prologue, Z 629

livret anonyme, d’après Shakespeare (Le Songe d’une nuit d’été)

créé à Londres, Dorset Garden Theatre, le 2 mai 1692, version révisée et complétée le 16 février 1693

Détails

sopranos

Gillian Keith

Jessica Cale

Charlotte Shaw

ténors

Jeremy Budd

Charles Daniels

James Way

baryton

Marcus Farnsworth

baryton-basse

Ashley Riches

Gabrieli Choir, Consort & Players

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Paul McCreesh

Beaune, Basilique, le 27 juillet 2019, 21 h

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