(5 Questions)
[ Spetembre
2006 ]
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Laura Polverelli
La
Dorabella entendue à l’Accademia Santa Cecilia a
confirmé ce que le monde lyrique devrait commencer à
comprendre : la voix de Laura Polverelli n’est plus celle
d’un contralto baroque, mais d’une mezzo soprano charnue et
ardente. Jalon majeur dans l’inflexion de carrière que
cela lui permet d’envisager : en novembre, elle sera Carmen
à Trévise.
Pourquoi délaissez-vous le répertoire baroque où vous vous étiez illustrée ?
Ma voix change. Je me suis
rendu compte que les emplois graves où l’on me distribuait
dans le répertoire baroque étaient mauvais pour ma voix.
J’ai adoré travailler avec Christophe Rousset ou Fabio
Biondi. Mais vocalement, cela ne m’a pas réussi. Ma voix
se trouvait décalée, comme aigrie.
Vers quel type de rôles pensez-vous évoluer maintenant ?
Je dois dire
qu’évoluer n’est pas facile. Non pour des raisons
vocales, mais en raison de la vision qu’ont de vous les
professionnels et le public. Je me sens fortement
étiquetée « baroqueuse ». Je
voudrais sincèrement échapper à cette
classification, qui n’est pas exacte. Mais c’est difficile.
Raison sans doute pour laquelle ma carrière aujourd’hui
est essentiellement italienne. Pour répondre à votre
question, disons que je me sens bien dans le contraltino rossinien,
comme Cenerentola, Rosina, la Donna del Lago – œuvres que
je chante beaucoup. Dorabella me va très bien. Je l’ai
abordée il y a dix ans, et il n’est pas une année
sans que j’y revienne.
Au-delà des enjeux vocaux, c’est tout un changement d’esthétique qui s’impose à vous.
En effet, on ne m’attend
pas dans les rôles et chez les compositeurs vers lesquels je me
dirige. On se dit : elle va les faire
« baroqueux ». J’ai pourtant
démontré, je crois, que je peux et que je sais chanter
Bellini, Donizetti et même Il Crociatto in Egitto de Meyerbeer et
Dulcinée dans le Don Quichotte de Massenet ! Je compte
franchir un pas décisif avec cette Carmen à venir
à Trévise !
Carmen qui possèdera sans doute cet impact physique qu’on vous a vu dans Dorabella…
Ce qui me plaît dans ce
type de répertoire, c’est précisément
l’engagement physique qu’il requiert. Dans le
répertoire baroque, il y a toujours quelque chose de très
stylisé qui freine le corps. Or j’adore incarner au sens
propre du terme. Disons que je tenterai de donner à cette Carmen
le plus de présence physique possible.
Qu’aimeriez-vous qu’on vous propose ?
Définitivement, Adalgisa
et Roméo. C’est mon rêve. Cela achèverait, je
crois, la métamorphose : j’aurais accompli ma
mue !
Propos recueillis par Sylvain Fort
Voir aussi ...
Site dédié à Laura Polverelli (Discographie, Agenda..)
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