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VERDI, Otello – Rome

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Spectacle
21 juin 2024
Le vieux lion rugit encore

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Drame lyrique en quatre actes composé par Giuseppe Verdi
Livret de Arrigo Boito, d’après le drame de William Shakespeare
Création le 5 février 1887 à la Scala de Milan

Détails

Mise en scène
Allex Aguilera

Décors
Bruno de Lavenère

Costumes
Françoise Raybaud Pace

Lumières
Laurent Castaingt

Vidéos
Etienne Guiol & Arnaud Pottier

 

Otello
Gregory Kunde

Desdemona
Roberta Mantegna

Emilia
Irene Savignano

Iago
Igor Golovatenko

Roderigo
Francesco Pittari

Cassio
Piotr Buszewski

Lodovico
Alessio Cacciamani

Montano
Alessio Verna

Un araldo
Fabio Tinalli

Chœur et orchestre du Théâtre de l’Opera de Rome

Chefs des chœurs
Ciro Visco

Direction musicale
Daniel Oren

Théâtre de l’Opéra de Rome, dimanche 9 juin 2024, 16h30

Pour parler d’une prestation de Gregory Kunde, commencer par s’étonner de la longévité du chanteur relève dorénavant du stéréotype. Enfonçons donc le clou pour souligner l’exploit que représente le fait de chanter ainsi Otello à 70 ans. Gregory Kunde n’a pas pour lui une gloire passée suffisante pour éclipser des interprétations qui seraient dorénavant indignes, et c’est l’une de ses grandes qualités que d’avoir réussi à se réinventer régulièrement dans de nouveaux répertoires, et de continuer à y apporter une singularité certaine, alors même que ses moyens sont aujourd’hui entamés. On l’entend ce soir dans un premier acte où il s’économise visiblement (« Esultate ! » initial vraiment timide), mais qui lui permet de raffiner le duo d’amour, sans toutefois réussir à contrôler suffisamment un vibrato envahissant. Au fur et à mesure que le personnage est gagné par la jalousie et que la voix du ténor se chauffe, son chant se fait plus sauvage et emporté, tout en étant habile à jouer des contrastes pour impressionner par un port de voix ou un effet théâtral saisissant, une seconde après avoir couvert un aigu difficile. La composition est tellement assumée, fait une utilisation tellement intelligente de ses moyens actuels (qui restent fort estimables) qu’on en vient à penser qu’elle a été écrite ainsi.

© Fabrizio Sansoni

Pour lui faire face, Roberta Mantegna est une Desdemone qui ne triche pas, forte de moyens impressionnants. Certes le timbre n’est pas remarquable et les aigus forte sont acides et perçants, toutefois le reste de l’émission est particulièrement soigné, ce qui lui permet de livrer une chanson du saule toute en subtilité et une prière sur le souffle très émouvante.

Le Iago d’Igor Golavatenko ne se hisse pas à ces hauteurs : la voix porte bien et l’acteur est investi, mais son « Credo » manque de tranchant et le traitre est plus grimaçant qu’effrayant. Ce méchant sans équivoque peint par Boito et Verdi devrait être ravageur, il est cet après-midi seulement solide. Tout comme le reste de la distribution qui, sans démériter, ne marque pas non plus lors de ses brèves interventions.

On a d’abord été déçu par la tempête assez poussive de l’orchestre (les cuivres à peine audibles) et du chœur de l’opéra de Rome (« Fuoco di gioia » plus goguenard que fascinant) : c’est dimanche après-midi et ça s’entend. Heureusement, Daniel Oren reste un très bon chef d’opéra et réussit à galvaniser progressivement ses troupes pour les emmener dans le drame avec plus de conviction. L’arrivée de l’ambassade de Venise rutile avec toute la pompe cataclysmique requise et la myriades d’effets dont Verdi a émaillé sa partition sonne avec précision sans être clinquante. On ne reprochera guère au chef de contribuer souvent au manque de brillant de l’orchestre en les tempérant trop, pour ne pas couvrir les chanteurs.

La mise en scène d’Allex Aguilera n’apporte par contre que peu de satisfaction. Situant toute l’action au centre de la cour bordée d’arcades d’un palais renaissance, elle se limite à une direction d’acteur très illustrative. Les entrées se font le plus souvent par la rampe et l’escalier métalliques qui fendent la cour, quelques vidéos (fort répétitives) de vagues, puis d’ombres humaines qui se croisent, tentent d’animer un plateau assez statique. Et ce ne sont pas les rideaux, contribuant au camaïeu de gris, qui se déploient petit à petit qui ajouteront du sens : on pensait qu’ils symbolisaient l’aveuglement grandissant d’Otello, mais ils se détachent subitement lors de son suicide, et non lors de la révélation de la machination par Emilia. Seul le traitement de Desdémone étonne, mais négativement : loin d’être une frêle victime, celle-ci essuie avec véhémence et dédain le baiser félon qu’Otello lui donne en la traitant de courtisane, bonne idée. Mais pourquoi la faire mourir sur le ventre, noyée la tête dans la cuvette ? La pose est vraiment peu esthétique et rend ses dernières paroles hors de propos.

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Drame lyrique en quatre actes composé par Giuseppe Verdi
Livret de Arrigo Boito, d’après le drame de William Shakespeare
Création le 5 février 1887 à la Scala de Milan

Détails

Mise en scène
Allex Aguilera

Décors
Bruno de Lavenère

Costumes
Françoise Raybaud Pace

Lumières
Laurent Castaingt

Vidéos
Etienne Guiol & Arnaud Pottier

 

Otello
Gregory Kunde

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Emilia
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Ciro Visco

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Théâtre de l’Opéra de Rome, dimanche 9 juin 2024, 16h30

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