Un
timbre de contralto, déjà rare en soi, avec en prime un large
ambitus couronné d'aigus brillants, c'est un don qui se mérite
?
Qui se travaille ! (Rires).
Pour le mériter, il faut le travailler. Quand je suis arrivée
chez mon professeur, il n'a pas été décidé
comme ça que j'étais alto. J'avais un timbre intéressant,
la musicalité était là. Mais je me rappelle très
bien que je formais le son, je l'assombrissais volontairement, sans que
je ne m'en rende compte. Nous avons travaillé l'égalité
du son, la simplicité, la vraie nature du timbre, sans l'assombrir,
ni l'éclaircir, ce qui demande beaucoup de travail. Vous parliez
de l'ambitus et bien justement, le préjugé à propos
du contralto, c'est qu'à partir du fa, du fa dièse, l'aigu
soit petit et coincé. Or, le fait que la voix soit naturelle, comme
un instrument, égale partout, libre, me permet d'avoir un fa, un
sol très à l'aise, très dégagé. Cela
en surprend plus d'un, on me dit alors : "Vos aigus sont bons, donc vous
êtes mezzo". Tant mieux si mes aigus sonnent bien, mais je n'ai pas
encore ceux d'un mezzo...
Qui a besoin de si...
Tout à fait, qui en
vocalise doit avoir un contre-ut, mais aussi un superbe si bémol.
Et j'en suis loin, peut-être que j'y arriverai un jour, je n'en sais
rien.
Tout ce que je sais, c'est
que maintenant je cultive la voix comme elle est, j'essaie qu'elle soit
saine, égale, cette technique me permet aussi de faire plus de couleurs,
parce que je ne suis pas emprisonnée dans une façon d'émettre
le son [Et d'imiter un contralto qui poitrine outrageusement et noircit
son timbre] pour bien sonner comme un contralto. Je peux faire plein de
couleurs et m'amuser !
Comme dans le récital
Brahms que vous avez enregistré cet été ?
Oui, parce que Brahms n'est
pas seulement dur, il y a beaucoup d'argent - parfois je vois des couleurs
- l'argent, le mauve (la couleur de la mort), le doré aussi dans
l'opus 91[ Zwei Gesänge], le premier est très doré,
l'autre... c'est comme du cachemire ! [Rires]
On sait que vous aimez
beaucoup chanter la Rhapsodie pour alto, mais comment est né
cet album ?
J'ai toujours aimé
Brahms, j'avais par exemple déjà donné Les Quatre
Chants sérieux en tournée avec les Jeunesses Musicales,
vingt-sept fois pour être précise. Je les ai beaucoup mûris,
ça restait un rêve de les graver. Je devais faire un tout
autre programme avec orchestre, mais le projet est tombé à
l'eau. Analekta voulait toujours que je sorte un disque, c'était
pour moi la meilleure occasion d'insérer mon programme Brahms, qui
pouvait être prêt dans les temps. J'avais donc souvent fait
et refait l'opus 91 et les Chants sérieux, j'ai voulu ajouter
des cycles complets : j'ai eu un coup de foudre pour l'opus 86, écrit
pour voix grave, puis j'ai choisi l'opus 69, très éclectique,
éclaté, du jeune Brahms avec des textes bohémiens,
espagnols, slovaques, etc., un multiculturalisme qui offre autant de possibilité
de couleurs et de personnages et apporte une touche plus légère
au disque, dont le fond est plus sombre.
Le répertoire d'alto
peut sembler de prime abord assez limité, mais le "baroque" n'est-il
pas une vraie mine d'or pour une voix comme la vôtre ?
Tout à fait. Je vous
avoue que je connaissais mal le répertoire vocal de Vivaldi - évidemment
j'ai fait le Stabat Mater, c'est une pièce qui me berçait
depuis mes débuts au conservatoire [Voir discographie] - mais je
ne connaissais pas ses opéras. C'est avec Jean-Christophe [Spinosi]
que j'ai découvert son univers lyrique, qui finalement me touche
beaucoup. J'ai eu de la chance de le découvrir avec Jean-Christophe,
qui a compris, je crois, Vivaldi. Chez Vivaldi, une pièce peut-être
vraiment inintéressante et ennuyeuse, du moins, quand on la lit
froidement, on peut se dire : "Mais il n'y a rien là-dedans !" Mais
si on cherche et si on trouve le fil conducteur, ça peut devenir
génial. C'est extrêmement stimulant de se dire : voilà
une pièce, qu'est-ce que Vivaldi a voulu dire ? C'est vraiment un
coup de foudre ! Sans parler des rôles cadeaux que Haendel a écrits
pour les contraltos, de Bach : être l'alto dans la Passion selon
saint Matthieu, mais c'est le bonheur, ce sont les plus beaux airs
! C'est un immense répertoire, c'est vrai que par comparaison, Verdi
et Puccini... Puccini nous a un peu oubliés, tant pis pour lui !
[Rires].
Le rôle d'Orlando
est tout de même ardu et colossal. Comment l'avez-vous abordé
?
C'est vrai. D'abord, il faut
situer le contexte : ce fut quasi un remplacement de dernière minute,
à trois semaines du concert. Je devais faire Bradamante, ce qui
était déjà pas mal, on m'appelle et on me dit : "Voulez-vous
prendre Orlando ?" J'ai répondu oui, tout énervée,
j'ai regardé la partition et j'ai dit oui, c'était un premier
rôle. Après, je me suis demandée ce que j'avais fait.
J'ai rappelé et j'ai
dit : "je refuse", on m'a dit non, qu'il fallait qu'on discute, et on a
discuté [Rires]. Finalement, je l'ai fait. Premier point positif
du rôle : Orlando a, au début, trois airs ; deux sont les
plus beaux de l'opéra, c'est un cadeau, d'autant qu'ils sont, vocalement,
bien écrits. Mais après, il n'y a plus d'airs pour Orlando,
et c'est toute l'intelligence de Vivaldi : la folie s'installe, la douleur,
les déchirements, pour lesquels il a écrit des scènes
de récit entrecoupées d'ariosos avec orchestre, c'est donc
excessivement théâtral. Face à ce récitatif,
le défi est là : il faut l'être, fou, il faut devenir
fou et le transmettre dans la musique, il faut jouer, sinon, si on ne le
vit pas, le public s'endort, car l'oeuvre peut alors être d'un ennui
mortel. En même temps, en n'écrivant plus d'airs, Vivaldi
laisse au chanteur la possibilité de jouer à fond la folie,
il faut qu'il devienne fou et, en même temps, que cela soit contrôlé,
coordonné avec l'orchestre, le chef... C'est superbement écrit,
mais si ce n'est pas mis en place, ça tombe... C'était ma
peur, il fallait qu'on travaille et que j'ai la même idée
que le chef : pour les récits, il faut savoir où on s'engage
tous les deux. Ca devait peut-être arriver, c'est peut-être
le destin, mais je suis tombée sur Jean-Christophe Spinosi : c'est
comme si c'était mon jumeau musical, on pense la même chose,
on a la même vision ! Il m'expliquait "Je vois les choses comme ça",
je chantais, et il me disait : "C'est exactement ça". C'est évidemment
précieux. Je ne suis pas seule, nous sommes deux Orlando. Jean-Christophe
devient aussi fou que moi, c'est très fort. C'est pour ça
que j'ai pu le faire avec lui.
Le fait de succéder
à Marilyn Horne vous a-t-il intimidée, stimulée ?
Un mélange des deux,
mais j'ai essayé de ne pas trop écouter son enregistrement.
Je l'ai écouté une fois, sans les récits, parce que
je voulais avoir mon univers. Je les ai écoutés après,
j'ai vu le DVD aussi. C'est intimidant et ça ne l'est pas, j'essaie
de ne pas y penser. Je respecte beaucoup Marilyn Horne, mais je crois que
nous sommes très différentes dans notre approche musicale,
dans notre vision. C'est très bien comme ça. On sait le travail
fou qu'elle a fait pour le baroque ; mais c'est aussi mieux pour moi, d'un
autre côté, que cet opéra n'a jamais été
repris depuis, il y a moins de comparaisons possibles [Sourires].
L'ouvrage est tellement
riche et beau, nous pourrions en avoir trois, quatre versions...
Il y a plein de visages de
la folie, on a aussi des milliers de versions de Giulio Cesare,
mais ce n'est pas grave, chacune apporte quelque chose. L'important, c'est
de faire connaître cette oeuvre qui est superbe et très complète
: il n'y a pas un personnage noir ou blanc, tous sont complexes et se développent.
Tous les personnages changent leur vision des choses, c'est formidable
! Par exemple Alcina : au début, elle incarne la dame, fière,
mais elle se détruit progressivement. Elle a un des plus grands
airs de l'opéra, Così potessi anch'io : là
on la comprend, pendant huit minutes, on voit que, au fond, c'est une femme
âgée, qui est juste amoureuse de l'amour, qui veut aimer encore.
On voit toute la tristesse de cette femme qui fait boire des poisons, qui
ensorcelle les hommes pour qu'ils soient amoureux d'elle et, le pire, c'est
qu'elle y croit ! Ca me donne la chair de poule, c'est tellement actuel
: combien de femmes se font remonter le visage, gonfler les seins pour
que leurs maris les regardent encore, elles savent très bien qu'ils
les regardent juste parce qu'elles se sont fait remonter le visage, mais
elles y croient en même temps. Ce sont des sentiments universels
et intemporels. Orlando, lui, incarne l'homme convaincu de sa force [Marie-Nicole
Lemieux gonfle les biceps], excessif, qui croit que tout l'univers
lui appartient, qui aime, qui aime tant, c'est un gourmand de la vie, qui
a une confiance aveugle en la vie et une vision manichéenne du monde.
Son Angelica, s'il l'aime, c'est parce qu'elle est divine, c'est la meilleure,
la plus fine. Il se fait trahir et sa réaction ne peut qu'être
excessive, proportionnelle à la dimension du personnage : il se
détruit complètement et, dans sa détresse, il détruit
aussi le pouvoir d'Alcina, mais sans s'en rendre compte. C'est très
intéressant, sans parler des autres personnages, qui évoluent
aussi.
On peut dire que c'est
une oeuvre qui nécessite plusieurs lectures ?
Oui, tout à fait,
il y a même des musiciens de l'orchestre qui disent qu'ils ne comprennent
toujours pas [Rires].
Parmi les voix graves
féminines que le Canada nous a révélées, figurent
Huguette Tourangeau et Maureen Forrester. Vous ont-elles, d'une façon
ou d'une autre, influencée ?
Maureen Forrester, oui, c'est
vraiment une de mes idoles. Ses premiers enregistrements m'ont vraiment
marquée : quand je l'ai entendue pour la première fois, je
me suis dit que c'était comme ça que je voyais la musique.
Dans quelle oeuvre ?
Un Orfeo, la version
française de 1762, mais en fait un mixte des versions italienne
et française, comme on le faisait à l'époque. Après,
ce fut un disque avec, sur une face, les Quatre Chants sérieux
de Brahms et sur l'autre, les Wesendonck-Lieder avec piano, ces
derniers sont des bijoux. J'ai ensuite été bercée
par la cantate 54 de Bach, avec un orchestre tchèque. Quand j'ai
découvert ça, j'ai été deux jours sur mon petit
nuage ! Sinon, pour moi, il y a son Chant de la Terre avec Fritz
Reiner... Je l'écoutais et je me sentais proche de cette voix, comme
avec Christa Ludwig. Ce n'est pas de la prétention, mais je me retrouve
dans ce genre de voix-là, alors que je ne me sens pas du tout dans
la vocalité de Kathleen Ferrier, que j'aime bien par ailleurs. Je
me reconnais dans ces voix-là, je me sens des affinités avec
ces deux chanteuses. Je n'en parlais évidemment pas à mon
professeur, puis un jour, elle m'a dit que je lui rappelais Maureen Forrester,
avec évidemment d'autres qualités, en indiquant que ma voix
tendait vers le contralto. Cela faisait un an et demi qu'on travaillait
ensemble. Maureen Forrester m'a beaucoup influencée par sa musicalité,
ses interprétations m'inspirent toujours. Ce sont des gens humbles
par rapport à la musique, mais qui la chantent vraiment, qui la
vivent. Il y a aussi un vieux microsillon avec les Zigeunerlieder
et les Frauenliebe un - leben, superbe ! Dans ces années-là,
les années 60, tout ce qu'elle a fait est beau, je n'ai rien à
redire [Rires].
Certaines de vos consoeurs
n'hésitent pas à quitter à une production parce qu'elles
sont en désaccord avec la mise en scène, voire avec la direction
musicale...
Des fois, elles sont aussi
carrément mises à la porte, parce qu'elles n'ont pas le physique
du rôle, par exemple Deborah Voigt [Rires et moue réprobatrice]...
De manière fort
peu élégante, effectivement ; vous vous dites justement la
jumelle musicale de Jean-Christophe Spinosi, imaginez que vous tombiez
sur votre contraire, sur ,votre antithèse musicale, comment réagiriez-vous
?
Je m'adapte, c'est la magie
de la musique. Je me considère surtout plus comme une instrumentiste
que comme une chanteuse. Je vais essayer jusqu'au dernier retranchement
de trouver le fil conducteur. Ca ne m'est jamais arrivé que cela
ne fonctionne vraiment pas avec un chef.
Et avec un metteur en
scène ?
Non plus. C'est arrivé
une fois avec une assistante metteur en scène. Non, au départ,
si le metteur en scène trouve que mon physique ne convient pas,
il n'a qu'à le dire et faire en sorte que je ne sois pas engagée.
Je n'ai pas encore fait beaucoup d'opéras, mais j'essaie, pour la
mise en scène, d'être hyper ouverte. J'aime jouer, j'aime
devenir, c'est pour ça que j'adore le récital, parce que
j'ai plein de personnages. J'adore jouer, je n'ai pas de pudeur et je me
lance. Je peux aller très loin, vraiment très loin quand
on me fait confiance.
Quel regard portez-vous
sur le microcosme lyrique, ses controverses autour de metteurs en scène
à la mode ou de directeurs, la médiatisation et la starification,
de plus en plus fulgurante, des chanteurs ?
Ce sont moins les chanteurs
que les metteurs en scène qui sont des stars, c'est ce que je vois
en tout cas. Mais je suis très contente de voir qu'il y a encore
des chanteuses stars : je suis ravie que Bartoli, Fleming soient des stars,
parce que cela veut dire qu'on parle de la musique.
Mais l'opéra n'est-il
pas aussi, comme la variété, victime du marketing qui fabrique
de toutes pièces des stars ?
C'est le danger, oui. Mais,
dans les années 60, l'espèce de rivalité que l'on
a créée entre Callas et Tebaldi, a servi le monde de l'opéra.
C'est vrai que les gens étaient sans doute plus intéressés
par le personnage de Callas que par la musique, mais cela a quand permis
de faire connaître Tosca ou Norma. Je trouve que c'est
bien que des gens aujourd'hui encore aient la Tosca, la Norma de Callas,
parce qu'elle les touche. C'est ainsi qu'ils peuvent découvrir la
musique. Cela ne me dérange pas, il faut parler de la musique, c'est
par la démystification qu'on peut sauver la musique classique. C'est
aussi en allant vers les jeunes, dans les écoles, pour leur parler.
Nous, les chanteurs d'opéra, nous ne sommes pas des snobs. La plupart
sont extrêmement sympathiques, extravertis. On n'en parle pas assez
! [Rires].
Nous parlions de Brahms
tout à l'heure, vous allez chanter dans quelques jours Les Nuits
d'été de Berlioz. Reynaldo Hahn est aussi à l'affiche
de certains de vos récitals. Avez-vous plus d'affinités avec
le lied ou avec la mélodie ?
Les deux. Les deux langues
que je préfère chanter sont le français et l'allemand,
vraiment, l'italien vient après le russe [Rires]. Cela surprend
bien des gens. La mélodie et le lied ont la même importance
à mes yeux, j'adore chanter Duparc.
C'est votre Brahms français
?
Tout à fait ! Et Berlioz
est mon Wagner français ou plutôt non, Wagner est mon Berlioz
allemand, parce que Berlioz l'a précédé. Quand on
écoute Roméo et Juliette, c'était avant Wagner,
mais Berlioz a été un incroyable visionnaire.
Et c'est aussi sensuel
que la musique italienne...
Non, pour moi c'est aussi
sensuel que Wagner, sa musique est excessivement sensuelle, excessivement,
je ne trouve pas la musique italienne tellement sensuelle, ce n'est pas
comme ça que je la vois. C'est drôle, non ? Quand je chante
Brahms, Duparc ou Berlioz, je le vis extrêmement sensuellement. Wagner,
pour moi, est vraiment hyper sensuel, c'est l'acte d'amour, par exemple,
le prélude de Tristan et Yseult, la fin du Götterdämmerung,
c'est très physique.
Peut-on dire que la musique
vous aide à vivre, pleinement, à vous réaliser ?
Je ne pourrais pas vivre
sans musique. Je suis contente de la carrière que j'ai, mais je
suis aussi consciente que c'est éphémère. Même
si je ne pouvais pas poursuivre cette carrière, je chanterais, de
toute façon, je serai dans des choeurs, je dirigerais une chorale.
C'est vraiment un besoin. Quand cela fait trois semaines que je ne chante
pas, j'étouffe. Quand je chante la Rhapsodie pour alto, Les
Nuits d'été, surtout des oeuvres très lyriques,
j'ai l'impression que là enfin je respire, et je me sens directement
connectée avec la terre, les pieds ancrés dans le sol.
Si vous pouviez rencontrer
un compositeur, quel serait votre choix ?
N'importe lequel ? Je n'oserais
même pas lui parler, mais il faudrait que je le voie : Mahler. Je
l'aime énormément... Juste le voir.
Quel rôle, quelle
partition rêvez-vous d'interpréter un jour ?
Sans limite, le rêve
absolu ?
Oui ?
Isolde. C'est pas gagné
du tout ! [Rires]
En tant qu'artiste, vous
sentez-vous investie d'une mission, d'un rôle particulier dans la
société ? Vous sentez-vous dans la réalité
?
Oh oui ! Le fait de savoir
que le métier est éphémère vous permet de rester
les pieds sur terre. Il faut savoir que quand vous chantez, ce n'est pas
la fin du monde. Vous n'allez pas faire souffrir la moitié de l'humanité
parce que vous donnez un concert ! Je crois, d'après ce que je vois,
que tout ce que je peux faire, c'est soulager, j'essaie de donner pour
un peu soulager, un peu, même une seule personne. Comme citoyenne,
avec ma musique, c'est tout ce que je peux faire. C'est terrible en même
temps, car je me dis parfois que ce sont des plaisirs coupables : on soulage,
mais on a du plaisir à donner, les gens vous disent merci, mais
merci aussi de me laisser chanter ! Les gens ont du plaisir à voir
que vous avez du plaisir. C'est fou !
Si vous n'étiez
pas musicienne, que seriez-vous ?
Animatrice, probablement
dans une émission de radio : avoir des invités, discuter,
poser des questions. A une époque, si je n'avais pas eu le chant,
j'aurais aimé être optométriste, dans les sciences...
Mais j'aimais trop parler. Animatrice, j'aurais aimé ça.
Ou agent d'immeubles [Rires]. Parce que j'adore les maisons, les visiter.
Quels sont les projets
les plus excitants qui se profilent à l'horizon ?
Mes débuts au Staatsoper,
dans Le Retour d'Ulysse, et à la Monnaie, dans le Couronnement
de Poppée, avec Jacobs, en 2006. Des nourrices (Ericlea et Nutrice),
mais j'aime mieux commencer par de petits rôles. Je n'ai pas encore
chanté à la Monnaie, sur scène du moins. Il y a d'autres
projets dans l'air, des Geneviève, Les Troyens (Anna), Orfeo,
Rodelinda
(Eduige) à Toronto.
Et au disque ?
C'est en discussion. Il y
a des Passions et des Messes. Je suis chanceuse. On me laisse attaquer
sur tous les fronts. [Rires].
Et le répertoire
russe ?
Oui, j'aimerais drôlement
chanter La Dame de Pique (Paulina), Eugène Onéguine
(Olga), l'opéra russe fait aussi partie de mes projets. Alexandre
Nevsky aussi. Le répertoire russe, c'est un autre volet de ma personnalité
[Rires]. J'aimerais beaucoup aussi faire un disque de mélodies russes.
A ce propos, n'avez-vous
pas déjà chanté avec Ewa Podles, qui se consacre aussi
à
ce répertoire ?
Oui, dans Giulio Cesare,
elle chantait le rôle-titre et j'étais Cornelia, il y avait
aussi Daniel Taylor, en Tolomeo, Isabelle Bayrakdarian, en Cleopatra...
Je suis supposée rechanter avec Ewa Podles d'ailleurs. Nous sommes
deux contraltos, mais c'est la rencontre de deux univers parallèles.
C'est vraiment autre chose, un vrai feu d'artifices sur scène !
C'est aussi une femme très forte, très gentille, professionnelle,
qui sait ce qu'elle veut, très prudente avec sa voix.
Bruxelles,
8 novembre 2004
Propos recueillis par
Bernard Schreuders
Prochain concert
Paris, Châtelet
14 novembre 2004, 11 heures
Avec Gérard Caussé,
alto et direction
Et l'Orchestre de chambre
national de Toulouse
Weber : Andante et Rondo,
Op. 35
Berlioz : Les Nuits d'été
Mendelssohn : symphonie
n° 3
Discographie sélective
Brahms (nouveauté)
Sechs Lieder, Op. 86 ; Neun
Gesänge, Op. 69;
Zwei Gesänge, Op. 91
; Vier ernste Gesänge, Op. 121
Analekta
Avison, Scarlatti, Vivaldi
Salve Regina, Stabat Mater,
Concerti per archi
Analekta
Vivaldi
Orlando furioso
Naïve Opus 111
A paraître :
Haendel
Rodelinda
Deustche Grammophon (Archiv) |