Les Grandes Voix poursuivent leur exceptionnelle saison avec ce récital Waltraud Meier consacré à quelques uns des lieder les plus célèbres du répertoire.
Est-ce le relatif manque d’originalité du programme (Waltraud Meier interprétait les quatre derniers lieder en juin sur cette même scène, avec orchestre cette fois) ou le fait qu’on a souvent entendu la diva à Paris ces derniers mois ? Ou bien la désaffection du public parisien pour ce répertoire ? Toujours est-il que le concert ne fait pas vraiment le plein et que l’assistance est bien morne. Dommage, car de telles occasions deviennent de plus en plus rares, surtout quand on songe qu’il y a une vingtaine d’années, entre les lundis de l’Athénée (principalement) et le reste des théâtres parisiens, le public pouvait assister à ce type de récital une fois par semaine au minimum.
Le concert commence par quelques pages de Schubert que la chanteuse semble débiter avec une implication minimale. Fatigue passagère, lassitude devant des pages cent fois rabâchées ? Le soprano n’a pas semblé particulièrement motivé par ce début de programme. De ce début de première partie, on retiendra tout de même un magnifique Roi des Aulnes, comme si l’artiste retrouvait ses moyens avec ce morceau plus lyrique.
Les Wesendonck Lieder nous présentent la chanteuse sous un jour plus favorable. La communion avec la musique de Richard Wagner est ici évidente. Certes on pourra regretter un timbre qui, pour ces pages, manque de moelleux, d’un je-ne-sais-quoi de charnel et de l’opulence qui aurait facilité les variations de couleurs. Ces lieder mettent également à jour des problèmes de souffle mais le phrasé reste exceptionnel, avec un art du mot remarquable par sa sensibilité sans outrance. A la décharge de Meier, celle-ci n’est guère aidée par l’acoustique peu favorable aux voix de la salle Pleyel, sa réverbération excessive, métallique, ni par la taille du lieu, peu propice à l’intimité.
La seconde partie voit la désertion de quelques spectateurs. De cette musique de Richard Strauss, on retiendra surtout un magnifique Morgen. Pour les 4 derniers lieder en revanche, la voix est mise à nue par la version pianistique et l’on déplore alors quelques vocalises hasardeuses, sans parler d’aigus en délicatesse. Et le piano justement ? Sans doute les amateurs curieux auront-ils apprécié la version pianistique des quatre derniers lieder, mais force est de reconnaitre que nous sommes loin de l’univers charnel de la version symphonique, d’autant que l’acoustique impitoyable de Pleyel ne rend pas vraiment justice à la délicatesse du toucher de l’excellent Joseph Breinl.
Trois bis viennent clore un programme « costaud » à défaut d’être original : une Cäcilie un peu introvertie, un Zueignung manquant de corps rachetés par un Abschied plein d’humour.