D’une
rencontre avec cette artiste singulière entre toutes, les mots
échouent à traduire l’essentiel : une
présence électrisante, une énergie à peine
contenue qui vous cloue d’abord sur votre siège, et ce
regard intense, magnifique, presque farouche, qu’il faut
apprivoiser avant de retrouver ses esprits. Après avoir
amené les rossiniens à écouter et à aimer
Vivaldi, puis Gluck, Cecilia Bartoli est peut-être en train de
décoincer les baroqueux, de les convertir au belcanto romantique
en révélant ses trésors de délicatesse.
Il
y a quelques années, elle complétait le questionnaire de
Proust pour Le Monde de la musique (n° 259, novembre 2001). Deux
réponses m’avaient particulièrement frappé.
Son principal trait de caractère ? La détermination.
Le don de la nature qu’elle aimerait avoir ?
L’ubiquité. En termes d’image, elle est sur le point
de l’obtenir : pubs, télévisions, radios,
quotidiens, revues, webzines, rayonnages pharaoniques, la cantatrice
romaine est partout ! Elle paie de sa personne comme jamais et
sillonne l’Europe pour promouvoir son nouvel album, livrant à la curiosité du
public quelques objets de sa collection Malibran. Le maelström
d’images, d’extraits sonores et de slogans qui nous
submerge est étourdissant. Les cyniques ricanent, mais la
caravane passe. Personne n’est dupe, à commencer par
l’intéressée. Certes, son périple l’a
conduite en Belgique sur les traces de Maria, au cimetière de
Laeken et à la maison communale d’Ixelles,
installée dans l’hôtel particulier où elle
retrouvait Charles de Bériot et leur fils. Mais il faut la voir
raconter à un parterre de journalistes comment elle a
déniché à Paris une pipe à l’effigie
de la diva romantique avant de s’écrier, mi-amusée,
mi-ironique: « C’était déjà le
merchandising ! » L’admiration n’entame en
rien son esprit (critique).
Cecilia Bartoli est une femme abondante, comme disait Victor Hugo
à propos de la Malibran. Les similitudes sont d’ailleurs
plus nombreuses qu’il n’y paraît. Leurs fortes
personnalités fascinent mais peuvent aussi déranger,
rebuter, exaspérer. Leur voix, leur maniera di cantare, uniques,
inimitables, ne font pas l’unanimité et rien n’est
plus légitime – l’amour a ses raisons et ne se force
pas. Mais gare aux procès d’intention ! Les Cassandre
ont déjà perdu le leur, qui assimilaient le jeune mezzo
italien à un produit de marketing et lui prédisaient une
carrière météorique. Oui, Cecilia Bartoli est une
femme déterminée, voire péremptoire, mais la
sincérité de son engagement ne souffre pas de doute. A la
scène comme à la ville, elle est habitée,
transfigurée par une force de conviction hors du commun.
D’aucuns la disent vénale, calculatrice ;
d’autres épinglent son impulsivité, son agitation
incessante. A la vérité – si tant est que le mythe
vivant puisse se déchiffrer –, la chanteuse incarne une
nature à la fois réfléchie, perfectionniste et
incandescente, dévorante. Dualité ou plutôt
complémentarité d’une native du Gémeau (4
juin) ? La clé réside peut-être dans son
ascendant. Françoise Hardy devrait lui faire son thème
astral ! Impatiente (son principal défaut), en pleine
ébullition (son état d’esprit), Cecilia confiait
encore au Monde de la Musique que le fait militaire qu’elle
admirait le plus était « le jour où, à
treize ans, j’ai cessé de me ronger les
ongles… ».
* *
*
Pavarotti a dit un jour qu’il ressentait une grande joie de vivre
et que le public s’identifiait à lui pour cette raison et
non pas seulement pour sa voix ou pour la musique. N’est-ce pas aussi
cette vitalité, ce rayonnement qui explique votre communion
exceptionnelle avec le public ?
Quand j’ai entendu la voix de Pavarotti en live – parce que
j’avais grandi avec ses disques – je me suis dit : ce
n’est pas possible, Dieu existe ! Je n’avais jamais
entendu une voix aussi belle, ensoleillée. Il avait ce don, mais
savait aussi s’en servir avec un grand naturel. J’ai
reçu également le don de la voix, mais j’ai surtout
la passion pour la musique. Ce n’est pas suffisant d’avoir
une voix, il faut vraiment aimer la musique, c’était le
cas de Pavarotti. J’essaie de suivre ma passion et mon
instrument. Comme chanteuse, j’ai commencé avec le
belcanto, puis je me suis dirigée vers le répertoire
classique et même baroque. Peut-être que les gens aiment ma
façon de servir la musique. Chaque artiste interprète la
musique d’une façon différente.
On parle beaucoup de sa virtuosité, mais vous avez un autre
point commun avec la Malibran. Ernest Legouvé la comparait
à Franz Liszt et les considérait tous les deux comme des
«artistes qui font avancer l’art, parce qu’ils
cherchent toujours, qui aiment l’obstacle, qui en ont besoin, qui
le créent quand il n’existe pas. »
N’est-ce pas aussi ce goût du risque et de la recherche qui
anime vos projets ?
Oui, c’est le goût de l’aventure, mais
c’était aussi à son époque une femme
très anticonformiste. Quant à moi, j’ai choisi un
répertoire qui avait été longtemps oublié
et qui n’était pas courant dans les années 90.
Commencer comme rossinienne puis aller vers la musique de Salieri et de
Vivaldi, c’était un choix peu conventionnel.
Il fallait oser…
Oui, mais on ose quand on croit vraiment au message que porte la
musique, quand on croit avoir quelque chose à partager. Il y a
des parallèles entre la Malibran et moi, y compris dans la
vocalité. C’était un mezzo presque contralto, or,
on a toujours cru qu’elle était soprano : c’est
faux ! La Malibran, comme Giuditta Pasta, avait presque une voix
de contralto. Elle a commencé avec le rôle de Rosina, qui
était joué à cette époque-là par des
mezzos et à un diapason 430, que nous avons utilisé pour
ce disque, avec les instruments d’époque. Elle chantait
aussi Tancredi, Arsace dans Semiramide, Romeo (I Capuleti ed i
Montecchi)… C’était un instrument incroyable,
très flexible, mais le timbre était vraiment celui
d’un mezzo presque contralto.
Elle aimait bien se lancer dans des joutes amicales avec d’autres
virtuoses comme Paganini ou Thalberg. Allez-vous défier Maxim
Vengerov ou Lang Lang le 24 mars prochain à Pleyel ?
Oui, je l’espère ! Elle l’a fait avec de grands
instrumentistes, mais aussi avec un castrat, Velluti. [Rires] Et
ça je ne pourrai plus. Le 24 mars, l’idée du
récital du matin est vraiment de lui rendre hommage en
recréant un peu le Paris du dix-neuvième siècle,
avec Lang Lang et Maxim Vengerov, dans le rôle de Bériot
[Rires], je pense, plutôt que Paganini. Dans le Mendelssohn, il
chante véritablement avec son instrument.
C’est un magnifique dialogue qui se noue avec la voix…
Oui, Mendelssohn a vraiment écrit ce dialogue pour un couple.
Bériot, c’est le véritable et seul amour de la
Malibran.
Avez-vous visité le lieu magique où, selon la comtesse
Merlin, Maria a déclaré son amour à Bériot,
le château de Chimay ? Il abrite un splendide petit
théâtre, véritable écrin pour la voix.
Non. Mais de la comtesse Merlin, j’ai dans ma collection un
cadeau que lui avait fait la Malibran : une tarentelle
qu’elle lui a dédiée en 1831.
A propos de ses mélodies, une partition intrigue dans votre
collection, parce que son titre évoque le côté
femme-enfant, tendre et entier, de la Malibran, c’est
« La voix qui dit je t’aime ». C’est
un titre désarmant de fraîcheur et de candeur.
C’est un titre extraordinaire, oui, tout comme la qualité
de la musique, car la Malibran avait vraiment un grand potentiel comme
compositrice. Sa mort, si jeune – à 28 ans –, ne lui
a pas donné le temps de se développer comme compositrice,
parce qu’elle était avant tout la grande chanteuse de son
temps, la pop star de son temps. C’était ça une
diva au dix-neuvième siècle : composer, chanter,
jouer trois instruments, broder comme par exemple le tissu qui couvre
cette table qui est retournée chez sa sœur, à Paris
[Cecilia Bartoli montre le tissu brodé de sa main qui couvre la
table en marqueterie autour de laquelle se fait l’interview].
Elle disait que le secret de sa santé vocale tenait à son
petit-déjeuner : des huîtres et du porto
allongé d’eau. Vous avez essayé ?
[Rires] Non, je n’ai pas essayé : je n’aime pas
les huîtres, c’est ça le problème ! Non,
au petit-déjeuner, c’est toujours un cappuccino.
Et vous ne prenez pas un verre d’amarrone avant le concert ?
Non, surtout pas, plutôt après ! Il faut quand même avoir un peu de lucidité [rires].
Beaucoup ont été surpris en découvrant que vous
alliez chanter La Sonnambula à Baden-Baden, mais en fait vous
vous y intéressez depuis longtemps, vous en chantiez
déjà un large extrait lors d’un concert avec
Neville Marriner au Carnegie Hall en 1994.
[Rires] J’étais jeune alors ! Mais les gens ne
doivent pas être surpris, il n’y a pas de surprise. La
première Sonnambula, c’était Giuditta Pasta, un
autre mezzo. La question qu’il faut se poser, c’est
plutôt pourquoi elle a été chantée
jusqu’à maintenant par des sopranos. Dans ce disque
préromantique, on s’est concentré sur
l’orchestre d’époque et nous sommes revenus au
belcanto par le classique, c’est de là qu’il vient
et non du melodramma et du vérisme. Il faut oublier ça,
et penser au passage de l’ère classique à
l’ère préromantique. La Malibran avait
chanté avec Velluti, elle connaissait la voix et la technique
des castrati, et elle l’a réinventée,
réincarnée en quelque sorte. Nous avons travaillé
avec les autographes pour essayer de retrouver ces sonorités
oubliées. Oubliées pourquoi ? Parce que
c’était joué avec des instruments modernes,
énormes, des orchestres de 80 musiciens.
Bellini avait arrangé I Puritani pour la Malibran, mais elle
n’a pas eu le temps de le chanter et ce n’est qu’en
1986 que cette version dont vous livrez un air sur votre album a
été créée, mais, une fois encore, par un
soprano !
Dans une lettre, Bellini évoque la version d’I Puritani
pour la « mezzo-soprano Maria Malibran ». Sa
ligne est écrite trois tons plus bas que la version pour
soprano. C’est sûr que cette Elvira me tente, mais
même la Sonnambula – nous venons de l’enregistrer
avec Juan Diego Florez –, vous savez, c’est rarissime
d’entendre Amina chanter dans les concertati la ligne qui est
écrite, en fait, dans le centre de la voix, puis reprise par
Elvino qui chantait une tierce plus haut. Beaucoup de sopranos ont pris
la ligne du ténor, plus aiguë et confortable pour elles. Ce
sera intéressant de voir ce que ça donne avec Thomas
Hengelbrock à Baden-Baden.
Et c’est Alessandro De Marchi qui vous dirige dans
l’enregistrement, avec, j’imagine, des instruments
d’époque ?
Absolument, avec la Scintilla. Nous avons vraiment suivi
l’autographe de Bellini, et ses dynamiques : cela aussi, on
l’a oublié, quand Bellini écrit piano, pianissimi,
sotto voce, c’est ainsi qu’il faut le chanter même si
cela ne fait pas partie de la tradition des années 50-60.
Tant pis pour la tradition !
C’est vous qui dites cela, ce n’est pas moi ! [Rires]
Cette « tradition » a du bon, parce que quand
Callas a repris Il Pirata et même Norma et bien d’autres
ouvrages, ils étaient oubliés, c’est grâce
aux grandes chanteuses, aux grandes divas de cette époque que ce
répertoire est revenu à la scène. Mais ils
l’ont quand même adapté à la vocalité
de soprano lirico-dramatico de Callas, puis à la Sutherland. Il
faut les remercier, mais je crois que maintenant le public est
prêt à faire le voyage pour retourner aux sources de la
Norma et de la Sonnambula de Bellini.
Et, pour en venir à votre fondation, le public est sans doute
prêt aussi à ce que des compositeurs fassent comme Rossini
et Bellini avec leurs contemporains : qu’ils écrivent
pour vous ?
C’est ça l’innovation dans la tradition, finalement.
Je suis un peu jalouse de la Malibran et surtout de la Pasta, qui a
créé les plus grands rôles de Bellini.
C’étaient les pop stars du dix-neuvième et les
artistes pop d’aujourd’hui ont des auteurs qui
écrivent pour eux.
Vous avez une idée des compositeurs auprès desquels vous voudriez passer commande ?
Pas vraiment encore. Bien sûr, il y a de grands compositeurs
aujourd’hui (Boulez, Henze, Rihm, Gruber…), mais
j’espère pouvoir aider de jeunes compositeurs, le but de
la fondation est de les soutenir afin qu’ils écrivent pour
les voix classiques d’aujourd’hui.
Personnellement, de quel compositeur du passé auriez-vous aimé être la muse ?
C’est difficile de vous répondre !
Un ou deux compositeurs…
Entre Mozart ou Rossini… Mozart sûrement. Je suis aussi
jalouse de Nancy Storace [Rires]. Là aussi, sa vocalité
est intéressante. Suzanna est toujours chantée par une
soprano, or son rôle est entièrement écrit dans une
tessiture centrale, et si vous pensez que Nancy Storace a aussi
chanté l’air avec piano obbligato « Ch’io
mi scordi di te » KV 505, vous comprenez qu’elle
n’avait pas une voix très étendue. Elle
possédait certainement une couleur magnifique, dans le
médium grave.
Tout ce travail autour du répertoire de la Malibran vous
éloigne du Primo Seicento que vous vouliez également
approfondir. A une époque, vous parliez de Poppea comme
d’un rêve…
Oui, et c’est toujours un rêve. Comme c’est un
rêve de faire un autre opéra de Haendel, j’ai
chanté Giulio Cesare, je viens de faire Semele, mais
j’aimerais beaucoup chanter par exemple Alcina ou Agrippina.
Poppea est un rôle dramatiquement très intéressant,
mais musicalement, elle n’a pas beaucoup, j’ai
l’impression qu’Ottavia chante plus.
N’avez-vous pas chanté Monteverdi avec Claudio Abbado ?
Oui, mais c’était seulement le lamento d’Arianna.
Vous avez mis de côté le projet Farinelli, mais vous ne l’avez pas abandonné ?
Mais vous savez, j’ai tellement d’envies, je suis un peu un
ouragan, un volcan d’idées ! Il faut que
j’arrive à les réaliser. Cette tournée
européenne, le musée mobile, avec des objets de la
Malibran que je collectionne depuis 14 ans, pour retrouver
l’esprit de la Malibran qui était toujours en voyage et a
chanté dans je ne sais combien de villes, c’est un projet
que j’avais envie de réaliser, un projet ambitieux,
difficile, et voilà, j’y suis, on fait
l’interview… [Rires]
Le prochain, on verra…
Des fans, sans doute impatients, ont utilisé votre voix dans
l’air de Broschi « Son qual nave che
agitata », que vous avez donné en concert, et
l’ont collée sur des images du film
« Farinelli » à la place de la BO.
Ah bon !? C’est sympathique, je savais qu’ils avaient
utilisé deux voix pour le film, un contre-ténor et un
soprano, avec un computer…
Oui, mais on entend le passage d’une voix à l’autre…
Je ne sais pas, mais de toute façon, c’est une sorte de
folie [Rires] C’est sûr que je voudrais continuer à
interpréter la musique baroque. Opera proibita, avec ses airs de
Haendel, Caldara et Scarlatti, c’était aussi un projet
autour de la musique chantée par les castrats.
Pour en revenir aux objectifs de votre fondation, il ne suffit pas
d’avoir une belle voix pour inspirer un compositeur, il faut
avoir de la personnalité. Or, vous regrettez souvent la
globalisation qui touche la formation des chanteurs : nous avons
de très bons techniciens, mais qui sont lancés sur le
marché sans avoir développé leur
individualité. Est-ce que votre fondation pourrait faire quelque
chose ?
Oui, l’idée est d’aider les artistes, pour
l’instant ce sont les compositeurs, mais il n’y a pas de
barrières, s’il y a des chanteurs dont la fondation pense
qu’ils ont du potentiel…
Parce qu’on ne peut pas non plus créer un ouvrage lyrique
seulement autour de vous, à moins d’écrire de
nouveaux monologues comme La Voix humaine, il vous faut des
partenaires ?
La fondation ne cherche pas des compositeurs pour moi, mais en
général, pour les chanteurs d’aujourd’hui. Je
suis aussi une chanteuse d’aujourd’hui, mais j’ai une
carrière, je suis là depuis longtemps, je pense à
la nouvelle génération. J’ai l’espoir de
soutenir de jeunes musiciens.
Vous parliez de la Pasta tout à l’heure, on a dit que la
Malibran était sa rivale avant d’être celle de la
Sontag, elles avaient de véritables partisans,
aujourd’hui, ressentez-vous les mêmes partis pris au sein
du public, des pro-Bartoli, etc. ?
Je pense qu’il y a d’abord un public pour le baroque, le
classique, le mélodrame, le vérisme, etc. Je suis surtout
étonnée de voir qu’il y a une nouvelle
génération qui aime la musique baroque. Grâce
à des personnalités comme Harnoncourt, Herreweghe,
Hogwood, Christie, Minkowski, ce répertoire a pu renaître
avec des instruments d’époque. Mais on a
l’impression qu’on s’arrête un peu, qu’on
ne continue pas dans cette voie en jouant les instruments
utilisés à l’époque de Bellini. Avec ce
disque, nous expérimentons, finalement. Il y a très peu
de gens qui le font, je sais que Jacobs vient de le faire avec
Tancredi, il y a aussi Spinosi, Hengelbrock…
On a l’impression que c’est plus difficile dans le
répertoire lyrique que dans la musique instrumentale… Les
réticences sont vraiment plus fortes ?
Oui, c’est curieux. Quand on pense à ce répertoire,
on est conditionné par les chanteuses des années 50-60.
Mais je pense que le belcanto romantique a des chances de
renaître également.
Parce qu’elle est charnelle, intime, la voix touche plus le
public que n’importe quel autre instrument, elle
déchaîne les passions. N’est-ce pas ce qui explique
les réactions plus difficiles du public quand on touche à
la tradition d’interprétation à laquelle il est
habitué dans Rossini et Bellini ?
Je me pose la question, mais peut-être pas finalement. Il faut
faire pour la musique préromantique ce qui a été
fait pour la musique baroque. Il y a un public qui est prêt,
grâce au travail des pionniers.
Cela fait plus de vingt
ans que vous chantez, l’air de rien, n’êtes-vous pas
aussi une pionnière ?
[Rires] J’ai commencé très tôt, oui. Avant,
les artistes commençaient vraiment jeunes, alors
qu’aujourd’hui, les « jeunes »
artistes ont déjà trente-cinq ans. C’est bizarre,
comme cela a changé. Quand on pense à la Berganza,
à la Caballé. Elles avaient vingt ans, vingt-deux ans.
Aujourd’hui, cela semble plus difficile, on prend moins de
risques, on attend... C’est un peu dommage.
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