LE SALON MUSICAL DE PAULINE VIARDOT
EN COLLABORATION AVEC LE PALAZETTO BRU ZANE – CENTRE DE MUSIQUE ROMANTIQUE FRANCAISE
Programme
Pauline Viardot : Cancion de la Infanta (texte anonyme)
Gioachino Rossini : « Assisa al pié d’un salice » (Otello, III, 1 ; livret de Berio di Salsa)
Frédéric Chopin / Pauline Viardot : Aime-moi (Transcription de la mazurka ; texte de L.Pomey
Frédéric Chopin : Zai (Transcription de l’étude op.10 n°3 ; texte de M.Jozefowicza)
Franz Liszt : Liebestraum (Transcription du nocturne S 541 ; texte de F.Freiligrath)
Pauline Viardot : Hai lulli (ttexte de Xavier de Maistre)
Pauline Viardot : Zeklinanie (Texte de A.Pouchkine)
Charles Gounod : « O ma lyre immortelle » (Sapho, III ; livret de E.Augier)
Christoph W. Gluck / Hector Berlioz : « Che faro senza Euridice » (Orfeo, III ; livret de Calzabigi)
Gabriel Fauré « Chanson du pêcheur » (Texte de Théophile Gautier)
Camille Saint-Saëns : « Mon cœur s’ouvre à ta voix » (Samson et Dalila, II ; livret F.Lemaire)
Svetlana Novikova, mezzo-soprano
Pierangelo Piran, piano
Carlo Vitali, musicologue
Vicenza, le 6 juin 2010
Viardot “alla russa”
En préambule aux représentations de la version de Don Pasquale arrangée pour Pauline Viardot, les Semaines Musicales de Vicenza proposaient un concert autour du salon de la célèbre cantatrice. Présentées par Carlo Vitali, les principales étapes de sa longue vie et en particulier ses rencontres les plus marquantes avec l’élite musicale de son temps, autant d’occasions de faire entendre des pièces extraites d’œuvres par elle composées ou interprétées.
Pierangelo Piran fournit le support instrumental, avec discrétion, efficacité et sensibilité. Svetlana Novikova, mezzo-soprano plutôt clair, chante avec goût, évite de poitriner et ne force que rarement une voix homogène. Cependant la justesse est parfois approximative, le suraigu difficile, comme dans l’extrait de Sapho et la prononciation du français largement perfectible, malgré une application évidente. Et pourtant quelques pièces donnent au concert sa raison d’être, comme le deuxième Chopin ou le Liszt. Ayant plus d’affinités avec le polonais et l’allemand, la musicalité de la cantatrice russe n’est plus entravée, et elle s’épanouit avec le texte de Pouchkine. Pauline Viardot, inspirée par la Russie où elle a séjourné et où elle a noué avec l’écrivain une intimité étroite, écrit une musique vibrante de l’émotion passionnée de ce poème tendu comme un arc et préfigure merveilleusement la veine mélodique d’Onéguine. Alors Svetlana Novikova devient une interprète captivante, et la reprise en bis à la fin du concert confirmera l’impression qu’il s’agit là de son véritable répertoire.
La vie de Pauline Viardot, sa carrière, ses relations, ses dons, ses créations, ont bien de quoi susciter l’intérêt à travers conférences et concerts. On ne peut que se réjouir que de telles manifestations maintiennent vivante la mémoire de celle qui ne cessa de surprendre ses contemporains, même après son retrait des scènes, créant à soixante ans, en privé certes, la Dalila de Saint-Saëns et composant une Cendrillon à près de quatre-vingt trois ans !
Maurice Salles