Le concert de clôture des Parenthèses Musicales dans le Finistère a été consacré à une représentation des scènes les plus connues de La Traviata. Le public était ce soir-là plus nombreux que jamais dans le cadre majestueux du parc forestier des ruines de l’Abbaye Saint Maurice (XVIe siècle). Yoan Héreau était à nouveau au piano et résumait l’action. Le procédé qui fonctionnait très bien lors de la soirée consacrée à Mozart a semblé moins adapté à la narration d’une seule œuvre. Mettre en scène, même succinctement comme ce soir-là, un opéra d’une telle envergure en ne retenant que quelques scènes et avec trois chanteurs uniquement est un véritable défi.
Et ne boudons pas notre plaisir car les excellents chanteurs que Yoann Héreau a réunis pour des rôles aussi exigeants ont conquis le public. À commencer par la jeune soprano Hélène Carpentier qui abordait pour la première fois le rôle redoutable de Violetta dans un italien sans faille, avec un engagement admirable et sans jamais forcer la légèreté de sa voix. Quelle belle technique ! Son grand air de la fin du premier acte est tenu de bout en bout par un contrôle impressionnant du souffle et un investissement dramatique bouleversant, jusqu’au brillant aigu final (elle n’a pas tenté, avec raison, le contre-mi bémol qu’on entend souvent et que Verdi n’a jamais écrit). Ce sera à coup sûr un de ses grands rôles. À ses côtés le jeune ténor Yu Shao qui, depuis l’Académie de l’Opéra de Paris, vole de succès en succès, a la couleur et l’italianità requises pour le rôle d’Alfredo et un beau phrasé alliant douceur et vaillance. Enfin Mathieu Lécroart, le vétéran aguerri du groupe, campe un Germont de taille et son « Di Provenza il mar il suol » lui a valu un beau succès. Certains, ce soir-là, découvraient, émerveillés, La traviata. Pari gagné pour les organisateurs ! Bravo aussi aux ingénieurs du son : la sonorisation, nécessaire en ces lieux ouverts à tous les vents, a été réalisée avec finesse, ne dénaturant en rien la beauté des voix.