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WAGNER, Götterdämmerung – Berlin (Deutsche Oper)

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Spectacle
28 mai 2024
Il ne faut jurer de rien

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Troisième journée du cycle Der Ring des Nibelungen
Musique et livret de Richard Wagner

Création le 17 août 1876 à Bayreuth (Festspielhaus)

Détails

Mise en scène, décors
Stefan Herheim
Décors
Silke Bauer
Costumes
Uta Heiseke
Video
Torge Møller
Lumières
Ulrich Niepel
Dramaturgie
Alexander Meier-Dörzenbach
Jörg Königsdorf

Siegfried
Clay Hilley
Gunther
Thomas Lehman
Alberich
Jordan Shanahan
Hagen
Albert Pesendorfer
Brünnhilde
Ricarda Merbeth
Gutrune
Felicia Moore
Waltraute
Annika Schlicht
1st Norn
Lindsay Ammann
2nd Norn
Karis Tucker
3rd Norn
Felicia Moore
Woglinde
Lea-ann Dunbar
Wellgunde
Karis Tucker
Floßhilde
Lindsay Ammann

Chor der Deutschen Oper Berlin
Chef des chœurs
Jeremy Bines
Orchester der Deutschen Oper Berlin
Directeur musical
Sir Donald Runnicles

Berlin, Deutsche Oper, dimanche 26 mai 2024, 16h

« It ain’t over till the fat lady sings » – autrement dit :  il ne faut jurer de rien. L’expression, inspirée à nos voisins d’outre-Manche par la dernière scène du Crépuscule des dieux, peut s’appliquer à cette dernière journée du Ring au Deutsche Oper. Après nous avoir brimbalé de voiles en valises, Stefan Herheim déjoue les pronostics en bouclant la boucle. Le brasier allumé par Brünnhilde à la fin de l’opéra enfante un piano posé en majesté au centre de la scène. Les dieux cèdent la place au théâtre et à la musique. Tout peut recommencer. A défaut d’une note d’intentions explicite, telle est notre interprétation, parmi d’autres. L’intérêt de ce type de mise en scène n’est-il pas de permettre à chacun d’y projeter son propre univers et ses propres interrogations ?

Finalement, ce que l’on retiendra de cette Tétralogie, c’est moins le fond – les messages dissipés dans l’accumulation de symboles, parfois abscons – que la forme – la fluidité du mouvement pensé en fonction de la musique, comme chorégraphié ; l’ingéniosité de la plupart des effets ; la beauté de certaines images ; la lisibilité du récit et le respect de ses grandes lignes.

Le dernier épisode du cycle ne fait pas exception. Les valises sont entreposées au Walhalla, le palais des Gibichungen déporté dans le foyer du Deutsche Oper, ainsi que dans la salle – ce qui amoindrit l’impact du rêve de Hagen mais nous vaut au deuxième acte une entrée des vassaux en fanfare. L’un des points forts scénique de cette dernière journée est l’envergure dramatique donnée à Gunther et Gutrune, trop souvent remisés au rayon des utilités. Le frère et la sœur sont moins des marionnettes dans les mains de Hagen que des êtres trop humains dépassés par les enjeux d’un monde encore inféodé aux règles divines.

© Bernd Uhlig

De l’interprétation musicale ressort la battue orageuse de Donald Runnicles. Une constante dans les quatre épisodes. Nul mieux que le chef d’orchestre écossais pour monter le volume au maximum de sa puissance dès que la partition l’y invite. Le Walhalla s’effondre à grand fracas. Le double accent de la Marche funèbre de Siegfried tombe comme un couperet implacable, ou plus exactement comme l’épée de Hagen tranchant la tête du héros mort – une image saisissante. L’irruption martiale du choeur au deuxième acte, harangué par le rejeton d’Alberich, fait froid dans le dos. L’Orchestre du Deutsche Oper est une Koenigsegg Gemera aux deux mille trois cents chevaux qui voudrait parfois plus de sensibilité. Comme dans les deux premiers épisodes, au contraire du troisième, le chef d’orchestre privilégie la violence aux brumes évanescentes, le bruit des armes au fil mystérieusement déroulé par les Nornes. Mais ce parti-pris ne s’exerce jamais au détriment des voix. Au contraire l’attention portée aux chanteurs durant les quatre opéras est une autre constante à porter au crédit de la lecture musicale.

Pour règle également tout au long de la saga, l’avantage pris par les seconds rôles sur les premiers, à l’exception de Clay Hilley, Siegfried exceptionnel dans cette troisième journée, à l’égal de la deuxième, éblouissant de jeunesse, de vaillance, de clarté, soucieux aussi d’expression et donc de nuances – ce dont se dispensent bon nombre de ténors accaparés par les difficultés de la partition. Comme dans La Walkyrie, Riccarda Merbeth veut du temps pour prendre le contrôle d’une voix à son meilleur sur les cimes de la portée. L’aigu jaillit, cingle et transperce quand le reste s’avère plus aléatoire, la ligne fluctuante, le grave souvent inaudible. Mais il y a chez cette Brünnhilde, combinées à la bravoure, une volonté et une présence qui sont des signes distinctifs des grandes titulaires du rôle. Annicka Schlicht, Waltraute superbe et altière dans ses implorations ; Albert Pesendorfer, Hagen effrayant de noirceur, de puissance et de méchanceté ; Thomas Lehman et Felicia Moore, Günther et Guntrune, sains, solides dans leur « normalité » scénique ; Lindsay Ammann, Karis Tucker, Felicia Moore et Lea-ann Dunbar, Nornes puis Filles du Rhin (pour les deux premières), fluides et musicales  : tous distribués avec la même pertinence dans d’autres rôles au cours du cycle, apposent sur ce Ring berlinois un label de qualité.

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Troisième journée du cycle Der Ring des Nibelungen
Musique et livret de Richard Wagner

Création le 17 août 1876 à Bayreuth (Festspielhaus)

Détails

Mise en scène, décors
Stefan Herheim
Décors
Silke Bauer
Costumes
Uta Heiseke
Video
Torge Møller
Lumières
Ulrich Niepel
Dramaturgie
Alexander Meier-Dörzenbach
Jörg Königsdorf

Siegfried
Clay Hilley
Gunther
Thomas Lehman
Alberich
Jordan Shanahan
Hagen
Albert Pesendorfer
Brünnhilde
Ricarda Merbeth
Gutrune
Felicia Moore
Waltraute
Annika Schlicht
1st Norn
Lindsay Ammann
2nd Norn
Karis Tucker
3rd Norn
Felicia Moore
Woglinde
Lea-ann Dunbar
Wellgunde
Karis Tucker
Floßhilde
Lindsay Ammann

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Orchester der Deutschen Oper Berlin
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Berlin, Deutsche Oper, dimanche 26 mai 2024, 16h

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