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Forum Opéra LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE
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5 Questions
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[ Janvier 2006 ] |
Nicolas Chalvin
Il y avait les représentations de Lucio Silla avec Jonathan Darlington, qui n’a pu faire la dernière, et comme j’étais assistant dans la fosse on m’a demandé d’assurer cette dernière. Je suis devenu assistant de Armin Jordan et c’est à partir de là que j’ai entamé cettee collaboration avec François-Xavier Hauville. La rencontre avec Jordan a été déterminante : je l’avais invité à un concert, avant mon premier spectacle d’opéra, justement cette production de Véronique. Les
chefs sont forcément dans leur carrière mais certains
prennent aussi le temps de songer à la relève. Et
c’est une chance formidable de débuter dans ces
conditions, parce qu’on ne peut pas parler de cursus de direction
d’orchestre, même si il y a des écoles comme chez
les russes ou les finlandais ; ce qui est formateur c’est
vraiment de faire de la fosse. Mon passé de hautboïste
m’a appris ce qu’est le métier de musicien
d’orchestre, c’est une remise en question permanente, un
apprentissage pour savoir ce que l’on peut demander en niveau
d’exigence, de comprendre la psychologie de groupe d’un
orchestre. On ne peut comprendre tout cela qu’en situation. Pour
moi cela a été chance formidable, mais aussi que ce se
soit bien passé. En général je fais les choses du
mieux que je peux sans me soucier trop de l’environnement. Quand
on est jeune et qu’une chance pareille est offerte… Et en
même temps j’ai bien compris comment Kovacevich avait pu
être malheureux. La pression ? Forcément il faut
être au mieux, on ne veut pas décevoir, ce que je retiens
c’est que j’ai beaucoup appris avec cette
expérience. Après, ce qu’on dit… Votre
collègue de Forum Opera, j’ai failli lui écrire
pour le remercier car ce qu’il a écrit, franchement... Oui,
c’est vrai, je demande en général tout cela. Dans
certains répertoires comme Véronique il faut rester
alerte, maintenir une texture transparente. Une musique comme
celle-là il faut la rendre légère, vive, claire,
mais aussi respecter les moments poétiques. Il est important en
musique de trouver de la poésie. Aller toujours vers un esprit
de musique de chambre, dans beaucoup de répertoires. Mais en
fait, je n’avais pas imaginé un jour diriger Messager, ou
comme je vais le faire un Donizetti (Rita
à Rennes). C’est une affaire de circonstances.
J’avais comme tous les jeunes chefs des rêves de Wagner,
Mozart, mais pas Donizetti, Messager. Je
n’ai pas de modèles comme chefs. Ce n’est pas
à moi de le dire, et il est trop tôt. J’ai encore
tellement à apprendre, à découvrir. Mais des chefs
que j’admire, oui, il y en a, beaucoup, tous les grands. Emettre
une critique sur un grand chef, d’ailleurs, c’est un peu
comme émettre une critique sur le goût de la truffe dans
tel ou tel restaurant…. Ça reste de la truffe ! Des
gens comme Abbado, Haitink, Davis, Barenboim, Kleiber… Ceux dont
on parle ont leur place, c’est tout. Il faudrait parler d’exemples précis. Il faut relire la dramaturgie, pour la comprendre, et le risque d’excès va autant dans le conservatisme que l’avant-gardisme. C’est un problème de rapport avec le temps présent : un chef-d’œuvre est intemporel, et ça marche dans les deux sens : si c’est un chef-d’œuvre, il doit pouvoir fonctionner transposé à notre époque, oui, mais aussi gardé dans son contexte d’origine. En
fait le problème n’est pas dans un rapport de temps
à l’ouvrage, mais dans le rapport entre la scène et
la musique : il ne doit pas y avoir de lutte, et cela
nécessite un metteur en scène qui comprenne la musique
avant toute transposition. Je suis sûr qu’on peut aimer et
détester le même spectacl, du côté du public,
selon la façon dont on est prêt à le recevoir. Il
faut éveiller le public mais ne pas rester dans
l’abstraction. Il y a des excès oui, d’ego, ou de
convention, ou on confond la mise en scène avec une simple mise
en espace ; le personnage doit exister. Cosi
si c’est bien dirigé peut se passer partout, mais les
choses, à l’intérieur, sont immuables et doivent
être dites. Moi j’ai eu beaucoup de chance en
général avec les metteurs en scène, je n’ai
pas eu à gérer de contradictions insurmontables. De
toute façon le plus important ce sont les chanteurs. Il faut
d’abord les aimer, les mettre dans les meilleurs dispositions
possibles, ce sont eux qui sont exposés, pas les chefs, pas les
metteurs en scène. Ils portent tout. C’est mon état
d’esprit. Propos recueillis par Sophie Roughol (Janvier 2007) _____ Lire aussi > la critique de Véronique de Messager à Nancy |
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